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L'Eau En Chine

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n se dégrade progressivement, et ses manifestations les plus flagrantes se retrouvent dans les villes et campagnes où le manque se fait le plus sentir, et par une surexploitation des nappes phréatiques et une pollution sans cesse aggravée des rivières et cours d’eau. L'utilisation massive de pétrole et surtout de charbon est source d'une pollution importante. L’explosion de la croissance économique s’est traduite par de nouvelles pressions sur les ressources non renouvelables. Mais c’est en Chine du Nord que la situation est la plus critique, la région souffre en effet régulièrement de sécheresses chroniques. Aux yeux de la majorité des citoyens chinois, la détérioration de l’environnement est en quelque sorte le prix à payer pour la croissance et le développement, mais les autorités centrales semblent avoir pris conscience des risques majeurs à terme sur l’économie et la qualité de vie. Ce dossier consacré au grand thème de l’Eau en Chine paru dans la revue trimestrielle MONDE CHINOIS de Décembre 2009 se partage en deux grands chapitres, chacun respectivement traité pas Franck Galland et Bernard Meinier. Le premier grand titre de ce dossier est axé sur la géopolitique de l’eau en Chine, les questions d’une société « utopiquement » harmonieuse de l’environnement, de l’aspect diplomatique du problème de l’eau et des innovations technologiques en la matière y sont abordés. Le thème La gestion de l’irrigation en Chine est ensuite traité dans le deuxième chapitre, qui s’appliquera à déterminer quels en sont les acteurs et règles.

1. GEOPOLITIQUE DE L’EAU EN CHINE

La Chine connaît la crise d’eau la plus sérieuse et urgente au monde. Les problèmes liés aux migrations vers les grandes villes vont en grandissant : logements, intégration sociale, insalubrité, viabilité des extensions urbaines… Conscientes de ce problème, les autorités prennent des positions politiques, comme le montre le discours du 5 Mars 2006 du Premier Ministre lors de l’ouverture annuelle de l’Assemblée nationale populaire, ou encore le lancement du projet Go West (110 Mds de dollars investis depuis 2000 pour résoudre la question environnementale). Une prise de conscience et des efforts réalisés, en même temps qu’une préoccupation accrue de la question environnementale. Cependant certaines régions chinoises enregistrent encore un indice de Green GDP (le PNB vert) proche de zéro. D’énormes efforts restent encore à faire pour que l’on puisse prétendre parler d’une société environnementale et harmonieuse.

Les pays voisins de la Chine ont en leur pouvoir des mesures de pressions politiques ou de dépôt de plainte internationale en cas de non respect de la « sécurité environnementale commune ». La catastrophe en 2005 de la rivière Songhua, affluent du fleuve Amour a, pour exemple, ébranlé les relations sino-russes. Des commissions environnementales ont été mises en place en Chine et en Russie, l’extension de ce modèle diplomatique est en cours avec les autres pays voisins (Ouzbékistan, Iran, Mongolie…). Elle est assurée par l’organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui a entre autre pour but de préserver et renforcer les relations de con voisinage entre pays membres et pays limitrophes à la Chine et elle-même. Sur la question de la raréfaction en eau et de sa captation, la Chine est dénoncée par bon nombre de pays membres ou associés à l’OCS comme étant en grande partie responsable de la crise actuelle de l’eau.

Les relations avec le Kazakhstan illustre les tensions que l’on peut retrouver avec d’autres pays limitrophes à la Chine. Elle a fait du Xinjiang une priorité politique militaire pour les intérêts stratégiques et énergétiques que cette région représente. En effet, les ressources en gaz, pétrole et matières premières y abondent ; ce nœud de communication stratégique est particulièrement bien équipé en infrastructures routières et ferroviaires ; un poste d’écoute régionale, de surveillance de bases missiles russes et un lieu d’expérimentation nucléaire y sont implantés ; enfin le Xinjiang est une grande région exportatrice de coton. Pour répondre à une forte demande en eau, des aménagements titanesques, dont celui d’un canal de 300km de long et 22km de profondeur, ont été réalisés. A cause de la captation chinoise en amont, le débit d’eau du côté kazakh a considérablement diminué, une catastrophe pour ce pays dont l’économie repose pour beaucoup sur les activités liées au fleuve (ouvrages hydroélectriques, irrigation du canal Irtych-Karaganda…). Situation idem pour la rivière Ili qui s’écoule au Kazakhstan mais qui prend sa source en Chine : d’importantes ponctions qui entraînent de lourdes conséquences. Les russes partagent les craintes des kazakhs, puisque des problèmes similaires existent potentiellement tout le long de la frontière commune Chine-Russie. La Chine compte prélever de l’eau sur la rivière Oussouri, précédemment théâtre d’incidents frontaliers entre les deux pays en mars et août 1969. Les plaintes russes concernent aussi non seulement les pollutions accidentelles, mais aussi les rejets domestiques chinois dans les fleuves, liés à la croissance exponentielle du Xinjiang. Une inquiétude que même les améliorations qu’apportera le groupe Veolia, qui a signé en 2005 un contrat pour moderniser et exploiter une usine de traitement des eaux en Urumqi, ne pourront véritablement apaiser.

A travers la construction d’ouvrages titanesques pour répondre à son manque d’eau, comme le projet PAESN pour réalimenter le fleuve jaune asséché et répondre aux problèmes de crues du Yangtze en y prélevant des milliards de m3 d’eau pour les réinjecter dans le fleuve jaune, la Chine réaffirme ainsi la place géostratégique qu’occupe le Tibet pour la République populaire, considéré comme le « château d’eau de l’Asie » (dix fleuves majeurs y prennent leur source en Asie). L’arrivée massive de nouveaux migrants chinois au Tibet va poser le nouveau défi de répondre à une demande en eau de plus en plus importante, les pollutions domestiques et industrielles de l’eau iront de paire. Les indiens s’inquiètent d’une situation où le Yangtze verrait à son tour son débit considérablement diminué après ces importants transferts, et où leur fleuve Brahmapoutre (nom chinois : Yarlung Zangbo, 140 milliards de m3/an) serait pour les chinois une alternative potentielle pour réalimenter le Yangtze, et répondre aux problèmes environnementaux liés aux migrations tibétaines si aucun aménagement de traitement des eaux et distribution en eau potable n’est mis en place. A ces inquiétudes viennent s’ajouter celles de l’Arunachal Pradesh, dont l’établissement de la ligne Mac Mahon de mars 1914 est contesté.

Les politiques d’aménagements hydrauliques de la Chine auront des conséquences sur ses relations avec ses voisins. La Chine mise cependant beaucoup sur les technologies de l’environnement pour rattraper son retard, notamment à travers divers partenariats avec des pays ayant pu faire face au problème de la rareté de l’eau par la technologie et l’ingéniosité de chercheurs et ingénieurs. On peut citer l’Etat d’Israël, et deux de ses entreprises : Netafim pour les technologies de système d’irrigation, et Global Environnement Services (GES) pour un projet de traitement d’eau en Mongolie Intérieure, sans compter tous les projets mis en place pour régler le problème de l’eau dans les grandes villes. Lors du Xè plan quiquénnal (2001-2005), la question de l’assainissement a été mentionnée comme une des grandes priorités, on passera de 18% d’eaux usées traitées en 2002 à 40% en 2010, l’objectif de Pékin étant de gommer les disparités entre régions littorales et intérieures dans ce domaine. La contribution est bilatérale : des entreprises étrangères comme Suez et Veolia voient s’ouvrir à elles de belles perspectives sur le sol chinois, et les acteurs locaux quant à eux s’activent de leur côté à développer la technique du dessalement de l’eau de mer, un domaine dont les chinois visent la place de leader, et qui devrait représenter un énorme marché aux alentours de 2015. Pour l’heure, l’eau potable produite par dessalement ne représente que 1% du volume total, mai les perspectives qu’offre cette technologie sont extrêmement prometteuses. Le cloud seeding ou ensemencement des nuages via dispersion de substances et agents actifs (comme l’iodure d’argent), devrait de plus en plus lui aussi être une solution au problème de rareté de l’eau. Rappelons quelques faits, les autorités pékinoises l'ont prouvé en provoquant artificiellement des chutes de neige dans le but de lutter contre la sécheresse prolongée sévissant dans la région de la capitale ; les habitants se sont réveillés, le dimanche 1er novembre 2009, sous une épaisse couche de neige et de lourds flocons, phénomène inhabituel pour la saison. La Chine est leader mondial dans ce domaine innovant certes, mais aux conséquences environnementales incertaines malgré le ton rassurant que veut se donner la China Academy of Meteorological Sciences. Un objectif de 50 000 gigalitres d’eau supplémentaire, et la réussite de grands événements comme l’exposition universelle de Shanghai 2010, après le succès des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, mais cette technologie où l’homme se veut maître des éléments

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