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Bilan séquence Incendies

Cours : Bilan séquence Incendies. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  19 Août 2021  •  Cours  •  4 816 Mots (20 Pages)  •  370 Vues

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Séquence 4  - le théâtre et la violence
Œuvre Intégrale -
Incendies, Wajdi Mouawad

Séance 6 – Bilan de la séquence

Question 1 – Bilan sur la pièce étudiée.

Comment la violence est-elle représentée dans Incendies ?         

Pour répondre à la question, il faut avoir en tête les différents aspects suivants :

Violence directe (visible/audible sur scène, actes violents, insultes, cris) /violence indirecte (par l’imagination, par la compréhension, par l’ironie)

Qui fait violence à qui ? Un personnage à un autre personnage ? L’auteur aux spectateurs ?

Quelle est la nature de la violence représentée ou sous-entendue ? Violence physique / violence verbale / Violence psychologique.

Dans quel but cette violence est-elle représentée par l’auteur ? Pour choquer /pour émouvoir/  pour dénoncer / pour symboliser / pour créer l’illusion théâtrale / pour faire réfléchir

Représentations de la violence

Fonctions de la violence

LA n°9 

scène 19,

« les pelouses de banlieue »

> Violence indirecte du récit de l’incendie de l’autobus par Nawal. A travers ses mots, Nawal fait imaginer à Sawda et aux spectateurs (double énonciation) le massacre (violence physique) duquel elle a été spectatrice. « sa peau a fondu, et la peau de l'enfant a fondu et tout a fondu et tout le monde a brûlé ! »  

> Violence indirecte de l’image du feu et de l’incendie, qui symbolisent la destruction physique, mais aussi psychologique des individus. En effet, le mot « incendie » évoque le titre de la pièce, mais aussi sa structure en quatre parties, quatre incendies différents, qui sont les épreuves que chaque personnage (Nawal, Jeanne, Simon) doit traverser pour faire face à la vérité insoutenable.

>Violence directe de la parole de Simon envers Jeanne, qui souligne le conflit et le désaccord entre le frère et la sœur. La violence s’observe ici avec le juron associé à une ponctuation expressive qui semble indiquer, par une didascalie interne, la colère de Simon, qui est présente dans de nombreuses autres scènes. « Tu vas faire quoi ? Fuck ! Tu vas aller le trouver où ? »

> Violence directe sonore de la scène, entre les cris des personnages des personnages sur scène  (Sawda, Simon, Nawal) et les bruitages indiqués dans les didascalies. Les cris des personnages sont sous-entendus par la ponctuation exclamative. « SAWDA. (hurlant) Nawal ! » / « Bruits de marteaux-piqueurs. »/ « Longue séquence de bruits de marteaux-piqueurs qui couvrent entièrement la voix d'Hermile Lebel. » / « SAWDA. Sawda !  SIMON. Jeanne ! Jeanne, reviens ! »

> La violence du récit a pour but de provoquer l’effroi du lecteur-spectateur, de le choquer en pensée afin de dénoncer les ravages de la guerre civile. 

> La violence indirecte de l’image du feu et de l’incendie a un but esthétique et symbolique (elle est facile à imaginer pour le spectateur, et elle représente facilement l’idée de destruction) mais c’est aussi une image ambivalente : le phénix, qui renaît de ses cendres, fait du feu une épreuve nécessaire, qui permet de repartir sur des bases nouvelles.

> La violence directe de la parole a pour but de créer un effet de réel et de cohérence par rapport au conflit opposant les personnages.

> La violence directe sonore de l’ensemble de la scène est symbolique de la tension dramatique et du sentiment d’urgence à l’œuvre dans ce passage de l’intrigue.

LA n°10

Scène 31

« l’homme qui joue »

> Violence directe physique et sonore de l’exécution sur scène du photographe par Nihad. Cette représentation de la mort sur scène va à l’encontre de la règle de bienséance du théâtre classique. De plus, cette exécution est doublement visible par le spectateur, si le metteur en scène respecte les indications données par les didascalies : la projection de la photographie prise au bout du canon au moment de la mort réalise une sorte de gros plan obscène sur la mort, simultanément à la vision globale de la scène. « Nihad tire. L'appareil se déclenche en même temps. Apparaît la photo de l'homme au moment où il est touché par la balle du fusil. »

> violence directe physique de Nihad sur le photographe : avant même d’être mis à mort, le personnage est maltraité, comme l’indiquent les didascalies externes. « Nihad est debout, toujours au même endroit. Il revient, tirant par les cheveux un homme blessé. Il le projette au sol »

> Violence indirecte psychologique de Nihad sur le photographe : le personnage a peur de mourir, et il est impuissant face à son bourreau. Ses paroles trahissent ses émotions fortes et expriment la situation tragique de la scène. On le voit à travers l’utilisation des points de suspension et la ponctuation expressive, qui témoignent de la peur et de la supplication du photographe. « Non ! Non ! Je ne veux pas mourir ! » / « L’HOMME.... Oui... Je voulais prendre un franc-tireur... Je vous ai vu tirer... je suis monté... mais je peux vous donner les pellicules... »

> La violence directe de cette exécution a pour but de choquer le spectateur, afin de transformer le personnage de Nihad en véritable monstre.  Elle crée alors chez lui un profond dégoût de ce personnage. Elle assouvit également le voyeurisme du spectateur en donnant à voir ce que la morale interdit.

 

> la violence directe de cette maltraitance crée l’illusion théâtrale et est cohérente avec la relation établie entre les personnages : ces actes violents permettent au spectateur de comprendre qu’on a un bourreau face à sa victime, et crée un effet de suspens concernant le dénouement de la scène.  

> La violence indirecte psychologique crée la terreur et la pitié chez le spectateur, qui assiste à une situation tragique. Elle lui permet d’expérimenter la catharsis, la purgation des passions.

LA n°11

Scène 35

« La voix des siècles anciens »

> violence indirecte, physique et psychologique, du portrait de tueur que Chamseddine fait de Nihad : à travers ses mots, il décrit un homme qui se caractérise principalement par l’acte de tuer. Il fait notamment un récit bref de l’une de ses tueries les plus illustres.  « il a appris à manier les armes. Un grand tireur. Redoutable ». / « Machine à tuer » / « Il avait tué sept de leurs tireurs. Il les avait visés dans l'œil. La balle dans leurs lunettes. »

> violence indirecte et psychologique dans le récit que Chamseddine fait des causes de l’évolution de Nihad : le personnage laisse entendre que la folie de Nihad est causée par le désespoir de ne pas avoir réussi à trouver sa mère. La quête de la mère est associée à la quête du sens : l’échec de l’un entraîne l’échec de l’autre. «  J’ai fini par comprendre qu’il tentait de retrouver sa mère. Il l'a cherchée des années, sans trouver. Alors il s'est mis à rire à propos de rien. Plus de cause, plus de sens, il est devenu franc-tireur. »

> Violence indirecte et psychologique de la révélation faite par Chamseddine à Simon : le vieil homme élucide la quête de Simon en lui révélant que Nihad est à la fois son frère et son père. Simon doit faire face à plusieurs découvertes : il est le fruit d’un viol, mais surtout d’un inceste ignoré par Nihad et sa mère. L’absurdité et l’horreur de cette situation tragique est perceptible dans les répétitions de Chamseddine : « Non, ton frère n'a pas travaillé avec ton père. Ton frère était ton père. […] Il a cherché sa mère, l'a trouvée mais ne l'a pas reconnue. Elle a cherché son fils, l'a trouvé et ne l'a pas reconnu. […] Tu comprends bien : il a torturé ta mère et ta mère, oui, fut torturée par son fils et le fils a violé sa mère. Le fils est le père de son frère, de sa sœur. »

> Cette violence indirecte dans le portrait de Nihad entretient le dégoût et l’horreur en faisant de lui, dans la continuité de la scène 31 et 33, un monstre sanguinaire et sans pitié. 

> Cette violence indirecte crée un coup de théâtre chez le spectateur, qui est poussé, de manière implicite, à avoir pitié de Nihad alors même qu’il est monstrueux. Le personnage acquiert ainsi une dimension tragique inattendue. Il est, dans une certaine mesure, une victime du destin.

> Cette violence indirecte crée l’horreur du spectateur, qui comprend l’ironie tragique reliant Nihad et sa mère. Cette situation est effroyable et absurde. Elle choque le spectateur et provoque la catharsis.  

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