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La Decolonisation Et Ses Conséquences

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apitre est donc complexe car il brasse un grand nombre de questions : la décolonisation découle de la seconde guerre mondiale et de la guerre froide dont elle devient un enjeu, et elle jette la base d’une nouvelle hiérarchie économique mondiale avec le regroupement au sein d’un ensemble hétérogène de pays en mal développement.

Problématique : quels furent les rythmes, les causes et les formes de la décolonisation ? Quelles difficultés ont rencontré les indépendantistes et les nouveaux Etats du « tiers monde » pour s’affirmer ? Les liens tissés entre colonies et métropoles ont-ils réellement disparu ?

I-DANS QUEL CONTEXTE LES PEUPLES COLONISES ONT-ILS PU REVENDIQUER LEUR EMANCIPATION ?

1-Quelle fut l’impact des deux guerres mondiales sur les peuples colonisés ?

La participation à la grande « guerre civile européenne » a bouleversé la perception que les colonisés avaient de leurs colonisateurs: ils sont au cœur du processus de guerre totale car ils sont mobilisés directement pour les combats. Les tirailleurs sénégalais découvrent dès 1915 la neige et le froid ardennais. Les tirailleurs marocains et algériens, en renforçant les forces alliées (comprenant notamment bon nombre de Polonais), aident à prendre le Mont Cassin et ouvrent ainsi la voie à la reconquête de Rome et de l’Italie. Pendant la 2°GM, 2M d’Indiens combattent au service de sa Majesté, 520 000 hommes sont mobilisés en Afrique française.

R.Rémond voit apparaître dans le sillage de ce conflit « une expression élémentaire d’un patriotisme encore peu élaboré » des peuples indigènes, à travers une réflexion sur l’identité qui s’est nourrie du contact avec les Européens. Il existe donc une filiation entre la colonisation et la décolonisation car :

1/au contact des colonisateurs les colonisés se voient différents et prennent conscience de leur identité singulière. Souvent cela va s’accompagner d’une remise en valeur du passé, des rites et de la religion. Ce mouvement est donc plutôt tourné vers le passé et prend appui sur les grandes rébellions coloniales ( guerre d’Aceh à Sumatra, guerre du Rif au Maroc, Indochine, Cipayes en Inde…)

2/ils empruntent à l’Europe une idéologie, une philosophie qui va nourrir et inspirer leurs mouvements indépendantistes.

Pour lui, ce processus d’émancipation des nationalités, né depuis 1848 en Europe, est enclenché par la 1°GM dans les colonies. Il achève le processus commencé en Europe avec la dislocation des monarchies puis des empires.

La Seconde Guerre mondiale parachève cette construction identitaire. Le général De Gaulle, dans son appel du 18 juin affirme que la guerre n’est pas terminée ni perdue grâce à l’appui des alliés de la France et surtout grâce à ses colonies… A Brazzaville en février 1944, il s’est prononcé dans un célèbre discours pour l’émancipation des peuples colonisés, pour leur autodétermination.

Ses propos semblent vérifiés par les faits puisque le débarquement de Provence, reposant en grande partie sur les « indigènes », est le point de départ de la reconquête et de la Libération de Paris. Ben Bella (partir du texte de R.Merle ci-dessous), soldat français durant cette période, constate que malgré cet impôt du sang payé par les colonisés, et bien que les balles ne fassent pas de différences, les inégalités entre métropolitains et coloniaux demeurent plus présentes que jamais : des primes à la popote, du courrier à l’avancement, tous les actes du quotidien reposent sur la discrimination institutionnalisée par les différents codes de l’indigénat.

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Attention néanmoins au discours actuel sur la mortalité des contingents indigènes : en proportion les soldats des colonies enrôlés dans l’armée française n’ont pas été plus sacrifiés que les autres : mais, également touchés, ils revendiquent légitimement une égalité de droits.

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Par ailleurs, la guerre a ridiculisé le colonisateur : en Asie du sud-est, les Japonais ont humilié les colonisateurs blancs en vainquant les Russes en 1905, puis en contenant longtemps les alliés pendant la 2°GM. Ils ont détruit les institutions coloniales, supprimé les langues européennes et l’armature administrative, judiciaire et scolaire hollandaise. Ils remettent le pouvoir à Bao Daï au Vietnam après l’avoir repris aux Français.

2-En quoi la guerre froide permet-elle aussi de repenser le rôle et le statut des colonies ?

1945 est une année 0, occasion de redistribuer toutes les cartes du jeu diplomatique mondial … Les anciennes puissances européennes, affaiblies et décrédibilisées par la 1ère guerre mondiale, sortent exsangues de la 2nde. La montée en puissance des totalitarismes, les horreurs de la guerre ont remis en cause l’idée d’une « civilisation des mœurs » (N.ELIAS) et surtout d’une supériorité du Blanc sur le Noir.

Le monde n’est plus centré sur cette Europe vaniteuse et nourrie de l’humanisme des Lumières. Le nouveau monde se trouve sans centre de gravité, mais écartelé entre deux nouveaux grands, les Etats-Unis et l’URSS, pour lesquels l’Europe devient un enjeu de pouvoir plus qu’un partenaire.

Or les deux superpuissances, opposées en tous points, ont au moins un terrain d’entente : elles se présentent comme deux leaders de l’anti-colonialisme, de l’anti-impérialisme. Les Etats-Unis ont pour eux leur passé colonial, puisqu’ils se sont façonnés par la guerre livrée à l’Angleterre pour gagner leur indépendance. En outre, la Charte de l’Atlantique qu’ils co-signent avec le Royaume-Uni entérine le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et « condamne le racisme ». Néanmoins, là où le Royaume-Uni n’y voit qu’une application pour les peuples soumis au joug nazi, Roosevelt pense déjà une décolonisation globale. Les Soviétiques ont pour eux l’idéologie marxiste qui prône alors un internationalisme fondé sur l’égalité des peuples et leur droit à disposer d’eux-mêmes. L’heure est inévitablement à la décolonisation.

Dans la pratique, les deux puissances sont cohérentes par rapport à leur schéma de pensée théorique : l’URSS soutient les mouvements d’émancipation radicaux qui préconisent une rupture violente avec l’ordre ancien. Les Etats-Unis, qui redoutent de voir les pays nouvellement émancipés tomber dans le camp communiste, tentent de promouvoir une décolonisation négociée. Dès 1934 ils proposent l’indépendance aux Philippines qu’ils ont reconquis sur les Espagnols en 1898. Chacun essaie de se poser en conciliateur dans les différends coloniaux. Mais l’URSS jouit d’un prestige supérieur.

3-Comment dans ce contexte s’affirment des nationalismes de mieux en mieux structurés ?

Document 3 : A.DEMANGEON, L’Empire britannique, A.Colin, 1931. "Le continent africain n'échappe pas à la même évolution; les idées d'autonomie pénètrent dans la société nègre. Dans un congrès national qui se réunit à Accra, au début de 1920, on put entendre les revendications des indigènes de l'Afrique occidentale: ils ont trouvé des porte-parole parmi une classe très curieuse de nègres appelés The Educated Natives . Ces indigènes de Gold Coast, de Lagos, de Sierra-Leone, de Bathurst, assimilés presque complètement par la civilisation anglaise, ont la même langue, la même religion, les mêmes lois, les mêmes moeurs que les Anglais; habitant les villes, ils s'emploient comme fonctionnaires et comme agents commerciaux; on les voit aussi s'avancer vers l'intérieur, le long des voies ferrées, avec la civilisation et les intérêts britanniques qu'ils véhiculent et qu'ils servent comme interprètes et comme secrétaires. Mais, ils n'ont pas perdu le sentiment de race et ils soutiennent la cause de leurs frères; ils réclament depuis longtemps des libertés politiques; ils en propagent la notion dans toute l'Afrique occidentale. En 1920, ils réussissaient à réunir des délégués de tous les pays en un congrès qui demanda l'établissement du self-government dans l'Afrique occidentale et protesta contre l'inégalité des races (...)."

Document 4 : A.Césaire, Discours sur le colonialisme, 1950. p. 11-12 : "Il faudrait d'abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu'il y a eu au Viêt-nam une tête coupée et un oeil crevé et qu'en France on accepte, une fillette violée et qu'en France on accepte, un Malgache supplicié et qu'en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s'opère, une gangrène qui s'installe, un foyer d'infection qui s'étend et qu'au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et "interrogés", de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette lactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines

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