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Commentaire la visite de la vieille dame

Commentaire de texte : Commentaire la visite de la vieille dame. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  27 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  2 352 Mots (10 Pages)  •  1 735 Vues

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Commentaire de texte : La visite de la vieille dame, Dürrenmatt : p. 81 (entrée de Claire Zahanassian) – Fin.

L’extrait que nous allons commenter est issu de la pièce Allemande La visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt dont la première représentation à eue lieu le 26 janvier 1956 au Schauspielhaus de Zurich. Il s’agit de la pièce de Dürrenmatt la plus jouée au monde. Nous nous intéresserons ici au troisième acte de l’oeuvre et nous commenterons le texte à partir de la page 81 jusqu’à la fin. Nous tâcherons de répondre à la problématique suivante : « Comment ce dernier acte traire avec humour une justice hypocrite et cupide? ».  Afin de répondre à cette problématique, nous évoquerons dans un premier temps l’hypocrisie des hommes qui représente le point central de notre commentaire. Nous nous pencherons ensuite sur la dimension comique du passage, et enfin, nous verrons le rôle qu’a eu cette fin de pièce pour présenter un dénouement apaisé.

Tout d’abord, la pièce et notamment ce passage montre l’hypocrisie des hommes face à une riche femme, Claire Zahanassian. En effet, tous le monde la traite comme une personne privilégiée, l’assomme de compliments et lui octroie tous les droits, non pas car ils la considèrent et la respectent sincèrement plus que les autres, mais car ils attendent quelque chose en retour : son argent. Par exemple, le reporter radio à la page 85 la caractérise comme « si sympathique et si agréable », or nous voyons bien tout au long du livre que son comportement contredit totalement ces deux adjectifs : elle est consciente de cette hypocrisie et de la manière intéressée dont les gens l’a traitent. En retour, elle traite les gens comme des objets ou encore comme si elle était supérieure à eux. Nous pouvons d’abord voir cela dans ce passage par la façon dont elle appelle son mari : « Prix Nobel » et lorsqu’elle dit, p82 : « Un mari, ça doit être décoratif, pas utilitaire. », ou encore « Ils commençaient à trop parler. Je les ai fait envoyer à Bangkok. » (En parlant des eunuques). Par ailleurs, le simple fait que nous ne soyons pas informés des vrais prénoms des différents maris de Claire Zahanassian mais seulement de leur numéros (ici mari IX) ou des différents surnoms qu’elle choisie de leur donner montre qu’elle leur ôte toute individualité et humanité, et qu’ils ne vivent, ici, qu’à travers elle. De plus, elle parle très fréquemment à l’impératif et donne des ordres sans aucune marque de politesse, comme si tout lui était dû : p82 « Un Roméo et Juliette, Boby » ; « Donne nous du feu Boby. »; « Ton bras? La chaise, Roby et Toby. » (p84).

Si les habitants du villages sont hypocrites face à Claire Zahanassian, ils le sont également face à Albert Ill, et toujours dans un même but : l’argent. En effet, durant plus de la moitié du livre, ils le rassurent face au fait qu’ils ne le tueront jamais, que c’est leur citoyen préféré et que tout le monde l’adore. Il est également censé être le prédécesseur du maire. Cependant, plus le livre avance, plus les gens commencent à changer d’avis et être de plus en plus tenté par la « récompense » de Claire Zahanassian, alors dans ce passage, Ill n’est plus l’homme bon et le préféré du village mais devient à leurs yeux, bien qu’il n’ait rien fait de particulier entre le début et la fin de la pièce, un criminel, un homme à bannir et à huer : p87 : « (Huées) » ; p86 « Un parjure! » « Un salopard! »; « Le policier donne un coup à Alfred »; « Lève-toi, salaud. » p91.

On peut constater que ce retournement de situation provient, à l’origine, des différentes figures d’autorité : le maire, le pasteur, le professeur. Ce sont eux les premiers à avoir changé d’avis par rapport au jugement de Ill et au fait d’accepter la donation de Claire Zahanassian. Si le maire, dans son premier discours, était catégorique sur le fait que jamais ce village ne tuerait un des leurs contre de l’argent, au nom de l’humanité, dans ce dernier extrait, son discours est tout à fait opposé au premier; et il y prône cette fois-ci la justice. Les villageois dans tout ça, ne remettent jamais en question les propos du maire, bien qu’ils puissent être parfaitement contradictoires, ils sont toujours suivis d’un tonnerre d’applaudissement. Ce sont des citoyens naïfs et suiveurs, et ce retournement de situation montre qu’ils se déculpabilisent, se déchargent de leur responsabilité dans la mort de Ill en consentant au discours du maire qui, à travers des arguments sur la morale, la conscience, et des valeurs, les convainc qu’ils ne font pas cela pour l’argent : les répétition de la phrase « Pas par amour de l’argent » donnent l’impression qu’ils essayent de se convaincre pour se déculpabiliser. Les applaudissements à répétition au discours du maire p.87 : « (Applaudissements frénétiques) », « Tonnerre d’applaudissements. » conforte dans l’idée de villageois suiveurs qui acquiescent et applaudissent à tout ce qu’on leur dit, ainsi que les « (Silences) » à répétition p.88 qui montrent cette fois-ci une forme de lâcheté des villageois : personne ne contredit ce qui a été dit, personne ne se remet en question.

En second lieu, il est important de souligner la dimension comique de ce passage, qui passe premièrement par le sarcasme utilisé lors de la discussion entre Ill et Claire Zahanassian.

En effet, nous comprenons au cours de la pièce la relation ambigüe entre Ill et Claire qui, à priori, se détestent, Claire Zahanassian souhaitant par dessus tout la mort de Ill. C’est pourquoi il est étonnant de voir les rapports courtois qu’ils entretiennent et la politesse avec laquelle ils s’adressent l’un à l’autre lors de leur conversation. D’abord, lors de l’entrée de Claire dans le bois, elle lui demande si elle peut s’assoir à côté de lui : p81 « Je peux m’asseoir à côté de toi? », ce à quoi il répond « Mais je t’en prie. ». Elle lui présente Voby (Mari IX), Ill l’a félicite : « Félicitations. » p82. Elle lui propose également un cigare, puis elle lui demande si il souhaite que Roby joue quelque chose sur sa guitare. Nous comprenons tout particulièrement l’ironie dans ce dialogue lorsqu’ils abordent le sujet de la mort prochaine de Ill et que ce dernier va jusqu’à la remercier p84 : « Je te remercie pour les couronnes, les chrysanthèmes et les roses. (…) Elles sont du plus bel effet sur le cercueil à l’Apôtre d’or. », en parlant de son propre cercueil, cercueil vers lequel elle-même l’aura conduite.

De plus, de nombreuses contradictions régissent les discours et donnent un côté comique à ce passage. Il y a d’abord la contradiction des villageois par rapport au début: la manière dont il traitent Ill - comme un criminel - est toute différente de la manière dont ils le traitaient au début, c’est-à-dire comme un homme tout particulièrement apprécié dans le village. Ensuite, il y a une sorte de paradoxe dans le discours de Claire Zahanassian, qui souhaite à tout prix voir Albert Ill mourir, mais qui, cependant, montre à plusieurs reprises qu’elle tient fortement à lui. En effet, plusieurs indices montre qu’elle l’aime et se préoccupe de lui, par exemple la manière dont elle le complimente p.83 : « Tu étais fort et courageux. », mais aussi le fait qu’elle ai appris à Roby la chanson préférée de Ill : « Ta chanson préférée. Je la lui ai apprise. ». De plus malgré le fait qu’elle provoque sa mort, il est important de noter les efforts considérables qu’elle a fait pour que son enterrement soit parfait : les couronnes, les chrysanthèmes et les roses qu’évoque Ill p84, « Je t’emmènerai à Capri dans ton cercueil. J’ai fait construire un mausolée dans le parc de mon Palazzo. Entouré de cyprès. Avec vue sur la Méditerranée. ». Enfin, elle fait elle-même comprendre que cet amour qu’elle avait pour lui auparavant n’est pas éteint, notamment lorsqu’elle dit : « Mais ce rêve de vie, d’amour, de confiance, ce rêve jadis réel je ne l’ai pas oublié. Je veux le rétablir avec mes milliards, transformer le passé en te détruisant. », puis « C’est là-bas que tu demeureras. Auprès de moi. » : Malgré tout le mal qu’ils se sont fait, elle veut le garder à ses côtés.

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