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Les petits-fils de Brunehaut

Commentaire de texte : Les petits-fils de Brunehaut. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  7 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 498 Mots (10 Pages)  •  362 Vues

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(Pseudo-)Frédégaire, Libri IV Chronicorum, livre IV, ch. 35-38.

Trad. O. Devilliers et J. Meyers, Frédégaire: Chronique des temps mérovingiens, Brepols, Turnhout, 2001, p. 100-113

Humiliée et torturée pendant trois jours, promenée nue, en sang, au milieu de l’armée de

Clotaire II puis attachée par les cheveux, un bras et une jambe à un cheval non dressé qui la traîne sur

plusieurs centaines de mètres avant d’être livrée aux flammes.

Cette mise à mort est celle de Brunehaut, une princesse wisigothe née vers 547 avant de devenir reine

d’Austrasie lors de son mariage avec Sigebert Ier au printemps 566. Brunehaut a exercé une influence

considérable sur le royaume franc de la deuxième moitié du VIème siècle au début du VIIème siècle.

Par ce pouvoir, elle est très peu appréciée par ses contemporains et une véritable légende noire s’est

construite autour de sa personne. Cette légende noire a en partie été édifiée par les chroniques de

Frédégaire dont nous allons en étudier un extrait. Les chroniques de Frédégaire sont des textes

narratifs réalisés vers 660 soit un demi-siècle après la mort de Brunehaut. Ces chroniques ont été

rédigées par une personne ou par un groupe de personnes inconnus que les historiens nomment

“Pseudo-Frédégaire”, ces chroniques narrent de manière chronologique, les évènements qui ont lieu

de 584 à 641. Le texte que l’on va étudier provient des chapitres 35 et 38 du quatrième livre rédigé par

pseudo-Frédégaire et relate les conflits mérovingiens entre 608 et 611. Ce texte nous dépeint les

conflits fratricides opposant Théodebert II, roi d’Austrasie et Thierry II, roi de Burgondie. Ces deux

hommes sont, à tour de rôle, sous l’influence de leur grand-mère. Ces conflits fratricides interviennent

lors d’une période de troubles au sein de la dynastie mérovingienne que l’on appelle la Faide Royale

qui s’étale, selon Régine Le Jan, de 575 à 613. Depuis la mort de Clovis et de son fils Clotaire Ier, le

royaume franc est sans cesse divisé entre leurs descendants, cette division est dûe à la loi salique. À la

mort de Clotaire Ier, le royaume franc est divisée entre ses quatre fils: Chilpéric obtient la Neustrie,

Gontran hérite de la Burgondie, Sigebert, le mari de Brunehaut, de l’Austrasie et Caribert, qui meurt

six ans après le partage du royaume, obtient le royaume de Paris. À la mort de Caribert, son royaume

est partagé entre ses frères. La Faide Royale a pour origine le meurtre de Galswinthe, la deuxième

femme de Chilpéric Ier par Frédégonde qui va devenir sa troisième femme. Ce meurtre est loin d’être

anodin puisque Galswinthe est la soeur de Brunehaut, une guerre s’enclenche donc entre les frères.

Sautons de deux décennies en avant, la Neustrie est aux mains de Clotaire II, fils de Chilpéric.

L’Austrasie est dirigée par Théodebert II et la Burgondie par Thierry II. Ces deux derniers sont

officieusement sous l’influence de leur grand-mère Brunehaut dont Frédégaire nous présente, dans

l’extrait que l’on va étudier, comme une femme prête a tout pour conserver son pouvoir.

Au cours de cet exposé, nous verrons, à travers l’extrait des chroniques de Frédégaire, les actions

qu’entreprend Brunehaut pour conserver son pouvoir sur fond de guerre fratricide. Ces actions passent

par une politique matrimoniale arriviste expliquée par les différents mariages arrangées qu’elle va

dicter, par une opposition farouche à l’Eglise illustrée, dans l’extrait, par sa relation avec le moine

Colomban puis par son influence sur ses petits-fils qui va les mener à la guerre.

Dans l’optique de conserver son influence et son pouvoir, Brunehaut entreprend une politique

matrimoniale envers ses petits-fils qui pourraient servir ses propres intérêts. Cette stratégie

matrimoniale réalisée par Brunehaut a déjà porté ses fruits. En effet, elle fît marier, au milieu des

années 580, son fils Childebert II avec une femme d’origine inconnue, nommée Faileuba,

probablement une esclave mais aucune preuve véritablement probante peut approuver ce fait. Ce

mariage entre Childebert II et Faileuba permet à Brunehaut d’accroître son influence sur son fils tout

en conservant son influence sur l’Austrasie. Faileuba était en plus de cela, une excellente belle-fille

puisqu’à aucun moment elle n’a essayé de supplanter sa belle-mère. Après ce franc succès, Brunehaut

tente de réitérer cette stratégie matrimoniale avec son petit-fils Théodebert. Aux lignes 2 et 3 de notre

extrait, Frédégaire nous informe que Bilichilde avait été achetée à des marchands par Brunehaut. Afin

de garder son influence sur l’Austrasie, elle acheta donc, à la fin des années 590, Bilichilde, une

esclave dont l’origine est incertaine afin de la donner comme épouse à son petit-fils Théodebert II. En

réalisant cela, Brunehaut avait pour idée d’influencer Bilichilde et de la rallier à sa cause comme ce

fut le cas avec Faileuba, la mère de Théodebert et de Thierry. Cependant, Bilichilde se montra moins

conciliante que Faileuba, ce qui déplaît à Brunehaut qui aurait voulu exercer son pouvoir sur son

petit-fils Théodebert II. Cependant, il faut nuancer la relation qu'entretiennent Brunehaut et Bilichilde

que décrit Frédégaire des lignes 4 à 15. En effet, on sait que Bilichilde entretenait une correspondance

avec Brunehaut afin de tenter d’instaurer des relations normales cependant, cette relation qui semble

être cordiale est en fait un moyen de dissimuler leur véritables intentions. Bilichilde s’était montré

favorable à la paix entre l’Austrasie et la Burgondie et essaya de faire abonder son mari, Théodebert

II, dans ce sens. Elle et son mari avaient pour projet de restaurer l’Austrasie d’avant 592, date à

laquelle le royaume de Burgondie et d’Austrasie fusionne suite au traité d’Andelot. Cependant à la

mort de leur pere et lors du partage de l’Austrasie entre Theodebert et Thierry, ce dernier a profité de

territoires qui appartenait, avant 592, à Thierry II mais Bilichilde meurt soudainement en 610 comme

nous pouvons le lire lignes 62 et 63 et est remplacée par Théodechilde, une femme dont l’origine est

incertaine également. Des doutes subsistent quant à la mort de Bilichilde on sait qu’elle a été

assassinée par son mari pour qu’il puisse se remarier avec Théodechilde mais certains historiens

pensent que Brunehaut aurait exercé une certaine influence sur son petit-fils pour l’inciter à éliminer

cette femme qui la gênée mais aucune preuve probante prouve ce fait. Après cet échec avec Bilichilde,

elle décide de changer de stratégie avec Thierry II.

De la ligne 22 à la ligne 27, on peut lire la façon dont Colomban, un moine irlandais dont nous allons

aborder ensuite, gronde Thierry II à cause des relations adultères qu’il entreprend. Ces relations

adultères permettent à Brunehaut de conserver son influence. En effet, après l’échec du mariage entre

Bilichilde et Théodebert, Brunehaut laisse Thierry II accumuler les concubines. Ces concubines qui

étaient de niveau social très bas dénigrent l’image royale de Thierry II auprès des aristocrates

régionaux mais servaient les intérêts de sa

...

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