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L'Obéissance Du Maitre Secret

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iciers, lorsqu’ils prêtent serment.

Cette notion pourrait me déranger, de façon générale et dans le cadre d’un atelier maçonnique plus particulièrement.

Tentant de comprendre pourquoi je suis autant gêné par cette notion, j’ai dans un premier temps consulté le dictionnaire, et j’ai trouvé des définitions qui ont conforté mon agacement.

A l’adjectif obéissant je trouve : docile, soumis, doux, sage, passif, discipliné, gouvernable, malléable, maniable…Pour votre information, à aucun moment je ne me retrouve dans ces qualificatifs, je ne suis ni docile, ni doux, ni malléable, ni maniable et encore moins soumis !!!

Au verbe obéir, on peut lire les définitions suivantes :

- se soumettre à un règlement ou à la volonté de quelqu’un, en se conformant à ce qu’il ordonne ou défend,

- répondre à une commande,

- être soumis à une force,

On trouve comme synonymes inféoder, courber, suivre, fléchir, satisfaire, obtempérer…

Au substantif, obéissance je me heurte aux mots suivants : subordination, assujettissement, joug, dépendance, domination…

Enfin, je suis renvoyé, à un mot de la même famille : « obédience » qui ne laisse pas de nous intéresser dans le cadre de cette réflexion qui vient du latin obédientia, lui-même signifiant obéissance.

Deux sens sont donnés à ce mot :

- obéissance à un supérieur ecclésiastique

- lien entre une puissance spirituelle, politique et celui qui y est soumis

On dit par exemple : des pays d’obédience communiste, ou libérale…

Pour le mot obédience le dictionnaire propose : domination, satellite et donne comme contraire : indépendance.

Ce petit voyage lexical m’a, quant à moi, paru édifiant. Je commence à comprendre plus clairement pourquoi le mot me gène, et pourquoi je me sens réfractaire à cette notion, depuis toujours, sauf que…on verra plus loin dans cette planche.

Mais à ce stade, ce à quoi renvoie cette notion en matière lexical, est lié à des concepts de soumission et de manipulation et me paraît antinomique au regard des valeurs de libre arbitre véhiculées par la F.°. M.°. en général et les préceptes rencontrés un peu plus loin dans le rituel d’élévation au quatrième degré.

- Vous déciderez vous-même de vos opinions et de vos actions

- Vous ne prendrez pas les mots pour des idées

- Vous n’accepterez aucune idée que vous ne compreniez ni ne jugiez vraie

- Respectez toutes les opinions mais ne les déclarez justes que si elles ressortent telles de l’examen approfondi auquel vous vous serez vous-même livrée

- N’accordez à qui que ce soit une confiance aveugle

Plus j’avance dans cette réflexion et plus la notion d’obéissance me pose question.

Quels processus mentaux pourraient me conduire à l’acte d’obéissance ?

Tout comme la plupart des espèces, le comportement de l’homme a été modelé d’abord, au cours des générations successives, par les exigences de la survie de l’espèce. La soumission à l’autorité est un trait constant et prédominant chez l’homme comme chez l’animal.

Les théoriciens « évolutionnistes » ont, à cet égard, une analyse qui me semble pertinente :

Voilà en résumé leur argumentation :

- L’organisation de la vie, en société, accroît les chances de survie de l’espèce et des individus qui font partie d’un groupe donné, mais, pour ce faire, il est indispensable de mettre en place des structures d’autorité, une organisation hiérarchique, à laquelle les individus du groupe se soumettent.

- Tous les caractères comportementaux et psychologiques qui ont produit chez l’homme la capacité de réaliser une telle organisation, ont modelé peu à peu l’espèce en créant des potentialités « d’être obéissant ». Ces potentialités ont été intégrées progressivement, au fur et à mesure de l’évolution et se sont transmises génétiquement.

Ainsi, par strates successives, nous aurions intégré peu à peu dans la mentalité de l’homme contemporain, un sens inné de l’obéissance qui permettrait aux structures d’autorité de fonctionner de façon performante, le respect de ces structures étant vital, si le groupe veut perdurer.

Cette thèse me semble particulièrement appropriée dans le cadre qui nous concerne.

Je me suis souvent interrogée à ce propos.

En effet, on fait entrer dans un univers très structuré mais peu banal, (rituels étranges, déambulation déconcertante, décorum inhabituel, jargon spécifique et j’en passe) des individus assez ignorants du milieu dans lequel ils vont s’intégrer. Je ne sais quelle est votre expérience, mais, après quelques heures de vol sur les bancs des loges maçonniques, je me dis qu’il y a peu de rebellions quand nous initions un profane, peu de contestations, et ca m’a toujours étonné ! ! !

J’allais écrire « ils », mais c’est « je » qu’il faut dire, moi, qui me suit gentiment laissés faire, conduire, moi qui ais prêté serment d’obéissance à des G.°.I.°.G.°. dont je ne savait même pas qu’ils existaient et ce qu’ils représentaient !

Je ne suis pas particulièrement un mouton docile, mais j’ai quand même accepté de me soumettre au rite et prêté serment sans rechigner. Tous, du moins je le crois, nous nous sommes pliés à un certain nombre de pratiques inconnues de nous jusqu’alors, dont nous comprenions mal le sens et nous continuons à le faire sans protester beaucoup !

Cette passivité ou cette absence de réaction m’interpelle et ne laisse pas de m’inquiéter. Nous sommes, si j’en croie nos textes fondateurs une société de pensée qui travaille au progrès de l’humanité et pour qui la remise en question de soi est une valeur absolue : une école de l’éveil pour citer Béresniak !

Il me semble qu’on se trouve quand même confronté à un effet pervers de soumission à l’autorité.

Les conseils d’obéissance aux scouts de France (trouvés sur internet) ne disent pas autre chose :

« Nous demandons à nos scouts la vertu d’obéissance. Qu’ils accueillent la volonté de leurs chefs comme une volonté amie dont le désir est de les faire grandir, de les amener plus haut qu’ils ne pourraient jamais monter s’ils étaient seuls…

Et d’ajouter : évidemment, qui obéit ainsi, vertueusement, le fait sans réplique. »

Certes, toute communauté humaine nécessite un système d’autorité quelconque. L’obéissance est un des fondateurs de l’édifice social.

Cependant, l’histoire fourmille d’exemples où l’obéissance a conduit à des actions abominables, l’exemple du nazisme étant l’un des plus éloquents. Rien n’aurait pu se réaliser sans l’acceptation tacite d’un grand nombre de gens pour exécuter des ordres donnés.

L’obéissance et l’autorité sont des phénomènes systémiques : le loubard qui vole ou détruit est souvent en situation d’obéissance. Simplement, le chef dont il reçoit les ordres ne dépend pas du ministère de l’intérieur.

Il en va de même pour certains quartiers en situation de ghetto, qui échappent à la tutelle des autorités légales. L’autorité reconnue est dans ce cas celle des « caïds locaux »

Il s’agit ici de se faire obéir par la dissuasion en faisant craindre davantage d’une transgression que d’une soumission.

Le pouvoir d’obtenir une obéissance docile eu égard aux qualités de celui qui commande est plus subtile.

Les mécanismes de l’obéissance librement consentie sont plus difficiles à cerner. Comment comprendre qu’une volonté puisse en persuader d’autres et les engager dans la direction souhaitée, sans la médiation d’un calcul susceptible d’incliner les vouloirs, d’obtenir l’agrément plutôt que la sujétion ?

Ce talent, qui commande en persuadant, on le retrouve à tous les niveaux de la société : chez les pédagogues, à travers la publicité, en politique, partout.

L’obéissance librement consentie qui en découle et qui conduit au respect des règles établies me paraît source de bien des manipulations préalables et de conditionnements abusifs.

Cette obéissance là me paraît bien plus insidieuse et dangereuse qu’une contrainte qui s’impose sans ménagement, que l’obéissance forcée, de celui qui obéit par contrainte.

Si l’on croit pouvoir faire confiance à celui qui parle, le pas est vite franchi de la confiance à la croyance.

Si

...

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