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La femme - Jules Michelet

Commentaire de texte : La femme - Jules Michelet. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  21 Avril 2017  •  Commentaire de texte  •  2 597 Mots (11 Pages)  •  2 333 Vues

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La femme - Jules Michelet, 1859

        « Le mari doit protection à sa femme, la femme doit obéissance à son mari. »

                                                        Article 213 du Code Civil Français de 1804

        C’est le 21 mars 1804 que le « Code Civil des Français » est promulgué par le premier Consul Napoléon Bonaparte contenant 36 titres et 2281 articles. Il existe désormais une une loi en apparence commune à tous, régissant tous les rapport sociaux y compris le droit de la famille, indépendamment de toute considération morale, religieuse ou politique. En réalité, le Code Napoléon s’avère être une catastrophe pour les femmes,  qui ont pourtant été des actrices majeures et reconnues du plus grand nombre de la Révolution Française de 1789.

En 1848, la Seconde République est proclamée avec à sa tête Louis Napoléon Bonaparte élu au suffrage universel. En effet, cette même année le gouvernement provisoire avait déclaré électeurs tous les français âgés de plus de 21 ans. Ce premier suffrage universel marqua profondément le XIXème siècle, mais laissant une fois de plus les femmes à l’écart. A la fois rejetés du système judiciaire et politique, les femmes subissent aussi dans leur quotidien, l’omniprésence du système patriarcal. De nombreux écrivains et artistes de l’époque se sont intéressés aux femmes et ont écrits ou peint leur quotidien avec des points de vue plus ou moins différents.

Jules Michelet, né en 1799 et décédé en 1879, est l’un d’eux. Grand historien du XIXème siècle, il est connu pour son Histoire de France, son Histoire de la Révolution mais aussi ses grands essais et sa vision de la femme bien définie. C’est donc en 1859 qu’il publie son oeuvre « La femme » dans laquelle il ne compare la femme à l'homme que pour la montrer différente, et d'une autre nature. Cette oeuvre est un complément et un commentaire de son oeuvre précédente « L’amour ». Michelet était une autorité morale, un penseur, un philosophe, parfois appréciée, parfois critiquée et son essai est la traduction d’une volonté d’apporter son opinion clairvoyant sur un sujet d’actualité. Dans cet extrait, Jules Michelet dresse une définition, un code de la vie d’une jeune femme mariée à son époque s’adressant tantôt d’une manière générale, tantôt directement à un homme lambda du XIXème siècle.

        Selon cet extrait la femme telle qu’elle existe dans la seconde moitié du XIXème siècle se divise en deux parties : la femme en tant qu’épouse et la femme au sein de la société. La question se pose alors de déterminer quelle était la représentation et la place de la femme selon Jules Michelet pendant la seconde partie du XIXème siècle.

                        Le XIXème siècle était placé sous le signe du code civil, une expression juridique du pouvoir patriarcal. Dans la sphère privée, une jeune fille sera donc sous l’autorité de son père. Cependant, à partir du moment où elle s’unira par les liens du mariage avec un homme, elle sera sous la coupe de son mari et aura aux yeux de la société le statut de femme mariée.

        Par le mariage, « La femme de dix-huit ans sera volontiers la fille, je veux dire l’épouse docile d’un homme de 28 ou 30 ans. » (l.1-2) nous explique l’auteur. En effet, la plupart des jeunes filles se mariaient avant leur majorité et de surcroit, avec un homme plus âgé qu’elles. Le célibat au XIXème siècle pouvait être pour certaines femmes du XIXè siècle, un défi à la société, voire une décision politique car il était mal vu de ne pas être mariée à l’époque. La jeune femme passe donc par cette union de la mineure de son père à la mineure de son mari. En se mariant la femme abandonne tout son être, toutes ces convictions, à son mari en qui elle voit l’autorité patriarcale comme il l’est dit à la ligne 5-6 « Lui remettant sa personne ». Il est pour elle un gardien, qui la protège d’elle-même et des autres. Le mariage offre au mari un moment unique pour acquérir la femme tout entière, la retirer de toute autre influence, et la faire sienne pour toujours. L’homme est pour elle un modèle en qui elle doit tout donner sans peur. Dans « La femme » Michelet tente en réalité de donner l’image du mariage comme un acte d’union entre deux êtres qui se complète. L’homme sert d’appui à la femme et la femme l’écoute, apprend de lui. Jules Michelet écrit aux lignes 21-22 : « La responsabilité complète du développement de la femme repose sur celui qu’elle aime. »; traduisant de la complémentarité à laquelle il fait allusion : la femme aime et l’homme la développe.

        Autre que son statue de femme mariée, la femme du XIXème siècle n’est pas exempté de devoir. Le Code Civil de 1804 ayant formé un terreau fertile pour faire des femmes d’éternelles mineures aux yeux, non seulement de leur mari, mais aussi de la société en général. La femme « se fit à lui de tout. » (l.3), « croit tout ce qu’elle lui dit »  (l.5). En tant que femme mariée la femme a un devoir d’obéissance envers son époux, et ces mots sont d’ailleurs tirés du Code Civil, eux mêmes tirés de paroles de Saint-Paul et sont perçus comme l’exécution d’une autorité comme une autre. Louis Napoléon Bonaparte avait d’ailleurs décidé de rendre la lecture de ce texte publique lors de la cérémonie mariage afin que les femmes « n’oublient pas le sentiment de leur infériorité » mais aussi de leur rappeler toute la soumission qu’elle doive à leur mari, une fois l’union scellée comme l’explique Marcadée, qui a étudié le droit et a beaucoup écrit sur la jurisprudence, la législation et les droits civils pendant le XIXème siècle.

        La femme mariée est donc socialement reconnue en tant que possession de son susdit mari. L’union d’un homme avec une jeune fille est à la fois synonyme de protection pour la femme mais est aussi une forme d’élévation sociale pour l’homme selon Michelet. Il écrit à la ligne 12 : « Moment admirable pour l’homme ». Une gratification personnelle et sociale pour l’homme qui a travers l’union sacrée du mariage affirme son statut social d’homme marié. Il est celui qui va pouvoir à l’issu de leur union, « la refaire, la renouveler, la créer. » (l.14). Des termes qui traduisent de la vision particulièrement arrêtée du XIXème siècle selon laquelle la femme est un être dont les instincts naturels la pousse à être assignée à résidence et condamnée aux tâches domestiques qui conviennent le mieux à ces capacités en tant que femme. La femme du XIXème n’est donc rien sans mari et sans son foyer. La prise de  conscience de la puissance des moeurs, de l’importance du privé, du quotidien, de la famille en tant que statut social… tout cela a revalorisé le rôle des femmes en le sens qu’elles sont devenues à la fois plus indispensables mais aussi plus redoutables.

                Après leur importante participation à la Révolution Française de 1789, on a assisté à la répartition d’un phénomène de misogynie. Bien que peu utilisé au XIXème siècle - et utilisé comme adjectif pour bon nombres d’auteurs comme Michelet ou encore Baudelaire par les contemporains - le terme de misogynie qui traduit la peur des hommes envers ce sexe si différent d’eux, incompréhensible à leurs yeux, rusé et sournois. Sa place au sein de la société du XIXème siècle a donc été régit en fonction de cette peur.

        Charles Baudelaire disait « aimer une femme intelligente est un désir de pédéraste ». En effet, aimer une femme intelligente n’est pas monnaie courante au XIXème siècle. On aime davantage une femme docile et qui sait tenir son foyer qu’une femme cultivée. En effet, après la participation des femmes à la Révolution française, les hommes prennent peur, rejetant l’idée d’une éventuelle émancipation de la femme, peur qu’elles sortent de leurs rôles dit traditionnels et naturels, leur ambition d’accéder aux savoirs et aux pouvoirs.Cette peur à sa propre Bible : le Code Napoléon qui débute par un projet de loi interdisant les femmes d’apprendre à lire. C’est grâce à ce type de loi que les hommes réussissent à cantonner les femmes. Elles n’ont donc pas accès aux livres, mise à part les romans de préférence démoralisant qui lui enseignent l’ennui. Pour Michelet, la lecture a un impact négatif sur les femmes, et il écrit « Reste donc le livre vivant, la personnalité de l’homme » (l.29).  De la même manière que le père éduque sa fille, le mari en prend ensuite la charge: « Délivre-la de son néant (…), de ses misères de famille et d’éducation (l.15-16). L’homme doit la faire grandir, la développer et c’est lui qui se charge de son éducation. Or, Jules Michelet s’est marié une seconde fois en 1849 à Athénaïs Mialaret, une femme douée de certaines aptitudes littéraires, qui semblait davantage le stimulé l’écrivain, que sa première femme.
        De plus, comme il l’a été énoncé précédemment, la femme se remet entièrement à son homme et sa religion aussi. Il écrit à la ligne 7 « Elle lui remet aussi sa foi ». Une fois de plus, la femme donne à son mari qui reçoit, développe et améliore. En effet, la femme soumise s’abandonne aussi à la religion de son époux comme il est dit aux lignes 10-11 :« Ce que tu crois je le crois : Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu ». Pour Michelet, la femme est le dimanche de l’homme. L’homme est à la femme sa raison d’être, son salut. Seul l’épanouissement de son mari peut lui apporter le salut et c’est donc à travers son mari qu’elle répond à sa foi. Pour autant, et il l’est écrit aux lignes 22-23 « elle n’a plus de culture publique. Plus de grandes fêtes nationales comme celles de l’Antiquité. ». Pendant la période Antique, le système patriarcale prônait lui aussi et les femmes se voyaient exclues tout autant que les femmes du XIXème siècle. Cependant, à l’époque, de nombreuses fêtes étaient organisées en l’honneur de femmes et certaines exclusivement pour les femmes comme Bona Dea organisée en l’honneur de la fille du Dieu Faunus où l’on invoquait la fertilité et la santé féminine, ou encore Opalia, Divalia, Larentalia, autant de fêtes religieuses célébrée en l’honneur de déesses. Au XIXème siècle, il n’existe plus de fêtes en l’honneur des femmes. Seul le culte de la vierge Marie tend à atteindre des sommets. En dehors du domaine religieux la femme est toujours représentées en tant que mère. Pourtant on assiste à une démocratisation de la femme. En 1853 par exemple, le peintre Gustave Courbet peint « Les baigneuses » représentant deux femmes nues, se baignant librement dans une rivière en pleine nature, et qui sera unanimement attaqué.  

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