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Poesie

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s est habité par un souffle que le poète peut saisir et transcrire en langage.

2. Le poids du destin

• La parole de la nature est confuse, brouillée comme le rappelle les Correspondances baudelairiennes :

« La Nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ; »

Et c’est aux poètes inspirés de la dresser, comme le conseil Boileau au moyen de la métaphore de Pégase. Ainsi le poètes reçoit la faculté de dresser le langage, il est pour ainsi dire destiné à être poète. Cette conception de l’inspiration est assez élitiste, puisque le poète est un eu, un être privilégié. Déjà chez Platon , l’ambiguïté du statu du poète apparaît ; en effet l’inspiration est comme un délire inquiétant qui arrache le poète à lui même et le rend irresponsable et en même temps le poète acquière un statu quasi divin, il devient un être visité par les dieux.

• Peu a peu la poésie s’est apparentée à la prophétie. Le poète fait peur car il semble

posséder des pouvoirs mystérieux, entendre des choses inaudibles. Pour réutiliser Ronsard on peut dire que certes la poésie est un don, mais elle implique de celui qui le possède un devoir de type moral ; la poésie se conçoit comme une mission, un sacerdoce :

« Car Dieu ne communique aux hommes ses mystères « s’ils ne sont vertueux, dévots et solitaires »

De plus le poète est rejeté par ses semblables irrités par cette différence qu’ils ne comprennent pas :

« Tu seras du vulgaire appelé frénétique, « Insensé, furieux, farouche, fanatique « Maussade, mal plaisant, car le peuple médit « De celui qui de mœurs aux siennes contredit ».

L’inspiration portée par la voix divine ou par la nature si elle est souhaitée et appelée par les poètes est aussi porteuse de contraintes.

3. La voix du passé ou de l’inconscient

• Pour l’époque contemporaine, c’est la voix des profondeurs, de la mémoires qui

parlent à travers le poète. Nerval évoquait le passé mythique de l’humanité, ou son propre passé. Dans Les Chimères, il trace son itinéraire spirituel, l’âme humaine est un parcelle de l’âme universelle qui anime la terre et les astres. Dans Aurélia, il explique lui même ce que d’aucuns qualifieront de maladie ou d’inspiration :

« Je chantais en marchant un hymne mystérieux dont je croyais me souvenir comme l’ayant entendu dans une autre existence, et qui me remplissait d’une joie ineffable ».

Le poète est parfois hanté par un souvenir, qui va être un germe de création, ou il est obsédé par un mot, un rythme, une image qui remonte du passé comme Mallarmé dans le démon de l’analogie ; « la pénultième est morte ».

• La voix peut être celle de l’inconscient, le surréalisme d’ailleurs y attache

beaucoup d’importance, une parole issue des profondeurs de l’être, la parole du désir. Le poète fait alors preuve d’une passivité paradoxalement créatrice. J-Claude Pinson dans Habiter en poète a pu dire que « les surréalistes ont sécularisé la muse en la logeant dans l’inconscient ».L’influence secrète dont parle Boileau ne trouve pas son origine dans le ciel mais dans le psychique. Le manifeste du surréalisme se définit d’ailleurs, comme « un automatisme psychique pur ». Cette inspiration par l’inconscient nuance la conception du poète élu, en effet elle est « démocratique » : ainsi conçue la poésie peut être pratiquée par tous. Comme le dit Lautréamont « la poésie doit être faite par tous. Non par un » il veut aboutir à une poésie qui soit aussi science de la poésie et en fasse saisir l’origine.

L’inspiration semble relever d’un don, don qui confère au poète toute son ambivalence : mage/prophète/voyant mais aussi pariât en marge de la société. Le poète est un être élu, il est objet et non sujet : une telle conception de l’inspiration poétique le prive donc de tout pouvoir créateur propre, il compose de la poésie pour ainsi dire malgré lui. Pourtant on peut se demander si la part du « génie » n’est pas à prendre en compte et si plus qu’une influence céleste il ne faut pas chercher une voix secrète issue des profondeurs du poète.

2. Une voix issue des profondeurs de l’être et par laquelle le moi se constitue

1) L’inspiration trouve refuge dans la sensibilité du poète.

• L’inspiration apparaît alors comme une expérience existentielle et non comme

une élection divine, elle trouve refuge dans la sensibilité exacerbées du poète : est inspiré celui dont l’émotivité réceptrice vibre intensément à toute incitation reçue. Diderot dans le second entretien sur le fils naturel écrit :

« Qui est ce qui s’écoute dans le silence de la solitude ? c’est lui. Notre poète habite sur les bords d’un lac. Il promène sa vue sur les eaux, et son génie s’étend.[…] L’enthousiasme naît d’un objet de nature […].L’imagination s’échauffe. La passion s’émeut. »

On peut noter l’emploi du verbe pronominal « s’écouter » qui montre bien le mouvement de retour sur soi-même qu’effectue le poète. L’inspiration a , à présent, une origine corporelle, elle s’apparente à une pulsion profonde et l’enthousiasme car Diderot reprend avec insistance le terme platonicien ne relève plus de la descente sur l’homme d’un souffle divin, mais un paroxysme de l’échauffement des sens .Le poète se libère ainsi de la captivité de son génie étroit dont parle Boileau. Le Romantisme reprendra et développera cette conception. Et chez Musset on trouve nombre de formules pour définir cette poésie-effusion qui tend à ce confondre avec l’expérience existentielle du poète :

« ah ! frappe toi le cœur, c’est là qu’est le génie »

• Chez Malherbe qui est plus connu en tant que poète encomiastique qu’en tant que

poète du moi, on trouve dans Poésies des stances qui mettent en avant le repli intime, une sorte de concentration au sens étymologique :

« La mer a moins de vents qui ses vagues irritent, Que je n’ai de pensers qui tous me sollicitent, D’un funestes dessein : Je ne trouve la paix qu’à me faire la guerre : Et si l’Enfer est fable au centre de la terre, Il est vrai dans mon sein. »

Ce qu’il met en vers ici c’est bien l’expression de sa douleur, de son mal être. On aurait pu citer de nombreux vers de Baudelaire extraits des fleurs du mal qui donnent libre cours à la souffrance du poète (les sept vieillards…) avec des images d’horreurs, mais l’image de l’enfer nous a semblé intéressante à étudier. En effet il s’agit pour le poète d’une véritable catabase en lui même , d’une descente dans ses propres enfers. On peut noter d’ailleurs qu’Orphée lui même, le poète a effectué cette descente aux enfers : symbole ou réalité ?

2) Le sacrifice de la vie du poète. Musset

On vient de parler de l’inspiration comme d’une pulsion mais avec l’image de la descente aux enfers, il semble qu’il s’agisse plus d’une pulsion de « mort » que d’une pulsion de vie. Musset prolonge cette conception lyrique de l’inspiration avec l’apologue du pélican dans Les Nuits de Mai. Pour nourrir ses petits affamés, le pélican s’ouvre le cœur et leur fait manger ses entrailles :

« Le sang coule à long flots de sa poitrine ouverte ; En vain il a des mers fouillé la profondeur ; L’Océan était vide et la plage déserte ; Pour toute nourriture il apporte son cœur. Sombre et silencieux étendu sur la pierre Partageant à ses fils ses entrailles de père, Dans son amour sublime il berce sa douleur, Et, regardant couler sa sanglante mamelle

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