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Globalisation Financière Et Développement Économique

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e les gendarmes monétaires du monde, le Groupe des Dix, la Banque des Règlements Internationaux ou le Fonds Monétaire International, donnent plutôt l'impression d'assister en spectateurs impuissants, ou même complaisants, aux agitations financières comme aux fluctuations erratiques des changes, se contentant éventuellement de réparer les dégâts, ou même parfois d'éviter des pertes aux spéculateurs. Tout comme le président de la Réserve Fédérale américaine déconseille toute législation sur ce sujet, estimant que le risque de perte est le meilleur moyen de renforcer la vigilance des opérateurs, le directeur du Fonds Monétaire International et le président de l'Institut Monétaire Européen ne cessent de répéter qu'il convient avant tout de "rassurer" les marchés financiers internationaux. Les autorités sont-elles dépassées par les événements, comme le donnerait à penser la crise du peso mexicain en janvier 1995 ou la faillite de la Barings en février 1995, ou sont-elles tout simplement victimes de l'idéologie actuellement dominante, selon laquelle "tout ce qui arrive est bien, il suffit de le vouloir" ? En fait, il ressort d'un certain nombre d'études et de rapports (entre autres : FMI, 1991, 1995 ; Lamfalussy, 1995) que, bien loin de voir dans le système financier mondialisé un élément de perturbation de l'économie mondiale, les organisations internationales le considèrent au contraire comme un facteur essentiel du développement économique mondial et en particulier de celui des pays actuellement sous-développés. Grâce à la globalisation financière, l'épargne mondiale privée serait rendue accessible à tous les pays, offerte à des taux réduits du fait de l'intensification de la concurrence et enfin orientée vers les emplois les plus urgents et les plus utiles, c'est-à-dire principalement vers les investissements dans les pays en développement. Si cette redistribution des ressources financières mondiales entraîne parfois des crises financières dans certains pays et des turbulences regrettables sur les marchés des changes, de telles perturbations ne seraient au fond que le produit inévitable des défaillances des politiques économiques, financières et monétaires de certains pays. Ces mouvements apparemment erratiques de capitaux sur les marchés financiers et

des changes ne feraient donc qu'exprimer le jugement objectif et parfaitement justifié de la communauté financière internationale sur les politiques des États, exactement comme les opérations en bourse traduisent le jugement des milieux financiers sur la gestion des entreprises et contribuent ainsi à l'amélioration de cette gestion ou même, dans les cas extrêmes, au changement de l'équipe de direction. Les milieux financiers internationaux se substitueraient ainsi aux parlements, apparemment défaillants, pour obtenir l'assainissement nécessaire de la gestion des Etats, voire même les changements de gouvernement souhaitables. Autrement dit, les marchés financiers internationaux ne seraient pas seulement des lieux de spéculation et d'enrichissement privés, ils exerceraient aussi une fonction d'utilité publique, d'abord en redistribuant de manière optimale les ressources financières mondiales et ensuite en contrôlant utilement les gouvernements dans l'intérêt du développement économique mondial.

Cette conception quasi officielle des organisations internationales, naturellement partagée par les milieux financiers privés, est-elle réellement fondée ? Est-elle confirmée par les premiers résultats de la globalisation et de la domination financière ? A-t-elle une justification intrinsèque au plan des principes ? N'y a-t-il pas lieu, au contraire, compte tenu des graves perturbations qu'elle ne cesse d'entraîner, de revenir sur la libéralisation absolue et de rétablir un certain contrôle des mouvements de capitaux ? DES RESULTATS PEU PROBANTS Il est hors de doute que l'insuffisance d'épargne nationale d'une part, la faiblesse de la politique économique d'autre part, constituent depuis toujours deux des handicaps les plus graves des pays en développement (Gendarme, 1963). Toute contribution à la correction de ces difficultés serait donc a priori souhaitable. Mais peut-on vraiment considérer que la finance internationale ait apporte jusqu'à présent une telle contribution au développement du Tiers-Monde ? En ce qui concerne tout d'abord la réallocation mondiale des ressources financières, il est frappant de constater que, si les investissements directs des sociétés multinationales ont joué depuis vingt ans un rôle très positif de redistribution du capital en faveur des pays en développement (avec un solde net d'entrées de 24 milliards de dollars de 1974 à 1990), il n'en est pas du tout de même pour les investissements de portefeuille et les opérations bancaires (avec un solde net de sorties de plus de 7 milliards durant la même période) (Kreditbank, 1992). La contribution des marchés internationaux de capitaux au financement des pays en développement n'est guère plus positive. Entre 1984 et 1992, elle est passée en valeur absolue de 32,6 à 47,3 milliards de dollars, mais elle a régressé en valeur relative de 16,5% à 7,7% de l'ensemble des appels à ces marchés (OCDE, 1994). La polarisation des mouvements de capitaux sur les pays développés -et en particulier les USA pour le financement de leur dette publique - s'est donc renforcée et ce en dépit d'une forte hausse absolue et relative des taux d'intérêt nominaux et réels dans les pays en développement, qui a naturellement accru leurs coûts financiers. Alors que, dans les années soixante et même encore soixante-dix, les pays développés finançaient systématiquement le déficit extérieur structurel des pays en développement, on a abouti entre 1985 et 1990 à la situation inverse. De plus en plus, les pays développés concentrent leurs investissements sur des "habitats préférés" qui sont généralement d'autres zones développées. Enfin, il est encore frappant de constater que les flux nets de capitaux sont généralement indépendants des soldes courants et que donc des pays à l’épargne intérieure excédentaire sont importateurs nets de capitaux, et inversement (BNP, 1995). On peut donc émettre des doutes sérieux sur l'efficience allocative de la libéralisation et de la globalisation financière en fonction des rendements comparatifs ou des pénuries relatives. Il est en tout cas difficile de prétendre qu'elles aient entraîné depuis vingt ans, ou même au cours des années récentes, une réallocation favorable au développement des pays moins avancés.

Il est vrai que la considération de l'évolution à long terme dissimule des fluctuations importantes C'est ainsi que, dans les années soixante-dix, les banques et les marchés ont d'abord, par recyclage des pétro-dollars, inondé inconsidérément de capitaux les pays en voie de développement consommateurs de pétrole, retardant ainsi les ajustements structurels nationaux et le rééquilibrage mondial entre l'offre et la demande de pétrole, puis les ont tout aussi brutalement délaissés à la première difficulté, la crise mexicaine d'août 1982 (Bourguinat, 1987). Depuis lors, ce sont surtout les nouveaux pays industriels de l'Asie du Sud-Est, de l'Amérique latine et de l'Europe de l'Est qui ont recouru à cette manne internationale, qui apparaissait de plus en plus illimitée au fur et à mesure qu'était instituée partout la libre circulation des capitaux. Pendant que la dette antérieure des pays en développement était péniblement amortie grâce à l'intervention tardive de pouvoirs publics nationaux et internationaux sur les conséquences de ce comportement irresponsable, c'est-à-dire grâce à une collectivisation rétroactive de dettes privées et publiques, une nouvelle bulle spéculative s'est ainsi automatiquement constituée et développée, par un quadruplement des flux de 1990 à 1993, souvent bien au-delà des besoins des pays émergents (Longueville, 1995), jusqu'à ce que la nouvelle crise mexicaine, toute récente, provoque à nouveau un reflux brutal des capitaux internationaux vers quelques pays "sûrs". Selon l'Institut de Finance Internationale de Washington, après l'emballement de 1993, les flux de capitaux privés vers les pays émergents vont connaître en 1995 une deuxième année consécutive de baisse et se tarir presque complètement en direction de l'Amérique Latine. Le Mexique devient décidément le tombeau des mirages et des illusions de la finance internationale ! A la sous-optimalité de l'évolution à long terme s'ajoute donc une volatilité à court terme qui, par sa capacité déstabilisatrice sur les taux d'intérêt et surtout sur les taux de change, introduit dans l'ensemble de l'économie internationale un surcroît d'incertitude et des coûts supplémentaires de couverture pour les entreprises, qui entraînent non seulement une perturbation des courants commerciaux mais aussi un risque d'irrationalité des flux d'investissements directs. L'appréciation excessive du dollar entre 1982 et 1985 ou la dépréciation excessive de la lire italienne depuis 1992 sont des exemples bien connus de cette spéculation déstabilisante, mais le phénomène affecte, à des degrés divers, toutes les monnaies, en particulier toutes celles de la vaste zone dollar, et donc la plupart des pays en développement. Ce n'est pas par hasard

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