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Le détroit de Malacca, enjeu de rivalités géostratégiques

Étude de cas : Le détroit de Malacca, enjeu de rivalités géostratégiques. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  11 Décembre 2022  •  Étude de cas  •  1 653 Mots (7 Pages)  •  329 Vues

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C – Le détroit de Malacca, enjeu de rivalités géostratégiques Page 141

Géo : à l’échelle mondiale / stratégique : art de diriger et de coordonner des actions pour atteindre un objectif.

Donc la géostratégie concerne la géographie de chaque État, et sa situation historique et politique par comparaison avec ses voisins. Elle est liée à la géopolitique. Il s’agit d’étudier les aspects militaires et  leurs conséquences sur l'enjeu des ressources naturelles, qui sont fréquemment objet de conflits d'intérêts.

Géopolitique : l'étude des effets de la géographie (humaine et matérielle) sur la politique internationale et les relations internationales.

Conflit d’intérêt : situation où une ou plusieurs personnes ou institution(s) sont au centre d'une prise de décision alors que l’objectivité de chacun et leur neutralité peuvent être remises en cause.

Itinéraire 1

  1. Quels sont les enjeux du détroit pour la Chine ? Pour la Chine, le détroit de Malacca est vital c’est sa « lifeline ». En effet, les 3⁄4 des approvisionnements pétroliers de la Chine transitent par le détroit et le pays doit sécuriser ses approvisionnements en entretenant une base militaire dans la région.
  2. Comment peut-elle sortir du « dilemme de Malacca » ?  Pour sortir du dilemme de Malacca, la Chine envisage plusieurs solutions comme : « augmenter sa puissance militaire » pour « protéger ses routes » maritimes, ou bien « sécuriser une route  vers l’océan Indien ».

Carte localisant les différents tracés du projet du « Canal de Kra », qui serait doublé par une route (en rouge) et une ligne de chemin de fer (en jaune).

[pic 1]

Article « Le canal de Kra : ce raccourci ambitieux verra-t-il le jour ? par Tomi Érard (pour une agence de consulting)

« Le canal de Kra, aussi appelé canal Thaï, est un projet de percement de l’Isthme de Kra, en Thaïlande afin de créer un canal qui relierait l’océan Indien et l’océan Pacifique en connectant la mer d’Andaman au golfe de Thaïlande.

Pour la Thaïlande, le canal de Kra donnerait la possibilité de relier plus facilement ses deux façades maritimes. Mais d’autre part, l’atout majeur du canal serait de proposer un raccourci à la route maritime reliant l’Asie du Sud Est à l’Europe ou l’Afrique. En effet, le canal de Kra deviendrait une alternative au détroit de Malacca, qui est un couloir maritime situé entre la Malaisie et Singapour d’une part et l’Indonésie de l’autre. Ainsi, le canal de Kra permettrait d’économiser environ 3 jours de traversée en raccourcissant de 1 200 kilomètres l’une des routes maritimes les plus fréquentées du globe[1]. On comprendra ainsi aisément que ce projet attise les rancœurs et les convoitises des pays asiatiques qui y voient pour certains une opportunité de croissance, et pour d’autres une crainte de perte d’influence stratégique. 

 Une idée ancienne : Le projet de percer un canal afin de relier les deux côtes de la Thaïlande ne date pas d’hier, en effet à partir de la fin du 17ème siècle plusieurs dirigeants du royaume de Siam (actuelle Thaïlande), envisagent successivement ce projet pharaonique, sans succès. Au 19ème siècle le projet de canal est exhumé par la Compagnie anglaises des Indes Orientales. Le canal est alors la proie des intérêts divergents entre les empires coloniaux français et britanniques. Au final, les britanniques et le Siam s’accordent pour abandonner le projet afin de ne pas nuire à Singapour, qui est alors un port administré par la couronne anglaise. Le traité Anglos-siamois de 1946 réaffirme la volonté britannique d’empêcher le canal d’être construit. En effet, l’article 7 interdit expressément à la Thaïlande de construire ledit canal sans l’accord des britanniques. Ce n’est qu’en 1954 que ce traité sera finalement révoqué par la Thaïlande. Dans les années 1970 et 1980 le projet est régulièrement relancé, avec notamment l’idée d’utiliser des bombes nucléaires pour abattre des chaînes de montagnes et ainsi percer le canal, mais ces idées ne sont jamais suivies d’actions concrètes

La relance de l’idée : Comme souvent en Asie, le changement semble venir de la Chine. Dès 2005 des fuites du département américain de la Défense indiquaient que la Chine serait prête à financer le projet dans le cadre de sa stratégie du « collier de perles ». Celle-ci est un ensemble de points d’appui portuaires de la Chine dans la Mer de Chine afin de projeter sa puissance maritime dans la zone. En 2015, un mémorandum est signé entre la Chine et la Thaïlande afin de construire le canal mais il est renié par les deux parties peu de temps après. Le développement de ce canal demeure hypothétique et les déclarations des officiels restent prudentes à ce sujet. Cela est compréhensible tant le canal de Kra est au centre d’un imbroglio géopolitique.

Pour la Thaïlande, qui est finalement la première concernée, les conséquences politiques et économiques du canal de Kra pourraient être à double tranchant. Le canal de Kra, s’il était construit, pourrait permettre à la Thaïlande de devenir un hub commercial du sud-est asiatique, ce qui permettrait de développer des infrastructures, de créer des emplois et au final, d’augmenter les revenus du gouvernement Thaïlandais. Néanmoins la question du financement d’un tel projet pose évidemment problème et l’hypothèse que la Thaïlande tombe dans un « piège de la dette » du gouvernement chinois n’est pas à exclure. Enfin, politiquement parlant, la Thaïlande manque sans doute de stabilité pour mener à bien un tel projet.

Concernant l’Inde, le deuxième géant asiatique, les retombées éventuelles du canal de Kra sont également ambiguës. D’un point de vue économique, l’Inde bénéficierait de la création du canal. En revanche, d’un point de vue stratégique, l’Inde redoute le rapprochement de la Chine, dans l’éventualité où celle-ci construirait une base militaire en Thaïlande. 

Singapour, qui a basé son développement économique sur son emplacement géographique stratégique, voit évidemment ce projet d’un mauvais œil. Néanmoins les infrastructures portuaires de la cité Etat demeurent compétitives. 

Selon leur localisation, le reste des pays de l’ASEAN sont partagés à propos de la création du canal. La Malaisie et l’Indonésie ne sont pas favorables au canal de Kra, tandis qu’à l’inverse les autres pays de la zone, le Vietnam, le Cambodge, les Philippines et le Sri Lanka voient dans ce projet une aubaine économique

Enfin, les États-Unis ne seraient pas favorables à une augmentation de la domination chinoise dans la zone, la mer de Chine méridionale faisant déjà l’objet de rapports de force entre le géant chinois et les pays frontaliers, à l’instar des tensions concernant les îles Spratleys ou les îles Paracels

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