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Biodiversité En Zone Cotonnière: Pratiques Dévastatrices Versus Discours Protecteurs À Banikoara

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couvre une superficie de 4.383 km2 dont 2.148 km2 soit 49% de terres cultivables et 51% déclaré zone classée et abritant le parc w. par ailleurs, depuis une trentaine d’années, la commune de Banikoara est la première commune productrice du coton au Bénin avec un taux annuel estimé à 15% de nouveaux champs du coton. En moyenne, 150 hectares sont emblavés chaque année. En effet, le prix du kilogramme baisse ; or, les paysans ont désormais adopté un niveau de vie et nourrissent des ambitions multiples et multiformes. Le coton est la seule culture qui permet aux paysans de Banikoara à avoir accès au revenu. Les jeunes garçons pour leur part, se détachent plus tôt le champ familial pour cultiver des champs individuels. Alors, les producteurs pour pouvoir satisfaire à leurs besoins accroissent annuellement leurs champs de coton. Face à cette pression anthropique sur le foncier et la biodiversité végétale, comment les producteurs de Banikoara appliquent-ils les dispositions légales de protection de la biodiversité ?

1. Méthode et matériels

Néanmoins, la plupart de ces grandes théories universalistes ont abordé la problématique de la crise de l’environnement d’une manière plus ou moins concurrentielle. Ces travaux ont été englobant, et apparaissent plus comme le résultat d’une histoire, d’une pensée, d’une culture dans un cadre d’analyse universaliste. Ces travaux ont révélé leurs limites par des situations locales souvent très complexes. Dès lors, les solutions proposées semblent être horizontales et peuvent être considérées comme des "clés passe-partout". Dans cette recherche, ces « modèles logiques de la réalité » (Chaplier, 2005 : 17) sont prises pour des orientations. Cette recherche ne sera pas basée sur un point de référence absolu et stable autour duquel sera constitué un regard théorique. Car,

« si l’on prétend découvrir quelque chose de nouveau par une analyse qualitative, alors il ne faut pas être aveuglé par une grille, mais d’autre part, si l’on ne veut pas réinventer la roue et si l’on veut savoir où regarder pour mieux trouver, alors les recherches et théories disponibles sont incontournables » (Paillé et Mucchielli, 2010 : 17).

Cette assertion montre la complexité de la recherche qualitative. Le chercheur est appelé à concilier rigueur et flexibilité, à tenir compte de l’existant mais aussi à innover. C’est ce que l’étude a tenté de faire en se basant et en regroupant certaines recherches réalisées sur le coton autour de trois principales théories.

Les résultats qui suivent sont obtenus grâce à la combinaison de quatre méthodes qualitatives. Il s’agit de la revue documentaire, de l’observation, de l’entretien non-directif et de l’usage de l’appareil photographique.

Nous avons étudié grâce aux documents des archives nationales, du ministère de l’agriculture de la pêche et de l’élevage, du ministère de l’environnement et de la protection de la nature, de la mairie de Banikoara les différents textes de lois sur la protection de la biodiversité de la période coloniale à la période dite de « changement ».

Nous avons observé l’état actuel de la biodiversité végétale et les pratiques des producteurs dans l’occupation de nouvelles superficies.

Nous nous sommes entretenu avec 60 producteurs sur leur condition de vie et de travail. Nous avons également réalisé des entretiens avec 3 gardes-faunes, 2 agents des eaux et forêts et 5 agents en service au Centre Communal de Production Agricole (CeCPA) de Banikoara.

Au total, les résultats qui suivent sont obtenus à partir de l’observation de 10 champs nouvellement emblavés et de 70 entretiens réalisés avec les différents acteurs qui interviennent dans la filière coton.

2. Résultats et analyses

1. Dynamique des politiques de sauvegarde de la biodiversité au Bénin

2.1.1 Politiques de protection traditionnelle de la biodiversité à Banikoara

On peut définir les savoirs écologiques traditionnels comme « l’ensemble des connaissances et idées que possède un groupe sur son environnement, lesquelles ont été acquises, construites et transmises par suite de l’utilisation et de l’occupation d’une région sur de très nombreuses générations » (Maillot cité par Chaplier, 2006 : 111). Dans une étude réalisée par Chaplier sur "le conflit à la baie James, pour une anthropologie de la nature dans un contexte dynamique", l’auteur constate que la réflexion sur le savoir écologique traditionnel est relativement récente mais a pris, dans le contexte de la crise environnementale, une importance capitale. La mémoire collective parle d’un ensemble de savoir-faire locaux qui ont permis la sauvegarde de la biodiversité dans les milieux Baatombu pendant la période postcoloniale. Les gardiens de la tradition Baatombu enquêtés sur les pratiques locales de conservation de la biodiversité ont cité diverses pratiques qui sont résumées dans le verbatim ci-dessous.

« les forêts sacrées, l’interdiction de cultiver au bord des cours d’eau, les interdits qui frappent l’exploitation de certains cours d’eaux, l’interdiction de chasser les animaux en gestation, la sacralisation de certains animaux et la consécration de certaines entités naturelles aux divinités constituent des attitudes endogènes de conservation des espèces de l’écosystème. Certains animaux symbolisant un être supérieur ou du fait d’avoir joué un rôle déterminant dans la vie du clan, sont déclarés animaux sacrés. Ils sont en conséquence protégés par les tabous et des interdits. Ces animaux ne sont tués que sur autorisation du chef ou du roi. Les lieux sacralisés sont confiés à des prêtres, prêtresses qui entretiennent entre eux et avec les Autorités traditionnelles des liens particuliers. Ils s’établissent généralement sur la base du pacte de sang et autres rites qui rendent exécutoires les sanctions au-delà des liens de consanguinité » (Saoutogui, Founougo, 2008).

Ces propos certes discutables montrent que les relations entre l’homme et la nature ont été codifiées dans le passé. Cependant, les normes traditionnelles n’ont pas été toujours respectées. Alors, des types particuliers de sanctions ont été prévus. Par ailleurs, les observations réalisées montrent que les forêts fétiches, les forêts cimetières et sacrées sont utilisés comme moyens de protection de la biodiversité en milieu Baatombu. Il existe dans cette même société, des plantes et animaux qui sont vénérés. En cas de prélèvement de l’écorce de ces plantes à des fins médicinales, il faillait observer certains rituels de réparation.

En somme, l’occupation et l’exploitation de l’espace sont régies par des dispositions coutumières fermes. Ces savoirs communautaires ont existé et se sont imposés à plusieurs générations grâce à la présence d’une armature sociale. De même, l’exploitant peut être dessaisi de la parcelle à tout moment que le propriétaire en aura besoin. Sachant qu’il peut être exproprié à tout moment de la parcelle, le bénéficiaire l’utilise sans tenir compte de son éventuel appauvrissement. L’analyse du système foncier révèle néanmoins des mutations dans l’octroi et l’occupation de l’espace agricole, dont il convient de comprendre leurs impacts sur la biodiversité. Pour ce qui est de l’exploitation des cours d’eaux, les différents interdits qui les protègent concourent à réguler la gestion des ressources halieutiques et à les garder propres.

2.1.2 Période coloniale et "gestion militaire"[1] du régime forestier

Le régime forestier du Dahomey est régi par le décret colonial du 5 août 1900. Ce décret fixe les dispositions de l’exploitation des bois domaniaux dans les colonies de l’Afrique Occidentale Française (AOF). Le décret dispose que « nul ne peut entreprendre une exploitation forestière dans les bois du domaine, s’il n’est muni d’une autorisation du gouverneur ou de son délégué. Cette autorisation appelée communément permis est strictement personnelle et n’est délivrée qu’à titre temporaire. Il fixe la redevance imposée à l’exploitation » (art. 1). Ces dispositions sont modifiées dans le journal officiel des colonies de l’AOF n° 1622 du 3 août 1935 en instituant un service des eaux et forêts. S’adressant à Monsieur le Lieutenant-Gouverneur du Dahomey sur l’application du décret forestier, le Gouverneur Général de l’AOF écrit :

« Votre colonie ne possédant actuellement pas de fonctionnaire spécialisé dans la connaissance des questions forestières, j’ai pensé que M. Aubreville, inspecteur principal des eaux et forêts, actuellement en mission temporaire au Niger, pourrait, avant de rejoindre la Côte-d’Ivoire où il prendra la direction du service forestier, profiter de son déplacement au Dahomey, pendant un mois ou deux, pour mettre au point des diverses questions » (journal officiel de l’AOF n° 1622 du 03 août 1935).

C’est par l’arrêté n° 2428 du 4 juillet 1938, que le service des eaux et forêts a été créé. Il constitue la plus vieille administration militaire du Dahomey. A ses origines, le service des eaux et forêts a pour rôle de protéger, conserver et de gérer manu-militari les ressources naturelles en général et des ressources forestières et fauniques en particulier. Dans la sémiologie populaire Baatombu, on peut traduire

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