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JuliEn Gracq, Un Balcon En Forêt

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drame intérieur vécu par les personnages. Ce sont avant tout l’eau et la forêt qui déterminent le climat et la substance romanesques, qui suscitent le décor mythique dans lequel s’inscrit l’existence des héros."

1.1. La maison "[...] La maison est notre coin du monde. Elle est [...] notre premier univers. Elle est vraiment un cosmos". BACHELARD insiste sur le fait que la maison représente un espace très important pour l’évolution de la psyché et qu’elle n’est pas simplement un lieu qui sert d’habitation : " La maison nous permet de rêver en paix. [...] La maison est une des plus grandes puissances d’intégration pour les pensées, les souvenirs et les rêves de l’homme. [...] Elle maintient l’homme à travers les orages du ciel et les orages de la vie. Elle est corps et âme. Elle est le premier monde de l’être humain. Avant d’être ’jeté au monde’ [...], l’homme est déposé dans le berceau de la maison. Et toujours, dans nos rêveries, la maison est un grand berceau5". Selon BACHELARD, la maison fait partie des trois "grandes images de refuge : la maison, le ventre, la grotte6". Ainsi "la maison est aussi un symbole féminin, avec le sens de refuge, de mère, de protection, de sein maternel7." En une seule phrase, BACHELARD résume : "La maison est un corps d’images qui donnent à l’homme des raisons ou des illusions de stabilité 8." 1.2. Définitions de "maison forte" Comment Grange habite-t-il son "espace vital en accord avec toutes les dialectiques de la vie", comment s’enracine-t-il dans son "coin du monde9 " ? "Une maison-forte, songeait-il, qu’est-ce que cela peut être ?" (B.F., page 15) La ’maison forte des Hautes Falizes’ "n’était pas une maison comme les autres. Quand on s’était chaussé et qu’on marchait sur le béton nu, le choc des talons ferrés faisait un bruit mat, sans vibration et sans résonance, comme si on avait marché sur une route neuve ou sur une culée de pont" (B.F., page 25). Il s’agit d’un bâtiment en deux parties : le rez-de-chaussée "était un bloc de béton assez bas où on accédait vers l’arrière par une porte blindée" (B F., page 20)."Sur ce bloc trapu reposait comme sur un socle trop étroit l’étage débordant d’une maisonnette, où on accédait latéralement par un escalier de fer ajouré" (B.F., page 21). La fonction du bâtiment est d’interdire aux blindés ennemis l’accès des pénétrantes descendant de l’Ardenne belge vers la ligne de la Meuse" (B.F., page 20).

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On ne trouve pas moins de "cinq ’essais’ de définition, déjà, dans la première description [de la maison forte], annonciateurs du déploiement d’un vaste réseau d’identifications à travers tout le texte [...]"10 : "une sorte de chalet savoyard" (B.F., page 20) "comme un aérolithe au milieu de ces fourrés perdus" (B.F., page 20) "La laideur en était celle des corons ouvriers" (B.F., page 21) "celle [... des maisonnettes de garde-barrière" (B.F., page2l) "ce mastaba de la préhistoire avec une guinguette décatie de la pire banlieue" (B.F., pp. 21-22) Nombreux sont les autres termes utilisés dans le récit pour désigner cette maison forte : "blockhaus", par exemple : B.F., pp. 20, 21, 24, 33, 49, 72, 77. (terme militaire provenant d’ailleurs de l’allemand) "maisonnette de Mère Grand perdue au fond de la forêt", B.F., page 22. (Cette expression est utilisée au moment où Grange se réveille après avoir passé la première nuit à la maison forte. Le terme ’maisonnette’ est beaucoup moins administratif. L’auteur utilise cette formulation parce qu’elle engage nettement plus la subjectivité du personnage.) "la maisonnette de fées", B.F., page 25. (Cette expression révèle quelque chose de mystérieux qui rappelle les contes de fées, quelque chose d’à la fois fascinant et menaçant.) "fortin", p. ex. B.F., pp. 26, 33, 72, 105. (’Fortin’ est également un terme militaire mais qui renvoie plutôt à l’époque médiévale. Ce mot marque la solidité du bâtiment ainsi que son efficacité sur le plan militaire.) "la maison", p. ex. B.F., pp. 26, 37, 41, 51, 90, 104. (Cette expression est très neutre. Le mot ’maison’ nous indique la fonction non-militaire de ce bâtiment : maison d’habitation, foyer, refuge, le ’chez-soi’.) "ce béton vacant que visitait seulement de temps à autre une commission officielle", B.F., page 29. (terme qui montre un certain sentiment d’infériorité, sa solitude et son absence d’utilité sur le plan militaire.) "leur ermitage", B.F., page 69. (Cette expression marque la solitude des quatre habitants de la maison forte.)

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"chaumine", B.F., page 78. et "bungalow", B.F., page 78. (Utilisés avec une intention ironique, ces deux mots montrent le sarcasme du personnage qui les prononce : le lieutenant de cavalerie.) "drôle de turne" et "Ca fait assez caveau de famille [...]" sont deux expressions d’une ironie macabre utilisées par le lieutenant de cavalerie (B.F., page 79) à propos du ’bloc’. MONBALLIN y voit même une fonction prédictive : le ’bloc’ sera effectivement le caveau d’Hervouet et d’Olivon (cf. B.F. pp. 237-238). "le chalet minable" (B.F., page 139) (Ce mot symbolise l’aspect ridicule de l’édifice. 1.3. Sa maison Le Lieutenant Grange vit dans une maison qui n’est pas ’sa maison’ : la ’maison forte’ est pour lui - en tant qu’aspirant dans l’armée française son lieu de travail. Mais Grange s’attache progressivement à cette maison, elle devient - peu à peu -’la sienne’. Lorsque Grange y arrive, le capitaine Vignaud lui dit : "Vous êtes chez vous". Vu que l’endroit est peu pittoresque, l’attachement personnel ne se fait pas immédiatement. La première impression, plutôt euphorique, du lieutenant ("la silhouette lui parut singulière ; une sorte de chalet savoyard", B.F., page 20) se révèle trompeuse : "C’était un bloc de béton [...] trapu [sur lequel] reposait [...] l’étage débordant d’une maisonnette" (B.F., pp. 20, 21). Non seulement l’allure mais aussi l’état du bâtiment sont peu accueillants : "Des espèces de dartres fongueuses [...] laissaient suppurer sur les parois des taches humides" (B F., pp. 20,21). "La laideur [...] [de la maison] était celle des corons ouvriers ou des maisonnettes de garde-barrière ; les hivers [...] avaient rongé l’appareillage mesquin, arraché le crépi par plaques, charbonné à l’aplomb des fenêtres et des marches de l’escalier de longs pleurs de rouille qui descendaient jusque sur le béton" (B.F., p. 21). MONBALLIN constate que "l’ensemble [des descriptions de la maison forte] concourt [...] à produire une impression dominante : la laideur [...], et il s’en dégage un faisceau de traits qui font reconnaître dans la maison forte les configurations principales de ’l’espèce de forteresse ruineuse’. Les plus frappants dans cette description initiale sont les motifs de la dégradation :

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humidité, moisissure [12], que le texte reprend plusieurs fois [...]"13. Dans les descriptions de la dégradation de la maison forte, GRACQ se sert de deux éléments du code sensoriel, la vue et l’odorat, qui sont continuellement mêlés :

"Un suintement de caverne ruisselait sur les murs en larges plaques luisantes [...]. De la forêt montait une odeur lourde et muqueuse qui prenait à la gorge - l’odeur moisie des caves murées et des champignonnières" (B.F., page 79). Pourtant, Grange ne s’y déplaît pas. Il apprécie surtout la situation de la maison forte : "Il était libre, seul maître à son bord dans cette maisonnette [...] au fond de la forêt". (B.F., p. 22) Son attachement à ce bâtiment est donc dû tout d’abord à sa position de lieutenant, fonction plutôt administrative. Il est le chef des habitants : "Grange se faisait l’effet d’être le concierge [...] de ce béton vacant" (B.F., page 29). Les fréquentes expressions qui appartiennent au langage militaire comme "blockhaus" et "fortin" nous rappellent toujours la fonction officielle de l’édifice. Mais, à certains moments,

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