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Finance Islamique

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hange en soi, toute transaction financière doit être adossée sur un actif tangible. La finance islamique interdit, enfin, l’investissement dans certaines activités économiques spécifiques (l’industrie du jeu d’argent, de l’armement, de l’alcool...). Si ces principes fondamentaux sont universellement partagés par tous les acteurs de la finance islamique, il n’en reste pas moins que, dans la pratique, leur interprétation et leur mise en œuvre sont loin d’être homogènes. Depuis les années 1970, les institutions financières islamiques se sont dotées d’un conseil spécialisé, le sharia board, composé de spécialistes en loi islamique qui valident la conformité aux règles du Coran des produits financiers proposés. Le caractère plus ou moins « islamique » d’un mécanisme financier n’est donc pas défini par des règles précises et immuables mais est déterminé par l’appréciation de ces sharia scholars. Il y a des différences d’interprétation des règles de la charia entre les pays. Ainsi, globalement, l’Arabie Saoudite se montre moins libérale que les pays d’Asie du Sud-Est ; le sultanat d’Oman interdit la finance islamique tandis que l’université d’Al-Azhar en Égypte a émis une fatwa autorisant les taux d’intérêt. Les frontières entre ces diverses positions sont, par ailleurs, instables. La création d’instruments islamiques de type obligataire (au cours des années 1980 en Malaisie) a été d’abord condamnée, puis copiée par les pays du Moyen-Orient. Cette hétérogénéité explique la diversité des instruments financiers proposés par les institutions islamiques. Toutefois, la majorité des financements intermédiés par ces organismes s’appuient sur deux principaux mécanismes : la murabaha et la musharakah. On peut comparer, de manière très imparfaite, ces deux techniques aux deux modes de financement qui existent dans la finance traditionnelle : la dette et le financement en fonds propres. Dans un contrat murabaha, le créancier (la banque) achète un actif qu’il revend par la suite au débiteur moyennant des paiements échelonnés sur une période donnée. Même si cette relation contractuelle rappelle singulièrement un contrat de dette classique, elle s’en distingue sur, au moins, deux points importants. D’un côté, la banque est, au départ, le propriétaire effectif de l’actif que le débiteur souhaite acquérir. De l’autre côté, il n’y a pas de référence explicite à un taux d’intérêt : le créancier se rémunère par le biais d’une commission (une majoration sur le prix d’achat du bien).

LA FINANCE ISLAMIQUE À LA CROISÉE DES CHEMINS

La musharakah de son côté est une technique de financement comparée, parfois, à une « joint-venture ». Les acteurs qui s’engagent dans ce type de relation contractuelle partagent autant les profits que les pertes potentielles du projet d’investissement au prorata de leur participation. Si cette deuxième technique est plus fidèle à la philosophie de la loi coranique, elle reste, pourtant, beaucoup moins utilisée. Graphique 1 Répartition de l’activité selon le type de produit (2005)

Autres 24 %

Murabaha 59 % Musharaka/ Mudharaba 17 %

199

Source : Vernimmen.net.

Deux phases de développement

Si le concept de finance islamique a une longue histoire (on peut tracer ses origines au VIIe siècle), le renouveau d’intérêt pour cette forme particulière de finance est, lui, relativement récent. La finance islamique « moderne » est véritablement née dans les années 1960 et a connu, depuis, un développement aussi spectaculaire qu’hétérogène. L’évolution de la nature et des objectifs de la finance islamique permet de distinguer deux grandes étapes dans son évolution : Les années 1960 - 1970 : la naissance Dès les années 1950, un petit nombre d’érudits et de scientifiques musulmans théorisent la possibilité de créer un système financier alternatif à la finance traditionnelle et conforme aux enseignements du Coran. Quelques années plus tard, cette idée va se matérialiser concrètement en inspirant la création du Pilgrims’ Administration and Fund (Tabung Haji) en Malaisie (1956) et l’expérience de Mit Ghamr en Égypte (1963). Ces deux premières expériences illustrent, d’ores et déjà, une spécificité qui marquera la finance islamique tout au long de son histoire : son hétérogénéité profonde.

REVUE D'ÉCONOMIE FINANCIÈRE

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En effet, si l’objectif affiché par les créateurs de Tabung Haji et de Mit Ghamr était le même (mettre en place des circuits financiers qui permettent de réduire l’exclusion bancaire et favorisent le développement des populations défavorisées tout en respectant la philosophie de la loi coranique), les deux expériences revêtirent des formes très différentes. Le Tabung Haji, impulsé et financé par les autorités publiques malaisiennes, était voué à investir les ressources collectées auprès d’un grand nombre de petits épargnants dans des grands projets industriels, agricoles ou de construction. Le développement de cette institution a été largement favorisé par la mise en œuvre d’une réglementation spécifique, même si elle a gardé une grande autonomie décisionnelle par rapport aux pouvoirs publics. À l’inverse, le Mit Ghamr, qui relevait d’une initiative entièrement privée, était composé de petites coopératives d’épargne/investissement qui opéraient dans les régions agricoles du nord de l’Égypte. L’objectif de leur fondateur, Ahmed al Najjar, était d’assurer l’intermédiation des ressources financières entre épargnants et petits investisseurs locaux. Ainsi, les premières institutions islamiques étaient caractérisées par une grande diversité d’origines (locales, nationales et, dans certains cas, internationales) et de structures, mais aussi par une convergence d’objectifs et de philosophie. Les résultats obtenus par ces premières banques islamiques ont été mitigés. Si certaines, comme le Tabung Haji ou l’IDB (Islamic Development Bank), créée en 1974, ont réussi à s’installer durablement, d’autres furent éphémères (les coopératives islamiques d’Égypte, qui ont toutes disparu en 1967, ou bien la BCCI, Bank of Credit and Commerce International, liquidée en 1991). En effet, ni les infrastructures existantes, ni la culture ne favorisaient, à ce stade, l’émergence d’une finance exclusivement basée sur le principe de « profit-and-loss-sharing ». De la fin des années 1970 à la fin des années 1990 : le renouveau de la finance islamique Malgré le succès tout relatif des premières expériences, la finance islamique a connu, au cours des deux décennies suivantes une poussée de croissance remarquable. Le renouveau religieux et les déboires des institutions financières « classiques » dans les années 1980 ont ressuscité l’intérêt pour cette forme de finance « éthique ». Certaines évolutions dans l’environnement économique ont également favorisé la prolifération de ces instruments financiers : - la structure des revenus des grands établissements de crédit s’est modifiée, le déclin des revenus d’intermédiation laissant une place de plus en plus grande aux commissions et autres types de revenus ; - le mouvement de libéralisation et de déréglementation a été accom-

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pagné par une accélération de l’innovation financière. Les progrès réalisés dans le domaine de l’ingénierie financière ont facilité l’élaboration de produits financiers qui intègrent les exigences de la finance islamique. Plusieurs facteurs semblent ainsi favoriser non seulement le développement de la finance islamique mais aussi l’interpénétration de plus en plus poussée entre la finance traditionnelle et la finance islamique. Cette deuxième phase dans le développement de la finance islamique est marquée par des mutations profondes dans le fonctionnement et l’organisation de ces institutions financières : elles se développent de manière plus diversifiée et plus décentralisée, à l’image du monde musulman. Si la « jeunesse » de la finance islamique a été dominée par un petit nombre de pays (essentiellement l’Arabie Saoudite, l’Égypte et le Pakistan), au cours des années 1980-1990, de nouveaux centres de finance islamique apparaissent, notamment dans certains pays de l’Asie du Sud-Est, mais aussi au sein des communautés musulmanes dans certains pays occidentaux. La finance islamique repousse aussi ses frontières industrielles : après s’être développée exclusivement sur le métier bancaire, elle commence à pénétrer de nouveaux marchés comme l’assurance ou les fonds communs de placement. De même, si l’idée d’origine est conservée - la conformité aux principes de la charia - les objectifs de ces institutions financières évoluent progressivement. Elles ne sont plus considérées comme un simple outil de développement mais acquièrent le statut d’intermédiaires financiers à part entière (avec comme objectif de maximiser leur profit). Sous l’impulsion d’une demande de plus en plus sophistiquée et dynamique, la finance islamique devient plus pragmatique et ses pratiques convergent progressivement avec celles de la finance traditionnelle. Parallèlement à cette convergence, les institutions financières revendiquent de plus en plus leur

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