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Dissertation à propos d'une réflexion de Bernard Tocanne sur la comédie de Molière. Textes : Tartuffe, Le Misanthrope et Dom Juan

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Par   •  26 Mai 2018  •  Dissertation  •  1 907 Mots (8 Pages)  •  1 027 Vues

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Aurélie Sauvestre

L1 Lettres Modernes

DISSERTATION

Littérature française

« Le souci de l'efficacité comique conduit à simplifier et à styliser le personnage. Molière construit ses grands types autour d'une obsession, d'une idée fixe, qui leur donne la raideur d'un personnage de farce, fait d'eux la proie toute désignée des multiples formes de l'illusion. Mais, pour peindre d'après nature, il leur donne des traits complexes, restituant ainsi la vie. C'est pourquoi l'intrigue, qui repose en général sur un schéma très simple, sert d'abord à confronter le personnage à des situations variées où s'approfondit peu à peu son portrait. […] En menant cette analyse interne des conduits, Molière ne suggère pas d'explication simple et univoque ; il met en œuvre une psychologie de la complexité qui est aussi une psychologie de l'ambiguïté. » Bernard Tocanne, Précis de Littérature du XVIIe siècle

Bernard Tocanne, professeur de littérature, nous livre une réflexion sur la constitution du personnage comique chez Molière, mêlant efficacité comique, personnage de farce, traits complexes, mais aussi la notion de peindre d'après nature, souvent essentielle dans les pièces de Jean-Baptiste Poquelin de son vrai nom. Il convient alors d'en donner une rapide explication. Rencontré en peinture, « d'après nature » définit une façon de peindre, en représentant le modèle réel qui se trouve devant soi. En littérature, c'est sensiblement la même chose. Il faut donner au personnage tous les aspects qui font de lui un être unique, dans sa diversité et sa complexité. De ce fait, cette réflexion pose la question de la complexité qui se révèle au fil de la pièce chez les personnages de Molière, sous leur apparence de personnages de farce. C'est à travers trois œuvres majeures du dramaturge que nous nous interrogerons plus amplement sur le « peindre d'après nature », après s'être penché sur ce qui fait des personnages de Molière des personnages de farce, et enfin nous aborderons rapidement l'indulgence dont il faut faire preuve face aux personnages que nous rencontrons dans Tartuffe, représenté en 1669, Le Misanthrope créé en 1666 et Dom Juan en 1665.

Si nous nous en tenons uniquement au début des pièces, la simplicité des personnages est frappante et ne fait nul doute sur le rôle qu'ils vont tenir. Bien que Tartuffe apparaisse tardivement, à la scène 2 de l'acte II, les commentaires des uns et des autres à son propos nous ont permis de le connaître avant même de le rencontrer. Ainsi, emprunts d'une obsession définissant leur principal trait de caractère, ils sont scélérats pour Tartuffe, misanthropes pour Alceste, et séducteurs pour Dom Juan.

Dans la bouche de ceux qui ont déjà eu affaire à Tartuffe, tel que Damis, dans la première scène du premier acte, pour qui il est « un cagot de critique », qui s'oppose à Madame Pernelle, trouvant que c'est un homme de bien. Essayant de lui ouvrir les yeux, Dorine lui dit « Il passe pour un saint dans votre fantaisie : tout son fait, croyez-moi, n'est rien qu'hypocrisie ». Bourgeois et servantes vont esquisser le portrait du faux dévot jusqu'à son arrivée. Il faut noter que son nom est également un indice sur ses intentions. Aujourd'hui une antonomase, on dit d'une personne fourbe, hypocrite, qu'elle est un vrai Tartuffe. En ce qui concerne Don Juan, nous le découvrons à travers les dires de Sganarelle dès la scène 1 de l'acte I. Ce dernier explique à Gusman « tu vois en Don Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un Turc, un hérétique », « c'est un épouseur à toutes mains » mais « ce n'est là qu'une ébauche du personnage ».

Dans Le Misanthrope, c'est dans le conflit que la psychologie d'Alceste se dévoile. Et il n'arrive pas plus tard qu'au lever de rideau, dès la première scène, «in medias res», captant tout de suite notre attention. Philinte demande à Alceste que lui vaut cette confrontation, lequel lui reproche d'agir comme un ami avec un homme inconnu, en répondant « Je vous vois accabler un homme de caresses […] Et quand je vous demande après quel est cet homme, à peine pouvez-vous me dire comme il se nomme ». Il poursuivra en étant plus insolant encore, « je hais tous les hommes ». Nous remarquons donc qu'Alceste est entêté car « je veux me fâcher, et ne veux point entendre », jaloux, et qu'il ne supporte pas l'hypocrisie.

En dehors des protagonistes, les honnêtes hommes des pièces de Molière sont aussi, mais différemment, très simples. Cléante dans Tartuffe est un homme très apte à la conversation et modérant ses propos. Philinte dans Le Misanthrope maîtrise également la parole, il est patient et sensible à l'opinion. Ces personnages, qui, seuls, n'ont pas un très grand intérêt, rendent le théâtre beaucoup plus productifs une fois confrontés aux scélérats.

Cela peut à première vue sembler réducteur, c'est pourtant ce qui fait toute l'efficacité comique dont parle Tocanne. C'est cet excès poussé au ridicule qui provoque le rire général des spectateurs face aux personnages. Si ils sont appelés « personnages de farce » c'est pour cette simplicité de caractère. La farce, née au Moyen-Âge, est une courte pièce de théâtre, basée sur une intrigue disons secondaire, et dont les personnages sont caricaturaux et peu nombreux.  

Pourtant, de situations en situations, les personnages de farces se révèlent être bien plus complexes qu'il n'y paraissent. 

Si nous revenons à la réflexion de Tocanne, elle confirme ceci, Molière étoffe la personnalité de ses personnages, « restituant ainsi la vie ». En nuançant les personnalités, le dramaturge rend davantage réels ses personnages et donne l'illusion du vrai. Pour ce faire, il les confronte à diverses situations. Ainsi, Tartuffe est un faux dévot dangereux et très habile, pourtant, il s'avère intéressé par les avances d'Elmire dans la scène 5 de l'acte IV.  Mais c'est Elmire qui fait preuve d'habilité, et parvient sans difficulté à lui faire baisser sa garde et se faire prendre, prouvant au grand jour sa luxure à Orgon, le mari aveuglé par le coquin et caché sous la table.

En ce qui concerne Le Misanthrope, pendant le jeu de salon de la scène 4 de l'acte II où Célimène se ridiculise, Alceste ne cesse de dénoncer les portraits que s'amusent à dresser les personnages présents, afin de renforcer son refus des règles sociales, mais ces portraits le poussent à se mettre en défaut et il finit involontairement à participer à ce jeu lorsque par exemple, il dit de Célimène, en s'adressant aux autres personnes présentes, que « c'est à vous et vos ris complaisants ; tirent de son esprit tous ces traits médisants. Son humeur satirique est sans cesse nourrie ; par le coupable encens de votre flatterie ». Alceste est alors emprunt d'une première contradiction. Mais, celle qui rend le personnage plus complexe encore, c'est son amour pour la médisante et coquette Célimène. Alceste est misanthrope et s'assure que tout le monde le sache durant toute la pièce, pourtant, l'homme connaît la passion amoureuse, mais pour une femme qui est tout ce qu'il dénonce. Alceste, jusqu'alors une caricature, devient un personnage complexe.

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