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L'Art Comme Médiation Du Fait Religieux

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gion présente dans la ville. C’est un évènement positif qui permet d’envisager un mieux vivre ensemble dans l’interreligieux. Tout fait religieux doit être - observable : clochers et minarets - neutre : la nuit de La saint Barthélemy - il ne tolère aucun jugement de valeur

Qu’est-ce une médiation ? Le but d’une médiation est de : - faciliter la communication - rétablir une relation si elle a été coupée ou venir l’éclairer - permettre la transmission d’un savoir / patrimoine judéo-chrétien pour ce module. Une médiation est un comme un pont qui relie le visible et l'invisible, le concret et l’abstrait ou le spirituel.

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« Enseigner le fait religieux », un défi pour la laïcité René Nouailhat, livre préfacé par Régis Debray, juin 2003 Nathan pédagogie, CRDP Franche-Comté

Le fait religieux

Régis DEBRAY, professeur à l'université Lyon III L'expression " fait religieux " s'est imposée depuis quelques années dans le vocabulaire scientifique et public. Un fait a trois caractéristiques. - Premièrement, il se constate et s'impose à tous. Que cela plaise ou non, il y a depuis mille ans des cathédrales dans les villes de France, des œuvres d'art sacré dans les musées, du gospel et de la « soul music » à la radio, des fêtes au calendrier et des façons différentes de décompter le temps à travers la planète. Pouvons-nous nous boucher les oreilles et fermer les yeux devant le monde tel qu'il est ? Pouvons-nous refuser d'écrire sur notre agenda, sous prétexte que nous n'avons aucune raison objective de prendre pour l'an zéro la date probablement erronée de la naissance de Jésus ? - Deuxièmement, prendre acte d’un fait religieux n'est pas prendre parti. - Troisièmement, un fait est englobant. Il ne privilégie aucune religion particulière, considérée comme plus « vraie » ou plus recommandable que les autres. Le fait est observable, neutre et pluraliste. Je crois que ces trois propriétés disent déjà ce qu'un enseignement du " fait religieux " peut signifier pour l'école républicaine, dans un pays où la laïcité, privilège unique sur le continent européen, revêt la dignité d'un principe constitutionnel. Il s'agit de poursuivre un chemin que l'école publique connaît bien, à savoir mieux étayer l'étude de l'histoire, de la géographie, de la littérature, de la philosophie, des enseignements artistiques et des langues vivantes. Il ne s'agit pas même, à mon sens, d'un enseignement de culture religieuse, s'il faut entendre par là une sensibilisation à la croyance qui confèrerait à celle-ci le même statut qu'au savoir. Le but n'est donc pas, me semble-t-il, de valoriser ou de dévaloriser le religieux, de le réhabiliter ou de le discréditer, mais d'éclairer de manière circonstanciée ses incidences sur l'aventure humaine. Ensuite, le problème n'est ni d'initier à des mystères ou à des dogmes révélés, ni de légitimer des autorités extérieures aux seules autorités qui vaillent dans une classe : celles du maître et de sa discipline. Il s'agit encore moins d'indiquer la voie du vrai, du bien et du beau - ce n'est pas un cours de morale - ni de montrer que ces croyants-ci ont raison et que ceux-là ont tort : cela serait du prosélytisme. D'ailleurs, l'esprit d'objectivité le plus serein retomberait vite à ce 2

compte-là sur l'ambivalence bien connue des phénomènes religieux, dont chacun sait qu'ils portent à la fois l'ombre et la lumière : l'interdit et la permission de tuer, la trêve de Dieu et la guerre sainte, la fraternité et la ségrégation. Une fois levés ces malentendus liés à certains réflexes, au demeurant fort explicables, voyons brièvement quels problèmes soulève cette petite syllabe faussement anodine de " fait ". On a longtemps opposé l'ordre des faits - c'est-à-dire le consistant, l'attestable, le solide - à l'ordre des croyances - l'imaginaire, l'évanescent ou le subjectif. Mais il y a des faits de croyance, qui sont à cheval sur le matériel et sur le spirituel, sur le politique et sur l'imaginaire. L'existence du paradis n'est malheureusement pas attestée. Mais le fait que l'on ait pu ou que l'on puisse toujours y croire a fait jadis galoper des dizaines de milliers de chrétiens jusqu'en Terre sainte et a mis une poignée d'illuminés dans des avions ultramodernes, en direction de New York ou de Washington. On est en droit de penser que ces mythes sont des symptômes d'ignorance et d'arriération, mais l'ignorance de ces mythes, de leur provenance et de la diversité de leurs interprétations constitue également un signe d'arriération. Peut-on même aborder l'économie et le CAC 40 sans réfléchir aux phénomènes subjectifs de confiance et d'incroyance qui font monter ou baisser les cours et qui font de la monnaie une croyance objectivée et de la Banque de France - c'était dans ses statuts - " la gardienne de la foi publique " ? Le fait est plus qu'une opinion, et cela peut surprendre dans une tradition libérale. Il suffit de penser à notre Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et à son article 10 - " Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi ". Tel était le statut du phénomène religieux pour les constituants de 1789. Depuis 1789, l'histoire nous a appris que le mot " opinion " était un peu optimiste ou léger pour désigner la conviction religieuse. Ce n'est pas que le mot d'ordre de Condorcet - " rendre la raison populaire " - ait perdu de son actualité : le rôle de l'instruction publique reste plus que jamais de " former des citoyens difficiles à gouverner ", à manipuler ou embrigader. Mais entre Condorcet et nous, il y a eu Durkheim, Marcel Mauss et Claude Lévi-Strauss : l'évolution des savoirs a élargi et complexifié nos outils intellectuels. Parler de fait religieux consiste à envisager autre chose qu'une histoire des opinions, autre chose que le développement des techniques du bien-être personnel, et même quelque chose de plus qu'une intime espérance ou qu'une option spirituelle. En effet, le fait de conscience est un fait de société et un fait de culture, un fait social total qui déborde le sentiment privé et l'inclination individuelle. C'est cette dimension structurante (certains disent identitaire ou collective) qui lui donne sa place comme objet d'étude dans l'enseignement public. Le rôle public revendiqué par les Églises et les confessions est un fait historique, à ne pas confondre avec le statut institutionnel de ces Églises au regard du droit public, qui relève quant à lui d'un choix civique. Outre une liturgie, les cultes organisent surtout une économie, scandent les heures et polarisent l'espace, déterminent ce que nous mangeons, comment nous nous habillons, avec qui nous nous marions et où nous nous faisons enterrer. Il s'agit donc plus d'une anthropologie pratique que d'une spéculation théologique. C'est bien là que gît la difficulté du passage du vœu à l'acte. En effet, religion et laïcité sont des mots qui sentent encore la poudre, même au cœur d'un pays et d'un continent qui tranchent avec tous les autres par une sécularisation avancée et où pourtant le religieux continue, par maints biais, de faire mouvement.

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En d'autres termes, " factuel " résonne avec " actuel ". En effet, le fait religieux n'est pas qu'archives et vestiges. Il renvoie à des forces vives et à des questions qui fâchent, comme le port des signes religieux, les jours d'examen, les menus. Il renvoie à l'intrusion des familles et de l'actualité dans l'enceinte scolaire. Mais le caractère laïc de l'exercice peut aider à " mouiller la poudre " et à refroidir les passions. En effet, une distinction sereine et revendiquée des domaines de compétences constitue déjà en soi une pédagogie. La laïcité postule, outre l'obligation de réserve des agents publics et la stricte égalité entre croyants et non-croyants, l'autonomie du professeur par rapport à tout groupe de pression. S'en tenir au religieux comme phénomène d'observation et de réflexion peut aider tout un chacun à démêler ce qui relève d'une part des connaissances communes et indispensables à tous, de ce qui relève d'autre part du domaine des consciences, des familles et des traditions. Cela peut également aider à faire comprendre aux élèves qu'il faut rendre à la culture ce qui est à la culture et au culte ce qui est au culte. Si le religieux, distinct en cela du spirituel, désigne la conviction intérieure en tant qu'elle s'extériorise et le sentiment individuel en tant qu'il se socialise, il est clair que l'enseignant n'a pas qualité à outrepasser le domaine du manifeste, c'est-à-dire de tout ce que chacun peut lire, voir ou entendre. À l'inverse, le théologien ou le ministre du culte n'ont pas qualité à s'attribuer l'exclusive de l'interprétation de tel ou tel fait, verset ou sourate sous prétexte qu'il

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