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Commentaire Sur Joal De Léopold Sédar Senghor

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« J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux ».

Senghor, devenu prophète, reçoit également la mission de guider le peuple noir. Et la Femme devient alors le symbole de la Négritude, des valeurs noires dont Senghor n’a eu une conscience claire qu’une fois arrivé en Europe: « au cœur de l’Eté et de midi », termes qui désignent des réalités européennes. L’harmonie imitative, obtenue par l’expression « du haut d’un haut col calciné » caractérisée par la double aspiration et l’allitération, suggère l’ascension difficile du mont qui fait perdre le souffle à cause des efforts répétés. On note également l’usage du présent de l’indicatif « découvre », « foudroie », venant se substituer à l’imparfait de l’indicatif « bandait », pour exprimer la soudaineté de la naissance de l’amour. De plus, l’idée se trouve renforcée par la double comparaison avec l’éclair et l’aigle, symboles de rapidité.

Ainsi, le coup de foudre que subit le poète devant la femme noire apparaît comme une allégorie évoquant la brusque prise de conscience de la Négritude en terre occidentale.

L’hexasyllabe qui ouvre la deuxième strophe est le modèle de ce que Senghor appelle une répétition qui ne se répète pas. Le dernier adjectif du premier refrain, « noire », est transformé en « obscure ». Ce qui rompt la monotonie et contribue à la musicalité du poème. Puis la femme, selon un rythme ternaire, est assimilée d’abord à l’arbre, ensuite au vin et enfin à la bouche. C’est l’expression d’un panthéisme qui intègre les trois règnes de l’univers dans le vers : règne végétal, règne animal, règne minéral. Le poète peint ensuite les réalités africaines que sont la savane et le tam-tam.

Ce qui frappe dans ces versets, c’est le jeu des répétitions sous forme d’anaphore qui modulent et modèlent la phrase. A cela s’ajoutent la présence de l’allitération de la sifflante et l’abondance des « e » muets qui donnent au verset toute sa rythmique :

« Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’Est ».

Ainsi, avec l’emploi de l’expression « frémir aux caresses », la savane se trouve rehaussée par la personnification. Quant aux versets suivants, ils se distinguent par l’harmonie imitative que le poète utilise en exprimant les sonorités du tam-tam et de la voix féminine par le choc saccadé des consonnes dentales, « d » et « t » :

« Tamtam sculpté, tamtam tendu qui grondes sous les doigts du vainqueur ».

« Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée ».

L’effet est accentué par le hiatus « contralto » qui suggère les intonations de la voix Féminine. La particularité de ces versets réside dans leur sensualité qui transmue la Femme noire en un être charnel, un être satanique.

Le terme « spirituel » nous introduit dans la troisième strophe qui élève la femme charnelle à l’Etre spirituel. Les comparaisons s’accumulent pour peindre celle-ci à travers sa grâce et sa noblesse, son inconstance et sa joliesse. La terre africaine est magnifiée par l’évocation du Mali et de la faune. Ce qu’il convient de noter, c’est l’élévation de la Femme par le biais des mots « célestes », « étoiles ».

Autrement dit, la femme possède le pouvoir de hisser l’homme du Sensible vers l’Intelligible, du désir du corps vers les « Délices des jeux de l’esprit ». La femme devient un être astral que met en valeur la symbolique de l’ombre et de la lumière :

« Les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau ».

Une telle symbolique éclaire tout le sens du poème qui est l’expression d’une prise de conscience des valeurs de la négritude. Quant à la peinture de la chevelure, elle constitue une réminiscence. Le rejet du substantif « yeux » en fin de verset met en relief sa beauté. En effet, l’œil est un critère de beauté dans la poésie senghorienne.

A travers le caractère céleste des images, à travers la modulation lancinante des rythmes, l’évocation de la femme se hisse à une invocation à la Femme qui se trouve divinisée.

Le tercet final s’ouvre sur une idée d’éternisassions de la femme tant admirer par l’auteur. C’est à dire que l’art a donc pour fonction d’éterniser les êtres et les choses. De plus il apparaît comme un remède contre l’anéantissement et le verset se clôt sur le thème de la fécondité de la Femme, source de vie. La poésie se dote du pouvoir divin de conférer

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