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Analyse de l'incipit de Charlotte

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Par   •  2 Février 2020  •  Commentaire de texte  •  1 331 Mots (6 Pages)  •  1 610 Vues

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La première Charlotte

I. Pour guider votre analyse

A. L’héritage de Charlotte

Evoquer l’héritage d’un personnage romanesque comme un poids sur sa destinée a été le propos des romanciers naturalistes du XIXème siècle ; on ne peut évidemment ici parler de mouvement naturaliste car il s’en faut d’un siècle ! Néanmoins, le personnage est ici ancré dans sa lignée, ne serait-ce qu’en raison de son prénom qui raisonne comme une malédiction sur elle.

Cet incipit retrace donc la généalogie de l’héroïne éponyme. Ainsi, deux femmes portant le même prénom sont évoquées : le personnage principal du récit et sa tante qui se prénommait également Charlotte. L’héroïne est présente dès la première ligne, mais elle cède ensuite la place à sa tante et au drame qui l’a frappée. Nous l’appellerons Charlotte 1. Sa présence s’impose dés la 1ère ligne avec sa « tombe ». Le registre tragique est donc annoncé.

Face à cette mort, la réaction de Franziska est évoquée d’une manière très simple et épurée, dans une sorte d’euphémisme (atténuation de la réalité) : « La sœur pleure. » Le lecteur constate ensuite que la tristesse laisse la place à la culpabilité : « elle se sent responsable ». La répétition de la négation « rien » renforce l’incompréhension qui accable le personnage. De même, l’emploi de l’expression « la culpabilité au cœur » confirme l’impossibilité pour Franziska d’oublier. Mais le silence entre les personnages frappés par ce malheur laisse aussi augurer une cicatrisation difficile, comme le laisse comprendre le choix u prénom Charlotte pour l’enfant de Franziska.

L’héroïne du récit semble enfermée dans un héritage familial morbide car sa mère ne peut oublier le suicide de sa sœur. La première phrase nous montre qu’elle partage avec sa fille le rituel du recueillement sur la tombe de sa sœur : « Charlotte a appris à lire son prénom sur une tombe. » Elle ne cherche donc pas à protéger sa fille, et lui révèle très tôt la tragédie familiale. L’impression du lecteur est qu’elle e complaît même dans une forme de ressassement qui doit être pour elle sa punition pour n’avoir rien su empêcher.

B. Une tragédie familiale

Aucune explication n’est donnée au suicide de Charlotte 1 mais la galerie des portraits familiaux éveille pour le lecteur un questionnement : Le grand-père de Charlotte d’abord est décrit comme un homme froid et distant, passionné mais coupé du reste du monde : « Un intellectuel rigide », « rien n’a davantage d’intérêt qu’une poussière romaine ». Un homme accordant plus d’attention aux objets du passé qu’à ses proches. Quant à son épouse, elle dégage une sorte de mélancolie : « une douceur qui confine à la tristesse ». C’et onc le portrait d’une femme en retrait et éteinte qui se dessine, comme si elle n’existait pas vraiment. C’est donc une enfance hors du monde que les deux sœurs ont vécu : On sent que la mère et la sœur de Charlotte évoluent dans une famille où la retenue et le silence sont des principes.

Le narrateur évoque le mal qui frappe peu à peu la première Charlotte à travers le terme « lenteur ». Mot qui évoque le mot langueur, que l’on peut rapprocher de la neurasthénie ou de la dépression. Mais aucun nom médical n’est donné comme si l’explication n’avait jamais été recherchée pour son acte. On trouve ainsi le champ lexical de la lenteur : « C’est par la lenteur que tout commence », « elle fait tout plus lentement », « Quelque chose ralentit en elle », « l’apparition de la lenteur ». Le mal-être de la jeune femme va crescendo. La lenteur devient une forme de « mélancolie », renforcée par l’adjectif « ravageuse » qui évoque la fatalité tragique qui s’apprête à la frapper. Elle est plongée dans « des rêveries un peu longues ». Puis c’est « la nuit ». On comprend ainsi que la première Charlotte est prise au piège de ce mal.

La description des derniers instants de Charlotte fait apparaître une jeune femme déterminée à mourir. Il n’y a aucune hésitation. Elle se rend sur le lieu choisi « rapidement ». De même, la répétition du mot «pont» révèle que la jeune femme avait précisément déterminé le lieu de son décès : « Elle sait depuis longtemps qu’il sera le dernier pont. » Le complément circonstanciel de manière « Sans la moindre hésitation » confirme sa détermination. Charlotte va accomplir son destin de façon théâtrale et terrible.

C. Un incipit original

Un incipit a le devoir de situer précisément pour le lecteur le moment, le lieu, l’intrigue à venir et la caractérisation des personnages.

La narration ne suit pas la forme habituelle de la prose. En effet, les phrases sont souvent brèves et disposées comme des vers. On se rapproche ainsi d’une version poétique du roman. Chaque phrase semble contenir une unité dissociable du reste du récit. On constate, en outre, la présence de nombreuses phrases nominales, comme si le narrateur oscillait entre vers longs et vers courts. Un premier coup d’œil sur les pages du récit permet donc de s’apercevoir de la forme originale de la narration où, parfois, le silence prend plus d‘importance que les mots.

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