Analyse De Mme De Merteuil

, le calcul fourbe, voire la cruauté effrontée (lettre V). Son despotisme est souligné par Valmont (lettre IV). Dans la lettre XXXIII, sa volonté de puissance est mise en valeur, ainsi que sa détermination.

Le point de vue de l’énonciation est interne car chaque personnage s’exprime à la première personne sous forme de lettres. On a alors le ressenti et les sensations de chaque personnage. Chaque est auto-décrit ou se fait décrire par son correspondant.

Mme de Merteuil est plutôt un « anti-héros ». Ce personnage est atypique, mais il rappelle fortement Tartuffe (personnage principal de « Tartuffe » de Molière). Baudelaire le décrit ainsi : « Tartuffe femelle, Tartuffe de mœurs, Tartuffe du XVIIIe siècle », « chez qui tout ce qui est humain est calciné ».

Premièrement, la Marquise de Merteuil se permet de juger les autres femmes avec dédain.

Cécile est « gauche » et même si elle a été tentée d’en faire l’éducation elle la range finalement dans la catégorie des « machines à plaisir » (106). Tourvel n’a « nulle expression » et bien qu’elle lui reconnaisse une certaine force, elle ne souffre pas la comparaison.

Mme de Merteuil se pense unique en tant que femme : « ne me confondez plus avec les autres femmes » (85). D’ailleurs, elle opère une classification de celles-ci dans la lettre 81 et rares sont celles qui trouvent grâce à ses yeux puisque la marquise stigmatise toujours leur impuissance contrairement à elle qui est omnipotente. A l’égard des hommes, elle n’est pas plus sympathique.

Elle blâme Gercourt qui « n’est qu’un sot ». Le seul avantage de son mari a été son côté pratique qui lui a permis de se livrer à ses expérimentations. Chez Danceny, elle souligne la jeunesse et dit à Cécile que « c’est un de ces hommes qu’on a quand on veut et tant qu’on veut ». Il n’y a donc que Valmont qu’elle estime, du moins tant qu’il reste son complice.

Mme de Merteuil est l'emblème du libertinage, elle est condamnée à l'exclusion sociale. Le mal du libertinage est dénoncé au travers de ce personnage tout comme la société qui ne protège pas les esprits faibles. Choderlos de Laclos condamne la frivolité et l'hypocrisie de son temps.

Laclos, tout au long de son œuvre nous fait le portrait d'une femme fascinante, « corsetée » dans son orgueil démesuré mais qui réfléchit sur sa condition de femme. Laclos fait finalement l'histoire d'une femme seule.

Personnellement, ce personnage m’a intrigué dans ses démarches perverses. Je n’irais pas jusqu’à ressentir de l’empathie envers ce dernier. Mais, comme pour Meursault dans « l’étranger » d’Albert Camus, Mme de Merteuil est un personnage étranger. Ici à la sensiblerie des autres. J’ai finalement trouvé la Marquise pathétique au sens propre du terme lors de la vengeance du vicomte.

En confiant les lettres à Danceny, il détruit tous les efforts de réputation de la Marquise. Elle subit ensuite une décadence physique car elle perd un oeil après une petite vérole. Ruinée, elle a perdue son procès et fuit seule en Hollande. Or, à cette époque, la Hollande est le pays des sorcières et des contes... Elle devient presque un personnage mythique. La fin du roman est énigmatique, car aucun des personnages ne la revoit. Il y a donc un mystère encore