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L'eau source renouvelable mais menacée

Cours : L'eau source renouvelable mais menacée. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  23 Décembre 2015  •  Cours  •  6 318 Mots (26 Pages)  •  1 007 Vues

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L’eau, une ressource renouvelable mais menacée

Table des matières

Introduction        

I- L’eau, une ressource abondante, mais dont la répartition et la qualité sont très inégales        

A) Une ressource inégalement répartie        

1) Des inégalités à toutes les échelles        

2) L’inégale répartition des zones de stockage et des grands bassins versants        

3) Les irrégularités intersaisonnières et interannuelles        

B) Un accès inégal à l’eau potable        

1) Des inégalités qui ne coïncident pas avec la répartition des ressources hydriques        

2) Des disparités à toutes les échelles liées à l’inégal développement        

II- L’amplification de la pression sur les ressources hydriques        

A) L’augmentation des prélèvements et les usages de l’eau        

1) L’augmentation des prélèvements        

2) Les usages de l’eau        

B) La diversification des acteurs de la production d’eau        

1) Le rôle central des acteurs publics        

2) Le renforcement contesté du rôle des acteurs privés        

3) Le rôle limité des institutions internationales et des associations        

C) Des pollutions d’origine agricole, industrielle et urbaine        

1) Les pollutions liées aux intrants agricoles        

2) Les pollutions liées aux usages industriels et domestiques        

III- Vers une gestion pacifiée et durable de l’eau        

A) Vers une gestion pacifiée des ressources en eau        

1) Les facteurs du risque hydropolitique        

2) L’instrumentalisation des tensions liées à l’eau        

3) Vers une gestion pacifiée : les nouveaux instruments de la gouvernance de l’eau        

B) Vers une gestion durable de l’eau        

1) Préserver la qualité et la diversité des zones humides        

2) Limiter les risques naturels et sanitaires liés à l’eau        

3) Lutter contre le réchauffement climatique pour enrayer l’aggravation des risques hydrologiques        

IV- Demain, les guerres pour l’eau ? Les conflits de l’eau dans le monde        

A) Plus rare, l’eau devient un enjeu géopolitique majeur        

B) Sans expliquer à elle seule les conflits, l’eau contribue à les attiser        

C) Guerre programmée ou coopération inévitable ?        

Introduction

La masse hydrique présente sur terre est très inégalement distribuée : 97,5% pour les océans et les mers, environ 2% pour les inlandsis (glacier très étendu d’eau douce formé par accumulation de précipitations neigeuses sur une très longue période. Il en subsiste deux : celui du Groenland et de l’Antarctique., et seulement 0,7% pour l’eau douce accessible. Le volume de cette dernière est évalué à près de 40.000km3, ce qui représente 5.700m3/hab/an. Cela est théoriquement suffisant pour l’alimentation des écosystèmes et des 7 milliards d’hommes. Mais la part d’eau renouvelée annuellement est encore plus faible : 0,02%.

Pourtant, les conditions naturelles variables ainsi que les écarts de développement rendent très inégalitaire l’accès à cette ressource. Et malgré de sensibles améliorations, 11% de la population mondiale (783M) n’y ont pas accès en 2012 (ONU), un chiffre contesté par l’OMS qui l’évalue à 2,4M. Mais l’eau n’est pas seulement utilisée pour la consommation domestique, elle fait aussi l’objet d’usages concurrents par l’agriculture, l’industrie et la production d’énergie. Si bien que « l’or bleu » est au cœur d’intenses tensions géopolitiques à toutes les échelles. Par la mondialisation des échanges agroalimentaires, qui aboutissent à des exportations d’eau, mais aussi par les effets du réchauffement climatique, elle participe ainsi aux problématiques d’un monde globalisé.

La gestion durable de cette ressource s’impose aujourd’hui comme un impératif aux principaux acteurs du domaine.

Dans quelle mesure l’eau constitue-t-elle une ressource abondante et pourtant menacée, source de conflits mais aussi de coopérations ?

I- L’eau, une ressource abondante, mais dont la répartition et la qualité sont très inégales

A) Une ressource inégalement répartie

1) Des inégalités à toutes les échelles

  • Si la majorité des pays disposent de ressources en eau supérieures à 2.500m3/hab/an, donc suffisantes pour satisfaire leurs besoins, certains sont confrontés à des ressources limitées :
  • Pays en situation de vulnérabilité (Iran, Côte d’Ivoire)
  • Pays en situation de stress hydrique (insuffisance d’eau de qualité satisfait en pour répondre aux besoins humains, seul à 1.700m3/hab/an) (Inde, Pologne, Afrique du Sud)
  • Pays en situation de pénurie (la plupart des pays du Maghreb et de la péninsule arabique ont moins de 1.000m3/hab/an).

  • Cette répartition inégale des ressources hydriques se vérifie à une échelle plus fine :  nord de la Chine, ouest des USA, sud de l’Australie connaissent des situations structurelles de stress hydrique, voire de pénurie d’eau.

2) L’inégale répartition des zones de stockage et des grands bassins versants

  • Ces disparités s’expliquent par des facteurs naturels, tels que l’inégale répartition des zones de stockage et des grands bassins versants. Il existe des bassins versants de toutes tailles, mais rares sont ceux drainés par de très grands fleuves, comme l’Amazone (18.500m3/s à l’embouchure), le Congo (42.000m3/s) ou le Gange (16.000m3/s). L’essentiel de l’eau douce superficielle est stockée dans les lacs, le volume présent à chaque instant dans les fleuves, l’atmosphère et la biosphère étant négligeable. Le nombre total de lacs reste aujourd’hui inconnu : le Canada compte plus de 30.000 lacs à lui tout seul.

  • Les eaux souterraines sont estimées à 10M de km3 et constituent la 2ème grande source d’approvisionnement en eau des sociétés : ¼ de l’humanité en dépend selon le PNUD. Les nappes d’eau souterraine varient selon leur profondeur et leur étendue. Les nappes les moins profondes se renouvellent en seulement quelques années, mais en plusieurs centaines ou milliers d’années pour les plus profondes. Au cours des dernières années, les techniques récentes de forage profond ont transformé les conditions de mobilisation de l’eau. Exemple : l’entreprise libyenne de la « Grande rivière artificielle », mise en chantier en 1983 et aujourd’hui quasiment terminée, permet le transfert théorique de 2MM de m3 d’eau/an, pompés à 600m de profondeur.

3) Les irrégularités intersaisonnières et interannuelles

  • Les ressources en eau d’un territoire dépendent également du rythme et de l’abondance des précipitations. Les variations interannuelles et intersaisonnières peuvent limiter l’accès à l’eau. Le régime de certains fleuves (variations structurelles du débit d’un court d’eau en fonction des caractéristiques climatiques) conduit à d’importances variations dans les volumes d’eau disponibles : fleuves au régime méditerranée (le Nil, …), au régime tropical (le Brahmapoutre en Inde et Tibet), ou des fleuves sibériens au régime de hautes latitudes.
  • Au-delà des variations intersaisonnières, des périodes de sécheresse peuvent s’installer de manière cyclique pendant plusieurs années. La région sahélienne a connu un épisode particulièrement humide entre les 1930’s et les 1960’s, puis période très sèche jusqu’au 1990’s.

Les facteurs naturels n’expliquent cependant pas à eux seuls les disparités en matière d’accès à l’eau. La capacité des sociétés à exploiter de manière plus ou moins intense ces ressources constitue aussi un aspect déterminant de la question.

B) Un accès inégal à l’eau potable

La question de l’accès à une eau potable se pose encore aujourd’hui avec acuité, car près d’1MM d’hommes n’y a toujours pas accès. Mais les capacités des territoires à produire de l’eau utilisable sont davantage liées au niveau de développement qu’à l’abondance des ressources hydrique.

1) Des inégalités qui ne coïncident pas avec la répartition des ressources hydriques

  • On constate de nombreuses discordances entre la carte des ressources en eau douce et celle de l’accès à l’eau potable. En Amérique du Nord et du Sud et en Europe, importantes ressources en eau et bon voire très bon accès à l’eau potable. Situation plus contrastée en Afrique, péninsule arabique et Asie du Sud-Est.
  • On constate un certain nombre de renversement de situations :
  • Pays confrontés au stress hydrique mais accès à l’eau potable : Algérie, Afrique du Sud, Etats du Golfe.
  • Inversement, pays très bien dotés mais accès médiocre à l’eau potable : Congo, Cambodge, Papouasie-Nouvelle-Guinée, … (moins de 75% voire moins de 50% de la population y a accès).

2) Des disparités à toutes les échelles liées à l’inégal développement

  • Les pays développés ont la possibilité de compenser cette situation par une forte capacité d’adaptation. En Californie, système de barrages et d’aqueducs construit et modernisé au long du 20ème pour acheminer les ressources en eau du nord et de l’Est de l’Etat vers les villes côtières. Les pays du Nord ont recours aux technologies de pointe : recyclage des eaux usées, dessalement d’eau de mer. Cette dernière solution en plein essor, repose sur des technologies coûteuses, telles que la distillation par compression de vapeur, l’osmose inverse ou la distillation membranaire. Elle est vorace en énergie et rejette du gaz carbonique et de la saumure.

  • A l’inverse, les pays du Sud n’ont pas toujours la capacité financière d’exploiter leurs ressources en eau qui peuvent être considérables. Le Mozambique dispose de ressources hydriques 3x supérieures à celles de la France pour une population moitié moins nombreuse, mais moins de 50% de la population a accès à l’eau potable et seulement 8% à domicile.

  • Ces disparités entre pays du Nord et pays du Sud se retrouvent à plus grande échelle entre zones urbaines et zones rurales, moins bien desservies en eau potable. Dans les pays du Sud, les disparités sont particulièrement fortes : le taux moyen d’accès à l’eau potable est de 82% en ville contre 70% en zone rurale. La forte croissance de la consommation urbaine et sa meilleure rentabilité conduisent les pouvoirs publics à alimenter prioritairement les villes.
  • Ces disparités s’observent aussi à une échelle plus fine au sein des villes du Sud où les inégalités en matière d’accès à l’eau recoupent les inégalités sociales. Les 2/3 de ceux qui n’ont pas accès à l’eau potable gagnent moins de 2$/jour. A Johannesburg, en Afrique du Sud, les quartiers riches affichent un taux de raccordement à domicile proche des 100%, tandis que dans les townships pauvres, 20 à 50% des logements ne sont pas raccordés à l’eau potable. Ces disparités dans l’accès à l’eau se trouvent renforcés par un coût relatif supérieur pour les populations les plus pauvres. En effet, les dépenses pour l’eau pèsent bien plus fortement sur les foyers modestes. Dans la périphérie de Khartoum au Soudan, elles s’élèvent à plus de la moitié des revenus les plus pauvres.

II- L’amplification de la pression sur les ressources hydriques

A) L’augmentation des prélèvements et les usages de l’eau

1) L’augmentation des prélèvements

  • Trois facteurs pour l’augmentation des prélèvements :
  • L’augmentation de la population mondiale
  • L’urbanisation croissante des pays du Sud
  • L’industrialisation et l’intensification agricole
  • Le volume annuel des prélèvements d’eau a été multiplié par plus de 8 depuis 1900 pour atteindre aujourd’hui plus de 5.000km3. En 1950, la ressource mondiale en eau était estimée à 17.000m3/hab/an, en 2000 à 7.500m3/hab/an, en 2025 elle devrait être de 5.000m3/hab/an. La situation est surtout préoccupante pour les pays dont les prélèvements sont déjà supérieurs aux ressources renouvelables en eau.
  • Il faut cependant distinguer l’eau prélevée de l’eau consommée. La consommation mondiale d’eau est moitié moins importante que les prélèvements car une partie des eaux est restituée à l’environnement (agriculture, industrie, usage industriel). Mais l’eau prélevée est souvent rendue avec une qualité altérée : eaux usées, …

2) Les usages de l’eau

  • L’augmentation des volumes d’eau prélevés et consommés s’explique par 3 besoins croissants, 3 principaux usages de l’eau :
  • L’usage agricole : traditionnellement l’agriculture est fortement consommatrice d’eau. La maîtrise de l’hydraulique agricole a été un fondement de plusieurs grandes civilisations (Asie orientale, Mésopotamie, …). Aujourd’hui, agriculture = 70% des volumes prélevés, 90% des volumes consommés. Mais variations régionales : prélèvement agricoles = 84% en Afrique, 88% au MO, 32% en Europe. Cette importance de l’agriculture s’explique par l’intensification de l’agriculture. Surfaces irriguées x2 depuis 1960, 300MM ha aujourd’hui. L’irrigation a fortement progressé en Amérique du Nord, du Sud, en Inde, Australie, au MO.
  • L’usage industriel : 2ème secteur le plus consommateur d’eau : 20% des prélèvements. La chimie, la pétrochimie et l’énergie sont les secteurs industriels qui consomment le plus (centrales nucléaires, barrages hydroélectriques). Les cimenteries, usines d’aluminium ou de pâte à papier rejettent des eaux lourdement polluées. Les pays émergents sont à l’origine d’une forte croissance de la consommation : la Chine et l’Inde prélèvent aujourd’hui 4x plus d’eau pour leur industrie qu’il y a 30 ans.
  • La consommation domestique : ne représente que 10% de la ponction totale, soit 500km3. Mais secteur sensible car marque le quotidien et la santé des individus, et les besoins augmentent. Le taux d’urbanisation des pays du Nord s’est stabilisé autour de 80%, prise de conscience d’un développement urbain durable. Dans le Sud, taux d’urbanisation moyen de 50%, mais logiques métropolitaines puissamment à l’œuvre. L’amélioration du niveau de vie + faible prise en compte de la durabilité = renforce la consommation en eau.

B) La diversification des acteurs de la production d’eau

1) Le rôle central des acteurs publics

  • Les acteurs publies jouent un rôle central :         
  • Par leurs investissements : responsables de 60% des investissements dans les secteurs de la production, la distribution et l’assainissement de l’eau, les Etats assument les investissements dans les grands ouvrages de production et d’adduction d’eau. Dans les 1930’s, Roosevelt décide la construction des barrages de la Tennesse Valley Authority ; plus récemment, la Chine a réalisé le barrage géant des Trois Gorges.
  • Par leur rôle régulateur : en imposant des pratiques (en matière d’assainissement et de prévention des risques) et des normes (eau potable, …)
  • A l’échelle locale, les municipalités jouent un rôle central dans la distribution de l’eau et l’assainissement des eaux usées. Projet de modernisation de la gestion de l’eau de Montréal en 2010 : 10MM de dollars canadiens investis dans les 10 ans pur rénover les conduites de distribution de l’eau traitée et le réseau d’évacuation des eaux usées. En contrôlant le prix du m3 d’eau potable, les villes disposent d’un moyen efficace pour faire diminuer la demande en eau. Johannesburg a mis en place depuis 2000 une tarification de l’eau évolutive selon la quantité consommée : les six premiers m3 sont gratuits, les quatre suivants subventionnés, au-delà de 10m3 le surcoût est important.
  • Il faut souligner le rôle des institutions et entreprises publiques qui participent à cette gouvernance de l’eau en assurant des missions de service public. Rôle historique de la Compagnie nationale d’aménagement Bas-Rhône Languedoc, créée par l’Etat en 1955 pour irriguer près de 70.000 hectares de terres agricoles de la plaine du Languedoc.

2) Le renforcement contesté du rôle des acteurs privés

  • Les entreprises privées ont vu leur rôle se renforcer. Années 1980  = arrivée d’entreprises privées capables de financier rapidement et massivement des équipements nécessaires à la gestion de l’eau (≠ municipalités) : elles assument 15% des investissements (Suez, Veolia Environnement, SAUR en France ; Bechtel aux USA, …). Exemple Veolia : couvre l’ensemble de la chaîne (prélèvement, traitement, distribution, assainissement,). Présente dans 60 Etats, dessert 122M de personnes. Mais ces multinationales sont de plus en plus concurrencées par des entreprises chinoises, indiennes ou brésiliennes qui obtiennent près de la moitié des parts d’un marché mondial en pleine expansion.
  • Mais l’eau n’est pas une marchandise comme les autres. Son commerce se fait selon des modalités spécifiques. Les entreprises privées du secteur assument des missions de service public que les autorités publiques peuvent leur déléguer dans le cadre de partenariats public-privé (PPP). PPP signés à Lyon, Londres, Berlin, Johannesburg, …)
  • Cependant, depuis les années 2000, les multinationales ont tendance à se désengager des pays pauvres. Infrastructures peu nombreuses, délabrées, population désargentée, coûts de construction, entretien et gestion élevés, perspective de profits faibles. Elles quittent l’Amérique latine, où la privatisation des services de l’eau se heurte à de fortes résistances populaires. Exemple de la guerre de l’eau à Cochabamba, une victoire contre la privatisation : 4ème ville de Bolivie, en 1999 une loi autorise la privation des services de distribution d’eau, fin des subventions, mais hausse des prix de 35% pour amortir les investissements, protestations vives car beaucoup d’agriculteurs. La forte mobilisation entraîne la faillite de la concession et l’abrogation de la loi. Elles restent cependant très présentes dans le Nord et s’implantent fortement dans les pays émergents où la clientèle est solvable et les besoins considérables (Chine, Inde).
  • Dans les pays développés en général, on constate un mouvement de « remunicipalisation » de la gestion de l’eau. Renchérissement du service + baisse de sa qualité = incite à ne pas renouveler les PPP pour l’eau. Les mouvements citoyens et écologistes de Grenoble obtiennent en 1999 l’annulation du contrat de délégation à Suez.

3) Le rôle limité des institutions internationales et des associations

  • Les institutions internationales jouent un rôle de conseil et d’information auprès des Etats et des collectivités territoriales : BM, FMI, programmes de l’ONU (PNUD), FAO, Unesco. C’est sur les recommandations de la BM et du FMI que s’est multiplié la signature de PPP en matière de gestion de l’eau dans les 100’s. Le PNUD publie régulièrement des rapports sur le développement humain recensant et analysant les expériences menées en faveur d’un développement durable des sociétés.
  • Les ONG et les associations humanitaires et environnementales ont davantage une fonction de mobilisation de l’opinion publique. La plupart sont proches des mouvements altermondialistes (Solidarités International, ACME), réclamant un accès universel à l’eau et dénonçant sa marchandisation. Mais l’aide internationale et l’action des ONG ne représentent plus que 18% des investissements en matière d’adduction d’eau et d’assainissement.
  • Certaines institutions internationales jouent un rôle d’arbitre, au-delà de leur mission humanitaire. La CIJ tranche régulièrement des conflits liés à l’eau. La Hongrie et la Slovaquie ont sollicité son arbitrage dans les 1990’s pour régler le différend à propos du barrage Gabcikovo-Nagymaros qu’elles devaient construire ensemble sur le Danube.

C) Des pollutions d’origine agricole, industrielle et urbaine

1) Les pollutions liées aux intrants agricoles

  • La pollution d’origine agricole des sols et nappes phréatiques augmente au Nord comme au Sud. 
  • La salinisation des sols intervient dans les périmètres irrigués : 8% des surfaces irriguées concernées.
  • La saturation des sols en phosphates et en nitrates qui entrent dans la composition des engrais agricoles est également à l’origine d’une pollution des nappes phréatiques et des sols. L’OMS recommande de ne pas excéder les 25mh/L de nitrates, mais seuil presque systématiquement dépassé dans les zones d’agriculture intensive.
  • Les pesticides utilisés pour traiter les cultures rendent l’eau impropre à la consommation, peuvent localement être à l’origine de situations critiques. Pollution au chlordécone en Martinique et en Guadeloupe entre 1972 et 1993, alors même que l’OMS l’avait qualifié dès 1976 de « cancérigène possible pour l’homme ». Lorsque le scandale a éclaté dans les années 2000, de nombreux sols et aquifères étaient déjà fortement contaminés pour une période de 150 à 600 ans.

2) Les pollutions liées aux usages industriels et domestiques

  • Des progrès ont été accomplis en matière de lutte contre les risques de pollution industrielle dans les pays du Nord. En 1986, un accident survenu Schweizerhalle, en Suisse, dans une usine de pesticides, a été à l’origine de mesures strictes de prévention. Mais des contaminations graves sont persistantes. Le Rhône reste ainsi pollué par des rejets chimiques (PCB) plus de 20 ans après leur interdiction.
  • Les efforts déployés dans les pays du Sud pour lutter contre les pollutions industrielles sont encore limités. En Inde, la rivière Isakavagu qui coule dans l’Andhra Pradesh présente de fortes concentrations de principes actifs antibiotiques rejetés par les entreprises pharmaceutiques. 
  • Les eaux usées issues de l’usage domestique constituent une autre source de dégradation et de pollution. Dans les pays développés, les effluents urbains sont pour l’essentiel collectés et traités dans des stations d’épuration. Mais dans les pays du Sud, l’assainissement des eaux usées est partiel ou inexistant (surtout campagne ou quartiers pauvres). Elles contiennent des déchets organiques pouvant receler des microbes et virus, ainsi que des effluents industriels chargés en métaux lourds et en produits toxiques. Plus du tiers de la population des pays d’Afrique subsaharienne et d’Asie n’a pas accès à l’assainissement, soit près de 2,6MM de personnes.

III- Vers une gestion pacifiée et durable de l’eau

La gestion de l’eau est confrontée à deux principaux enjeux : la résorption des tensions hydropolitiques, et la gestion durable d’une ressource fragile et nécessaire à tous les hommes.

A) Vers une gestion pacifiée des ressources en eau

1) Les facteurs du risque hydropolitique

Un risque hydrologique est souvent défini par la combinaison d’un aléa climatique naturel (crue, sécheresse) et de la vulnérabilité des populations. En combinant ces deux facteurs, on peut identifier les régions potentiellement soumises aux risques hydrologiques et donc hydropolitiques.

  • Les facteurs naturels contribuent dans certains territoires à renforcer les tensions liées à l’eau. La concurrence est particulièrement vive dans les régions arides et semi-arides où le contrôle des grands fleuves est stratégique, pour l’irrigation de l’agriculture et l’alimentation en eau des grandes villes. De vives tensions en sont nées, notamment sur le tigre et l’Euphrate : Entre la Turquie et ses voisins irakiens et syriens à la suite de la réalisation du GAP (Projet d’Anatolie du Sud-Est : une série de 21 barrages sur le Tigre et l’Euphrate, destinés à irriguer 1,7M d’hectares de terres agricoles et à assurer 19% de la production énergétique turque.. Le plus grand barrage, Atatürk, fonctionne depuis 1992. Dans la région, la demande en eau excède les disponibilités fluviales, si bien que la diminution prévues d’1/3 du débit de l’Euphrate et du Tigre a entraîné de vives protestation de la Syrie et de l’Irak, qui dépendent en aval des eaux du fleuve pour irriguer leur agriculture.

  • Mêmes lorsque les ressources sont abondantes, des tensions géopolitiques peuvent naître des besoins domestiques d’autant plus forts que la population est nombreuse et urbanisée. Les conflits se produisent surtout à l’échelle régionale, opposant souvent une puissante métropole à un territoire rural. Le lac de Chapala au Mexique est en train de s’assécher car l’eau du bassin de la Cutzamala qui l’alimente fournit 25% des besoins de la ville de Mexico. Les paysans de la région sont les premières victimes.
  • Les conflits pour l’eau ne concernent pas seulement les quantités d’eau disponible mais aussi sa qualité.
  • Les tensions géopolitiques peuvent aussi être liées à des conflits entre les usages industriels, agricoles, domestiques voire patrimoniaux. Ces conflits interviennent surtout à l’échelle locale. Le renchérissement des sources d’énergie + forte croissance de la demande énergétique au Brésil conduit à l’élaboration du projet hydroélectrique de Pimental et Belo Monte (3ème plus grand au monde). Mais tensions vives entre les communautés indigènes du bassin de Xingu et l’Etat brésilien, car à l’usage énergétique de la rivière, les Indiens opposent leurs propres usages des rivages et des eaux du fleuve. La mise en eau du barrage va noyer des centaines d’hectares de terres indigènes, entraînant le déplacement de 16.000 personnes.
  • Les conflits d’usage sont particulièrement présents dans les espaces touristiques. Tourisme = pèse fortement sur les prélèvements (piscines, arrosage jardins et golfs). A Grenade, dans le sud de l’Espagne, un touriste utilise 7x plus d’eau douce qu’un résident ; en Tunisie 9x plus. 

2) L’instrumentalisation des tensions liées à l’eau

  • Le contrôle des ressources en eau est souvent utilisé comme un moyen de pression dans le cadre de conflits frontaliers, énergétiques ou politiques. 
  • Tensions pour les eaux de l’Indus : C’est le cas des tensions entre l’Inde et le Pakistan à propos des eaux de l’Indus.
  • Tensions pour les eaux du Jourdain : C’est dans le conflit israélo-palestinien que la question de l’accès à l’eau est la plus étroitement imbriquée avec le conflit frontalier et politique. Malgré la modestie du cours et du débit (360km, 1,8MM de m3), la question du partage des eaux du Jourdain est cruciale. Le partage est eaux souterraines est également conflictuel : les puits israéliens en Cisjordanie se multiplient ; les Palestiniens n’ont pas la possibilité légale et technique d’en creuser. Il n’y a pas eu de guerre menée explicitement pour l’eau mais les zones occupées par Israël correspondent à des espaces hydrographiques stratégiques. Le Golan, occupé depuis 1967, permet de contrôler l’approvisionnement du Jourdain. En 1955, plan Johnston, établit un partage des eaux du Jourdain pour la 1ère fois. Les accords d’Oslo II du 28/09/1995 maintiennent le statu quo de domination israélienne sur les ressources en eau, mais l’accord stipule qu’Israël reconnaît les droits à l’eau des Palestiniens en Cisjordanie. En 2000, renégociations prévues par Oslo II sur le partage du Jourdain, mais annulées par la 2nde Intifada.

3) Vers une gestion pacifiée : les nouveaux instruments de la gouvernance de l’eau

Certains bassins internationaux sont partagés entre de nombreux Etats riverains : le Danude concerne 14 pays, le Nil 11, l’Amazone 9. Afin d’aboutir à une gestion pacifiée des ressources hydriques, de nouvelles institutions sont apparues aux échelles régionale et mondiale. Car si l’eau est à l’origine de conflits, elle constitue également d’après la PNUD un « vecteur de coopération ».

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