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Sociologie L1 : Exposé Sur "L'Opinion Publique N'Existe Pas" De Pierre Bourdieu

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ée, qui, grâce à sa culture politique abreuvée de pamphlets et autres libellés, va diriger la France vers la Révolution de 1789. Celle-ci construit le pouvoir de l'opinion publique même si elle n'est pas aussi large que la notion actuelle.

Le XIXème siècle voit apparaître et se développer les journaux à grand tirage. Ces éditions de masse permettent aux journalistes de conquérir -via le nombre de lecteurs- la légitimité de représenter l'opinion publique. L'achat d'un journal ou d'un autre étant alors vu comme un choix quant aux opinions partagées au sein du journal. L'accessibilité de l'information permet à la masse populaire de mieux s'informer. Mais cette « révolution journalistique » ne peut avoir lieu sans le concours de l'éducation qui, pendant ce siècle, se développe même si elle est encore réservé à l'élite.

En 1848, le suffrage universel s'impose permettant aux hommes de voter. Malgré cette « égalité » des voix, il reste une opposition entre opinion des lettrés et opinion populaire. Cette opinion populaire est incarnée principalement par les ouvriers (émergence de la classe ouvrière avec la révolution industrielle). Les manifestations -interdites à cette époque- donne vie par le nombre de manifestants à l'opinion de rue.

Au début du XXème siècle, la notion d'opinion publique est floue et complexe. Elle est composée de trois corps. En premier lieu, l'opinion publique est incarnée par les représentants élus au suffrage universel. En deuxième lieu, elle se répand via les journaux et les opinions des journalistes. En dernier lieu, elle prend corps au travers de l'opinion de rue, Cette opinion de rue est en tension avec les représentants élus. En 1936, par l'intermédiaire du Front Populaire et autres syndicats et associations, l'image de l'opinion de rue se transforme et le nombre en fait un véritable poids politique.

Dans les années 60, se mettent en place les sondages d'opinions, après leurs succès de « prédictions électorales » aux USA. Et c'est l'avènement de ces méthodes scientifiques de connaissance des opinions qui donnent toute sa légitimité aux sondages d'opinion. Ces enquêtes -commanditées par des médias, des entreprises ou des gouvernements- sont construites de manière rationnelle, scientifique et la représentativité des échantillon leur permet d'incarner l'opinion publique.

Mais, même si la représentativité des échantillons donne un caractère démocratique, certains intellectuels, tel que Pierre BOURDIEU, remettent en questions, non la scientificité de ces enquêtes, mais leurs bienfondés. Pour cela, Pierre BOURDIEU s'appuie sur trois postulats du sondage d'opinion afin de prouver qu'il est une création de toute pièce de l'opinion publique même s'il a acquis sa légitimité.

Définition de l'opinion publique : L'opinion publique est un des fondements démocratiques d'un régime, elle désigne une entité fictive, floue et fluctuante. L'amalgame entre sondage d'opinion et opinion publique fait de cette dernière un agrégat d'opinions individuelles.

L'opinion publique est une notion -quelque chose de mobile, de mouvant- et non un concept figé soumis à des lois même si l'opinion de chacun est assez figée et basée sur les capitaux culturel, économique et sociaux des individus.

Utilité, usage : La mesure et la fabrication de l'opinion publique est historiquement un instrument de pouvoir et de coercition puisqu'au départ, le but de sa mesure était d'infiltrer, censurer et réprimer puis de connaître, prévoir et contrôler les opinions individuelles.

Actuellement, l'opinion publique est une arme de pouvoir car les sondages d'opinions qui la fabrique sont des outils de manipulations. D'où la critique de Bourdieu « l'opinion publique n'existe pas » puisqu'elle est fabriquée par les instituts de sondages. (IFOP, Institut Français d'Opinion Publique, 1938, SOFRES, Société FRançaise d'Enquêtes par Sondages, 1962)

Comment Bourdieu nous démontre-t-il l'inexistence de l'opinion publique ??

Les Trois Postulats :Tout le monde a une opinion.

Les sondages d'opinion s'appuient sur un échantillon représentatif de l'ensemble de la population. Et ils posent les mêmes questions à l'ensemble de cet échantillon, Donc -selon les considérations des instituts de sondages- tout le monde a une opinion. Sauf que, malgré les grand progrès du système éducatif, la démocratisation des enseignements, même supérieurs, et l'accès aux médias de masse (télé, internet, radio, journaux...), certaines questions posées n'ont pas été réfléchies par les individus questionnés avant que les enquêteurs ne leur posent. Le sondage d'opinion n'est alors plus qu'un recueil de réflexion à chaud et non une collecte d'opinions fondées sur une réflexion et/ou une information sur le sujet. Car certaines tranches de la population n'ont guère le temps de se pencher sur certains sujets, au vue des contraintes matériels qu'elles subissent. Il est, par exemple, difficile de s'informer et de se faire une opinion personnelle lorsqu'on travaille 8 heures pas jour dans une usine. Bien souvent, ces classes « démunies » subissent de plein fouet les informations médiatisés et se basent sur ce que les médias légitimes (télévision, journaux, aujourd'hui internet) offrent comme informations pour se faire une opinion.

C'est ce que décryptent Noam CHOMSKI et Edward HERMAN, dans la fabrication du consentement, (2005, agones). Le pouvoir des médias de masse sur les populations et la fabrique de l'opinion publique y sont passés au crible au travers de la mise en évidence de traitement différenciés des informations. Loin d'être adeptes du « grand complot » CHOMSKI et HERMAN tentent de démontrer l'impact des médias dominants et le « tri sélectif » qu'opèrent ceux-ci sans forcément s'en rendre compte. Ainsi, par la comparaison du nombre de lignes diffusées dans le journal New York Times sur deux événements similaires -génocide au Cambodge et génocide au Timor- ils nous montrent que le traitement de l'information est totalement différent selon l'auteur des faits (la guerre froide USA/URSS entraine aux USA une dramatisation des faits commis par les populations soutenues par le bloc soviétique). Pour les deux éminents intellectuels, cette dramatisation des évènements permet la cohésion sociale. C'est « l'illusion nécessaire » au bon fonctionnement de la société, C'est une forme douce de coercition des masses, même si, selon CHOMSKI, tout le monde est capable de « voir » et de « savoir ». Somme toute, et il le dit lui-même, tout le monde n'a pas le temps de comparer autant les informations. C'est un travail à plein temps! Pour lui, l'acquisition des connaissances -qu'il offre au Massachusetts Institut of Technology- est comme un « cours de self-defence intellectuels ». On retrouve cette idée chez BOURDIEU avec La sociologie est un sport de combat (Pierre CARLES, 2001). Car pour ces penseurs, l'accès à une vision de la société telle qu'elle est -et non telle que les dominants souhaitent qu'on la perçoivent- nécessite que les individus s'efforcent de percevoir objectivement les évènements et de voir le monde autrement qu'au travers du prisme de la télévision ou des médias dominants. Dans Sur la télévision (réalisé et diffusé en 1996), BOURDIEU montre les pressions faites sur les journalistes via l'audimat et les investisseurs privés, sans que ceux-ci ne les perçoivent. Dans cet interview, il explique les tenants et les aboutissants de la recherche du sensationnel et de la dramatisation des évènements que pratiquent les journalistes. Il s'appuie sur l'homogénéité des informations exposées au public afin de démontrer la recherche de l'unanimité, du consensus. Donc, si « tout le monde a une opinion », elle peut être fortement influencée par les médias et n'est donc pas produite par une réflexion individuelle mais par une forme de fabrication du consensus notable dans la logique

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