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Inconnu à Cette Adresse

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rant, je ne peux pas faire autrement, mais par libre choix. Maintenant, je suis vraiment un homme ; avant, je n’étais qu’une voix. Je ne m’interroge pas sur la finalité de notre action : elle est vitale, donc elle est bonne. Si elle est mauvaise, elle ne susciterait pas autant d’enthousiasme.

Tu me dis que nous persécutons les libéraux, que nous brûlons les livres. Tu devrais te réveiller : est-ce que le chirurgien qui enlève un cancer fait preuve de ce sentimentalisme niais ? Il taille dans le vif, sans états d’âme. Oui, nous sommes cruels. La naissance est un acte brutal ; notre re-naissance l’est aussi. Mais quelle jubilation de pouvoir enfin redresser la tête ! Comment un rêveur comme toi pourrait-il comprendre la beauté d’une épée dégainée ? C’est ce qu’est notre Fürher, mais tu n’as jamais rencontré un Hitler.

Tu m’obliges à te répéter que tu ne dois plus m’écrire. Nous ne sommes plus en sympathie, tu devrais t’en rendre compte.

MARTIN SCHULSE

1. Quel est le contenu de cette lettre ? Quel est le but de son auteur ? (justifie avec des extraits du texte) /2

2. Replace cette lettre dans son contexte politique. Et justifie avec des extraits de cette lettre. /2

3. Quel est le « cancer » dont parle Martin Schulse ? /1

4. Que t’inspire la phrase « Nous ne sommes plus en sympathie » ? /1

5. Que penses-tu de la manière dont Max Eisenstein va se venger ? /2

6. Pourquoi cette nouvelle épistolaire s’intitule-t-elle « Inconnu à cette adresse »

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Orthographe : /1

Nom : …………………………………… Date : ………………………………………..

Prénom : ……………………………….

Classe : ………………………………..

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Inconnu à cette adresse (Kressmann Taylor)

Le 8 décembre 1933

Cher Max,

Heil Hitler ! Je regrette beaucoup d’avoir de mauvaises nouvelles à t’apprendre. Ta sœur est morte. Malheureusement pour elle, elle s’est montrée stupide. Il y a 15 jours, elle est arrivée ici, avec une horde de SA, qui défilaient sur le chemin, pratiquement sur les talons. La maison était pleine de monde – Elsa n’est pas bien depuis la naissance du petit Adolf, le mois dernier. Le médecin était là, ainsi que deux infirmières, tous les domestiques, et les enfants qui couraient partout.

Par chance, c’est moi qui ai ouvert la porte. Tout d’abord, j’ai cru voir une vieille femme, puis j’ai vu son visage – et j’ai vu aussi les SA qui passaient déjà devant les grilles du parc. J’avais une chance sur mille de pouvoir la cacher. Une domestique pouvait surgir à tout moment. Avec Elsa couchée, là-haut, malade, comment aurais-je pu supporter que ma maison fût mise à sac ? Et pouvais-je courir le risque d’être arrêté pour avoir tenté de sauver une juive et de perdre tout ce que j’avais construit ici ? Bien sûr, en tant que patriote, mon devoir m’apparaissait clairement. Elle avait montré sur scène son corps impur à des jeunes Allemands : je devais la retenir et la remettre sur-le-champ aux SA.

Mais cela, je ne l’ai pas fait. Je lui ai dit :

« Tu vas tous nous faire prendre, Griselle. Cours vite te réfugier de l’autre côté du parc. »Elle m’a regardé dans les yeux, elle a souri, elle m’a dit : « La dernière chose que je souhaite, Martin, c’est te nuire », et elle a pris sa décision (elle a toujours été une fille courageuse).

Elle devait être épuisée car elle n’a pas couru assez vite et les SA l’ont repérée. Je suis rentré, impuissant ; quelques minutes plus tard, ses cris s’étaient tus. Le lendemain matin, j’ai fait transporter son corps au village pour l’enterrer. C’était stupide de sa part d’être venue en Allemagne. Pauvre petite Griselle… Je partage ta peine mais, comme tu vois, je ne pouvais pas l’aider.

Maintenant je dois te demander de ne plus m’écrire. Chaque mot qui arrive dans cette maison est désormais censuré, et je me demande dans combien de temps, à la banque, ils se mettront à ouvrir le courrier. Je ne veux plus rien avoir à faire avec les Juifs, mis à part les virements bancaires et leurs reçus. C’est déjà bien assez fâcheux pour moi qu’une Juive soit venue chercher refuge dans mon domaine. Je ne tolérerai

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