Voltaire, Candide, ou l’Optimisme, chapitre 3

Athala Muresan – Séminaire LT16 – Méthodes de lecture (Dr Alexandra Fradique-Gorichon-Herren, UNIFR)

Date: 07.10.2025

Voltaire, Candide, ou l’Optimisme, chapitre 3 : “Comment Candide se sauva d’entre les Bulgares, et ce qu’il devint.”

Ce chapitre présente une satire féroce de la guerre et de ses vanités. Candide, enrôlé malgré lui, assiste impuissant à la bataille opposant Bulgares et Abares : spectacle terrible, mais décrit avec autant de légèreté et d’ironie que les belligérants, pourtant survoltés par leur religion, ont de mépris pour les vies humaines. La gloire militaire se révèle être une vaste « boucherie héroïque » : des milliers d’hommes meurent vainement tandis que Candide, pétrifié par la peur, se cache pour échapper à ce carnage.

Alors que chaque camp rend grâce à Dieu pour sa victoire, Candide prends la fuite à travers champs. Il traverse un village abare et un village bulgare, tous deux ravagés. Par ce spectacle macabre, Voltaire ironise sur les « héros » respectifs commettants exactions de part et d’autre, tout cela sous la bonne légitimation des « lois du droit public »..

Candide quitte ce théâtre pour la Hollande, qu’il imagine être une terre de charité fraternelle. Arrivé, ses illusions s’envolent. Les habitants qu’il implore le repoussent avec dureté : les notables à qui il demande l’aumône le menacent d’emprisonnement, un prédicateur l’insulte, sa femme l’asperge d’immondices. Sa naïveté se heurte à la pieuse hypocrisie des bonnes gens.  La satire est poussée à son comble lorsqu’un bon samaritain vient enfin à son secours en la personne d’un anabaptiste... Celui-ci lui offre le gîte et le couvert et lui propose même sa protection.

La cruauté des bons chrétiens contraste avec la bonté d’un homme qui s’est pourtant absout de toute allégeance à l’Église. La thèse humaniste de notre héro est brièvement évoquée : « tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles ». Mais déjà la rencontre finale avec un mendiant purulent annonce que le mal n’a pas fini d’être dévoilé. À travers cette étape du voyage, Voltaire met à mal l’optimisme philosophique devant l’expérience douloureuse de la réalité cruelle d’un monde fanatique et belliqueux.