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Flaubert, "Mme Bovary", Charles vu par Emma

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Par   •  12 Novembre 2017  •  Commentaire de texte  •  1 119 Mots (5 Pages)  •  1 599 Vues

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La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie. Il n’avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu’il habitait Rouen, d’aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d’équitation qu’elle avait lu dans un roman.

Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaitre, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystères ? Mais il n’enseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse, et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur même qu’elle lui donnait. [...]

Il rentrait tard, à dix heures, minuit quelquefois. Alors il demandait à manger, et, comme la bonne était couchée, c’était Emma qui le servait. Il retirait sa redingote pour diner plus à son aise. Il disait les uns après les autres tous les gens qu’il avait rencontrés, les villages où il avait été, les ordonnances qu’il avait écrites, et satisfait de lui-même, il mangeait le reste du miroton, épluchait son fromage, croquait une pomme, vidait sa carafe, puis s’allait mettre au lit, se couchait sur le dos et ronflait.

Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857

portrait peu flatteur de Charles en homme-repoussoir

vision romanesque de l’homme idéal et d’une vie idéale

vie de couple routinière et anti-romanesque

        

Toutes vos réponses doivent s’appuyer sur un maximum de citations ciblées, tirées du texte.

  1. Montrez comment le narrateur fait de Charles un portrait péjoratif. (5 points)

En adoptant le point de vue d’Emma (en focalisation interne), le narrateur montre tout ce que Charles n’est pas : « il n’avait » (l. 3), « il ne savait » (l. 4), « il ne put » (l. 4), « sans » (l. 2), « jamais » (l. 3). Cet effet est renforcé par la triple répétition de « ni » (l. 4), et de « rien » (l. 8). Avec ce portrait en négatif, qui insiste sur les manques et les insuffisances de Charles, ce dernier est décrit comme un homme vide. De plus, Emma semble voir Charles comme un véritable homme-repoussoir : quelqu’un d’ennuyeux – la platitude de sa conversation est comparée à celle d’un « trottoir de rue » (l. 1), dont les propos lui paraissent inintéressants (« tous les gens qu’il avait rencontrés, les villages où il avait été, les ordonnances qu’il avait écrites », l. 13-14). Pour elle, Charles n’a apparemment aucune personnalité (« les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire », ll. 1-2) ; il se contente d’un « bonheur » (l. 9) médiocre : il « ne souhaitait rien » (l. 8), avec un « calme si bien assis » et une « pesanteur sereine » (l. 9), « satisfait de lui-même » (l. 14).

  1. Quelle vision Emma a-t-elle de « l’homme idéal » ? (5 points)

Avec cette même focalisation interne, le narrateur nous dévoile la psychologie d’Emma en nous faisant le portrait mélioratif de son idéal masculin. Cet « homme idéal » est décrit de façon hyperbolique grâce au champ lexical de la totalité, de l’abondance, de la perfection : « tout » (l. 6), « tous » (l. 7), « exceller » (l. 6), « multiples » (l. 6).

Ce personnage inspiré de « ce qu’elle avait lu dans un roman » (l. 5) est mis sur un piédestal : maitre d’un monde rêvé et inaccessible, il pourrait « initier » à des « mystères » (l. 7). Comme un héros de roman d’aventure, il saurait « nager », « faire des armes » et « tirer le pistolet » (l. 6). Enfin, comme un héros de roman d’amour, il pourrait déclencher les « énergies de la passion » (l. 7), être pour elle une source d’« émotion », de « rire », de « rêverie » (l. 2) ; avec un tel homme, elle pourrait gouter aux « raffinements de la vie » (l. 7), en allant par exemple « voir au théâtre les acteurs de Paris » (ll. 3-4). Or, pour Emma, Charles est à l’opposé de cet idéal romanesque (« au contraire », l. 6).

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