Le forgeron, Arthur Rimbaud
Analyse sectorielle : Le forgeron, Arthur Rimbaud. Rechercher de 54 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar luclic • 16 Juin 2025 • Analyse sectorielle • 1 537 Mots (7 Pages) • 15 Vues
Explication linéaire « Le Forgeron 9,
Cahiers de Ik)uai, Rimbaud, extrait vers 57 à 85 parcours « Emancipations créatrices »
Présentation ;
Les Cahiers de Douai ont été écrits par Arthur Rimbaud à l'âge de 16 ans, en 1870. Ils rassemblent plusieurs feuillets appartenant à des cahiers d'écolier sur lesquels le jeune poète avait recopié ses poèmes (à Douai) avant de les confier à son ami Paul Demeny. Le recueil est constitué de 22 poèmes et sera publié à titre posthume en 1895
Le poème étudié est le 14ème du recueil ; il appartient au premier cahier. C'est un poème très long de 178 vers, tous des alexandrins à rimes suivies. Rimbaud s'inspire de Louis Legendre, un révolutionnaire qui n'était pas forgeron mais boucher et qui s'est véritablement adressé à Louis XVI. Rimbaud choisit la date du 10 août 1792, date de la prise des Tuileries, entraînant la chute de la monarchie. Juste avant ce passage le forgeron a rappelé comment le peuple est maltraité par le roi et son entourage.
Lecture du texte
Problématiques possibles : Comment, en mettant en scène la parole du forgeron, Rimbaud évoque-t-il une parole de révolte ? Comment, à travers le forgeron, Rimbaud donne-t-il à entendre sa révolte ? Comment Rimbaud donne-t-il force à l'expression d'une révolte ?
Mouvements :
- Mouvement 1 : V.I à v.9 « récit de la prise de la Bastille »
- Mouvement 2 : VIO à v.21 « l'espoir du peuple » ou « des Hommes en marche » ou
« l'amour au cœur »
- Mouvement 3 : v.22 à v.29 « la menace du peuple » ou « vague de violence » ou « violence révolutionnaire »
Mouvement 1 : V.I à v.9 : le récit de la prise de la Bastille
Le passage débute au discours direct. Le forgeron s'adresse au roi en manifestant une opposition aux habitudes de la monarchie. Deux négations se succèdent « Non » V.I et « n'est plus » v.3. Il utilise de plus un vocabulaire familier voire ordurier qui rappelle le peu de considération du roi pour le peuple « saletés » V.I et « putain » v.2. Le ton se veut violent et vindicatif avec l'interjection « Oh ! » et la multiplication des points d'exclamation dans tout le passage (ici V.I. 2, 7, 9). Il ne s'agit plus de se taire devant le roi mais bien de faire entendre sa voix
Le « Peuple » v.2 devient un personnage à part entière, il prend une majuscule. Le récit se fait å la 1ère personne du pluriel « nous » v.3. Il s'agit bien de montrer la force de cette foule en associant le pronom indéfini « tous » v.3. devant « nous » sujet.
La prise de la Bastille apparait d'abord comme le mouvement du peuple contre un individu, le roi. Le « nous » s'oppose au déterminant possessif « ta » v.3. Nous remarquons qu'il n'existe plus de marque de respect puisque le forgeron tutoie le roi. De plus, il a suffi de « trois pas » seulement (contre-rejet en fin de vers 2) pour détmire la Bastille. Cette destruction est mentionnée avec la rime riche « poussière » / « pierre » ainsi que les mots « croulait » v.9 et « nous prîmes la tour » v.9
Le récit historique va se construire à l'imparfait, et la prison devient un être vivant, monstrueux d'abord une « bête » v.4 (métaphore - animalisation qui rabaisse) puis une personne « la Bastille debout » v.5 (personnification). Elle est un lieu insalubre « dégoûtant » v.5, aux « murs lépreux » v.6. L'allitération en [t] vers 6 et 7 « tout », « toujours, « tenaient » manèle la violence de l'enfermement.
Le mouvement se termine avec un changement de destinataire dans le discours direct. Le forgeron ne s'adresse plus au roi mais au peuple, qu'il désigne à travers le mot « Citoyen ». Nous remarquons que le terme est au singulier mais répété v.8 dans une double apostrophe. La prise de la Bastille a fait du peuple des citoyens qui sont avant tout des individus uniques et non plus une foule. L'époque révolue est qualifiée de « passé sombre »
v.8 qui rappelle le vers 1 « Ces saletés-là datent de nos papas ! » : une page se tourne.
Mouvement 2 : v.10 à 21 1'espoir du peuple
La révolte du peuple apparaît avant tout comme une révolte fraternelle, elle montre l'unité entre les hommes, avec un champ lexical de l'amour avec les mots « cœur » v.10 « amour » v.l(), « embrassé » v.ll, « poitrines » v.ll « pas de haine » v.20 « être doux » v.21. Notons que le vers 10 s'achève sur « amour » et le vers 21 sur « doux ». Ces deux mots encadrent notre passage et contrastent avec le mouvement 1.
Le peuple retrouve son humanité, ce sont des « Hommes » v.16 réhabilités, fiers avec le « front haut » v.14. Le champ lexical du corps humain le rappelle (avec « poitrines » v.ll, « narines v.12 — rime riche — « front » v.14 « main » v.20). Le forgeron parle avec la simplicité de son langage. Il ne sait pas forcément nommer les sentiments « quelque chose au cœur »
v.IO, « ça nous battait là » v.13, « comme cela » (accompagné sûrement d'un geste) et compare le peuple à ce qu'il connaît « comme des chevaux » v.13.
La marche vers la Bastille est présentée comme celle d'une armée avec les verbes de mouvement à l'imparfait « marchions » v.13, « allions » v.14 et les participes présents « accourant » v.15 et « agitant » v.19. La tradition militaire pour se donner du courage avant le combat apparaît avec l'ouïe : nous « chantions » v.13 ; présence de « clairons » v.19. Cette armée peu conventionnelle dont l'uniforme dit l'origine sociale avec des « vestes sales » v. 15, remporte l'adhésion de toute une ville. La synecdoque « Paris accourant » et l'image du « front haut » rappellent la fierté et la popularité des révolutionnaires.
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