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Exposé sur l'argumentaire de Amour et Folie

Commentaire de texte : Exposé sur l'argumentaire de Amour et Folie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  27 Novembre 2018  •  Commentaire de texte  •  2 223 Mots (9 Pages)  •  855 Vues

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Présentation : l'argumentaire de Mercure montrant qu'Amour ne fut jamais sans Folie

                                                     Camille Eloy

        L'argumentaire de Mercure en faveur de Folie fait partie de l'oeuvre Le Débat de Folie et d'Amour, écrite par Louise Labé en 1555. Cette dernière est une poétesse française de la Renaissance. Elle fréquente les grands poètes de l'époque tels que Ronsard, ou bien encore Pontus de Tyard et s'inspire de grands écrivains comme Érasme qui avait déjà théorisé la folie en la divisant en trois catégories (folie douce, folie dangereuse et folie sainte). Son œuvre présente différents discours, l'un où Apollon fait la défense d'Amour et l'autre dans lequel Mercure fait la défense de Folie. Nous nous intéresserons donc au deuxième discours, celui de Mercure, où il explique qu'Amour et Folie sont indissociables. Nous étudierons les principaux arguments ainsi que les procédés utilisés dans ce discours. En quoi l'argumentaire de Mercure présente une certaine progression pertinente pour convaincre son auditoire ?

        Nous verrons donc cette évolution à travers trois grands mouvements, le premier assez long allant de « Mais je lui montreray » (page 92) à « autre que de raison » (page 98), le second de « Reconnois donq » (page 98) à « jamais sans la compagnie de Folie » (page 101), et le troisième de « Et quand il pourroit se faire «  (page 101) à « J'ay dit » (page 102).

        

        Dans ce premier mouvement, Mercure vient d'abord critiquer et remettre en doute l'innamoramento connu le plus souvent dans la poésie de Pétrarque. Ce phénomène est assimilé au coup de foudre, celui-ci étant symbolisé par les yeux de la dame qui émettent des ''esprits'' (particules de sang) qui rentrent dans le cœur de l'homme ainsi condamné à vivre avec elle. Il devra alors se dépasser pour sa dame (fin amor).  Mercure s'oppose à cette rencontre entre les amants malgré les nombreux récits qui en découlent. Il accumule des exemples où cet innamoramento aurait frappé, il fait des références à Dante qui a écrit la passion amoureuse interdite de deux amants, ou bien encore au mythe d'Acontios et Cydippe. Mais Mercure donne à son argumentaire une touche d'ironie puisqu'il ajoute « la personne à la moindre occasion du monde vienne en Amour » (page 92). Il sous entend que n'importe quelle occasion est propice au coup de foudre, mettant en avant la dimension comique de ce genre de situation. Il en montre le côté ridicule à travers des questions rhétoriques : « en recevant une pomme comme Cydippe ? ». Il continue de prouver que l'innamoramento n'existe pas en donnant l'exemple d'un homme qui est tombé amoureux d'une femme au cœur de pierre, d'un « œil marbrin ». Pour Mercure l'amour nait de la Folie « logée en son esprit ».                                                                
        Il tente de démontrer que l'amour ne vient pas d'autrui mais de soi-même : il compare la folie à un « feu » qui est en l'homme. Il prend l'exemple de Narcisse pour expliquer cette folie intérieure. En effet, dans le mythe écrit par Ovide, Narcisse brûle d'amour pour son reflet, il devient fou de lui-même jusqu'à en perdre la raison et la vie. Mercure tente de montrer que ce phénomène se passe en nous et pas ailleurs. Il fait la comparaison du lien entre Amour et Folie avec la mer et les vagues : les deux sont indissociables. Le chiasme sémantique mais aussi phonétique illustre parfaitement l'idée de Mercure : « Folie estre privacion de sagesse, et sagesse estre sans passions ». La folie prend le pas sur tous l'être et fusionne avec l'Amour, car sans Folie il n'y aurait pas d'Amour.

        Durant la suite de ce premier mouvement, Mercure va lister les actions plus folles les unes que les autres, montrant que Folie est intrinsèquement liée à Amour. Il appuie ses premiers propos avec des exemples d'actions du quotidien pour montrer l'aspect générale de ce phénomène. Il commence avec l'exemple de ces hommes qui cherchent à tout prix à plaire à leur dame : il assimile cela à un jeu, à des manigances pour conquérir autrui : « Il faut […] savoir qui va, qui vient, corrompre les chambrières, perdre tout un jour pour voir passer Madame par la rue, et pour toute rémunération, avoir un petit adieu […] qui le fera retourner chez soy plus content » page 94. Mercure opte ici pour une tonalité comique. Il met en avant les comportements pitoyables des hommes prêts à tout pour n'avoir rien en retour. Tout cela pour montrer que ces agissements sont dus à la Folie. Il fait une comparaison à Ulysse ce qui accentue et hyperbolise le sentiment de l'homme face à la mince réaction de la femme. Mercure continue de montrer cet égarement de l'esprit : « fait s'amie la plus belle qui soit au monde, combien que possible soit laide ». Il décrit ici l'aveuglement de la Folie, faisant référence au divers écrivains ou poètes ayant écrit des vers sur des femmes qu'ils ont aimées en les mystifiant : « devises bien inventées » page 95. Il met en avant les effets qu'a Folie sur l'être humain, qu'ils soient bons ou mauvais, car il n'empêche que Folie est toujours présente, elle cause des dérèglements de l'esprit : « les plus grandes et hazardeuses folies suivent tousjours  l'accroissement d'Amour » page 96. Finalement Mercure démontre que la Folie n'est pas seulement présente au début d'un sentiment amoureux mais au contraire elle le suit et augmente.

        Mercure évoque ensuite les effets de la Folie chez les hommes puis chez les femmes : il les compare de manière égale dans la mesure où tous deux ferment « la porte à raison ». Les propos qu'il tient laissent penser que la Folie créé une sorte d'aliénation. Il met en avant les actes démesurés de ceux qui sont atteints de cette démence : les hommes « se laissent mourir », les femmes s'emprisonnent par amour mais surtout par folie « vouloit plaire à autre qu'à celui qui la tenoit prisonnière » page 97. Mercure vient exagérer, hyperboliser pour mieux frapper les esprits. Il parle même des « Enfers » page 98, ce qui pour son auditoire semble normal étant donné qu'il s'agit de dieux, mais pour nous cela est bien plus frappant comme image. Mercure donne une autre dimension : la Folie peut causer du bien comme du mal, elle est sans limite, comme l'amour. Mercure enchaine les exemples pour donner corps à ses propos et fini par dire « et en tous ces actes , quels traits touvez vous que de Folie ? », sous entend que seule la Folie peut justifier tout cela et « excuser » Amour.

        Mercure, dans le second mouvement de son argumentaire, s'adresse à Amour et le qualifie « d'ingrat ». Il lui fait une sorte de reproche car il ne reconnaît pas d'une certaine façon la plaidoirie qu'il lui fait. Mercure marque lui-même les différents temps de son discours : « je croy avoir satisfait à ce qu'avois promis montrer : que jusque ici Amour n'avoit esté sans Folie. Il faut passer outre et montrer qu'impossible est d'estre autrement » page 98-99. Mercure va apporter une nuance, après avoir prouvé son idée générale, il veut démontrer qu'en plus de cela elle est incontestable. Il s'adresse donc directement à Apollon, le principale opposant de son idée : « tu me confessera qu'Amour n'est autre chose qu'un désir de jouir » page 99. Mercure vient prendre depuis le début le phénomène d'Amour pour prouver que dans n'importe quel cas il y aura Folie. Il commence étape par étape, il fait une sorte de gradation montrant que la folie grandit peu à peu : d'abord la « passion vient saisir l'homme, elle l'altère, et immue » page 99. Puis vient deux choses à faire : « donne à connoitre qu'il ayme, et qu'il se face aymer ».Mercure met en garde contre les « artifices » de ce « bien parler » pour séduire, il favorise les actions sur le long terme : il fait comme une sorte de guide pour bien ''aimer'' avec une bonne folie, bien mesurée. « Il estre aymable », « il faut changer de voile et naviguer d'un autre vent » : à travers cette métaphore, Mercure conseille de changer sa personne pour être aimer. L'homme doit imiter aussi bien les qualités que les défauts de la femme qu'il aime, ce qui va en opposition à ce que défendait Apollon qui affirmait que l'amour de pouvait engendrer que davantage de perfection : « si la femme que vous aimez est avare, il faut se transmuer en or, et tomber ainsi en son sein ». Il ne faut pas penser « ces mutations contre notre naturel » comme des améliorations bénéfiques mais au contraire comme des aberrations qui nous font perdre notre individualité. Mais paradoxalement ce sont eux qui permettent une union totale avec l'être aimé.  Ces changements prouvent que la Folie est liée à l'Amour, car c'est elle qui cause cela. « Amour plus fort que toute raison » page 100. Un amour raisonné ne permettrait pas un tel changement. Mercure tente de prouver aux dieux que tout Amour veut une « union de soy avec la chose aymée » et ce désir est le plus fou du monde. « Amour ne fut jamais sans la compagnie de Folie : et ne le saurroit jamais estre » : Mercure met fin à ses accumulations de preuves et tente en suivant de montrer ce qu'Amour serait avec Sagesse.

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