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Zadig

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uve des énigmes et retrouve ainsi l’amour et le pouvoir auxquels son mérite le destinait (ch. XIX).

On peut donc, à la lecture de cette vie parsemée de déboires aussi brusques qu’imprévisibles, s’apercevoir que Zadig est un conte au confluent de trois traditions : tout d’abord du conte de fées mis à la mode par Perrault et Mme d’Aulnoy, puis modifié par le goût de l’Orient auquel a contribué le recueil de contes persans, chinois et arabes, intitulé Les Mille et une Nuits, traduit par Galland en 1704. À l’invraisemblance des premiers, se sont ajoutés le dépaysement, la sensualité et la cruauté du récit oriental. Ensuite Zadig ressortit au roman picaresque qui rapporte la lente ascension sociale d’un pauvre hère bientôt suivie d’une descente brutale à la suite d’un coup du sort à laquelle succédera une nouvelle remontée. Au cours de ces mésaventures, le héros apprend une philosophie de la vie et réfléchit sur le destin qui mène le monde. Enfin le conte de Voltaire appartient au roman précieux et sentimental qui relate les tribulations de deux amants séparés, retrouvés puis à nouveau éloignés par le meurtre, l’esclavage, la fuite, les combats ou la capture.

Cependant le genre prédominant est bien le conte oriental qui parvient à synthétiser les divers aspects de la tradition romanesque.

Un conte satirique

Voltaire a d’abord utilisé la fiction orientale pour tourner la censure ou le pouvoir qui, par deux fois déjà, lui avait fait goûter au confort très restreint de la Bastille.

Voltaire règle donc quelques comptes dans Zadig aussi. Derrière l’archimage Yébor, se cache l’évêque Boyer, ennemi déclaré du philosophe ; derrière Orcan se dissimule le chevalier de Rohan qui avait fait bâtonner le jeune Arouet après que l’auteur de Zaïre eut dénoncé sa tricherie au jeu de la reine. Mais d’une manière générale, Voltaire égratigne tout le monde : le fanatisme des prêtres et leur ignorance, la vénalité des ministres, la sottise des médecins, le coût de la justice et son manque d’impartialité. Sans arrêt, nous devons chercher les clefs qui nous ramènent à la Régence ou au règne de Louis XV. En fait derrière la fiction babylonienne, Voltaire nous brosse le portrait de Paris, n’hésite pas à dénoncer les travers sociaux : futilité des conversations, médisance, plaisirs faciles, vanité et susceptibilité de la noblesse, et même à exposer ses idées sur l’art. Voltaire, avec quelque précaution, dénonce aussi l’absolutisme qui n’épargne ni celui qui parle, ni celui qui se tait, et d’une manière générale un monde où qualités et mérite ne sont pas reconnus.

Un conte philosophique

Zadig a conservé du conte une suite d’aventures mouvementées mais schématisées à la psychologie sommaire. En fait, l’histoire n’est qu’un prétexte à instruire. Déjà l’épître dédicatoire est révélatrice. Voltaire nous y apprend son intention de dispenser des vérités philosophiques à un public qui ne lisait pas ses œuvres sérieuses : les femmes, grandes amatrices de récits étranges et larmoyants. D’ailleurs la parodie du style fleuri du conte oriental par la surcharge, l’humour ou l’ironie nous invite à ne pas nous laisser séduire par l’étrangeté du récit. Zadig est un ouvrage "moral, philosophique digne de plaire à ceux qui haïssent les romans", c’est un "ouvrage qui dit plus qu’il ne semble dire". Nous voilà prévenus !

Ainsi, au-delà de l’absurdité apparente du conte, le philosophe va essayer de nous faire découvrir quelques principes rationnels. Zadig, qui veut dire "juste" en sémitique, est un sage en quête de la vérité. Tour à tour détective à la manière de Sherlock Holmes mais qui aperçoit que toute vérité n’est pas bonne à dire (ch.III), ministre qui expose les rêves politiques de son créateur, juge très proche de Salomon, bon, équitable, perspicace, il cherche sans cesse la vérité au-delà des apparences.

Zadig est d’abord une réflexion sur le bonheur : toutes les fins de chapitre sont scandées par les mots heureux ou malheureux. Il est vrai que le bonheur de Cirey se dégrade : les femmes, et Mme du Châtelet en particulier, sont infidèles. Soumis au temps, l’homme mesure la vanité de ses entreprises, l’échec le guette au moment où il croit avoir gagné. Voltaire fait passer un certain pessimisme, fruit de ses propres désillusions.

Ce conte est ensuite une réflexion sur la liberté de l’être et le déterminisme : comment peut-on concilier la liberté individuelle et l’ordre voulu par Dieu ? En face de l’absurdité apparente, l’ange Jesrad apporte une explication partielle : l’incohérence de notre destinée est la conséquence d’une vue limitée. Si nous avions plus d’élévation spirituelle, nous pourrions mieux juger de l’ordre universel. La position de Voltaire est alors proche de celle de Leibniz : "il n’y a point de hasard : tout est épreuve ou punition, ou récompense ou prévoyance". Même l’existence du mal est justifiée.

Plus important encore, Voltaire, en philosophe qui croit à la raison, nous livre une pédagogie, cherche à rééduquer notre manière de penser. Sans cesse, l’auteur de Zadig oppose à la clarté de la raison, le style oriental, toujours entaché d’exagération, de mensonge. Tout le récit est bâti sur cette dualité. Si la trame linéaire des mésaventures

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