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La leçon, Eugène Ionesco

Commentaire de texte : La leçon, Eugène Ionesco. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  18 Avril 2017  •  Commentaire de texte  •  1 131 Mots (5 Pages)  •  9 401 Vues

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La Leçon, d’Eugène Ionesco

Introduction

Le XXème  siècle est marqué par les traumatismes de l’histoire (les deux guerres mondiales et les régimes totalitaires) mais aussi par la perte des repères (religieux, moraux…) traditionnels. Ces différents changements profitent au théâtre de l’absurde, et notamment à Ionesco comme nous pouvons le voir dans cet extrait. On assite donc au contraire du théâtre traditionnel puisqu’il y a un mélange des registres très dérangeant  : le spectateur se prend à rire, mais en même temps se sent mal à l’aise.

Dans La Leçon écrite en 1951, Euguène Ionesco met en scène un vieux professeur qui reçoit chez lui une jeune élève  : après l’avoir testée, il lui donne un cours d’arithmétique, puis passe à l’étude des langues. Au fur et à mesure de la leçon, le Professeur perd son calme devant son élève qui se déconcentre à cause d’un mal de dents. Lecture

Nous verrons en quoi le comique appuie une vision inquiétante de l’homme en voyant dans un premier temps que le professeur n’est qu’un personnage ridicule et caricatural, puis que la scène est inquiétante, et enfin que Ionesco fait ressortir une vision pessimiste de l’homme et du monde.

I - Le Professeur, un personnage ridicule et caricatural

1 – Un tyran

Au lieu de se montrer encourageant, le Professeur installe une certaine distance entre lui et son élève. En effet, il ne la nomme pas par son prénom mais par «  Mademoiselle ». De plus, Le Professeur est brusque et autoritaire, il multiplie les ordres et les défenses le tout exprimé à l’impératif. Il refuse de donner la parole à l’Élève puisqu’à chaque fois qu’elle essaye de prendre la parole, le porfesseur lui réplique  : « Taisez-vous » ou encore « ne m’interrompez pas ».

En dehors des relations pédagogiques, il est totalement insensible à la douleur de la jeune fille, et même méchant : lorsque l’Élève se plaint au sujet de la douleur, il répond sèchement : « Ça n’a pas d’importance », « Continuons ».

Il semble même vouloir la terrifier : l’expression « jusqu’à l’heure de votre mort » résonne comme une menace gratuite. Son discours renferme plusieurs allusions à la mort  : pour lui, les oreilles sont « les tombeaux des sonorités »

2 - Un personnage caricatural, un pantin

Bien qu’il est l’air d’un personnage imposant, le spectateur voit s’agiter devant lui un personnage qui n’existe que par ses gestes, ridicules et caricaturaux.

Les expressions du Professeur indiquent un mime grotesque de la parole (l. 15-17, 20-22) et permettent d’imaginer la mise en scène et la gesticulation qu’elle nécessite  : « vous voyez », « regardez », il lève « très haut le cou et le menton », « sur la pointe des pieds ».

Il donne l’impression de retourner en enfance : ses mots n’entretiennent pas de rapport logique, mais il s’en donne du plaisir comme un enfant qui apprend à parler. À travers le Professeur, Ionesco montre que les humains peuvent parfois ressembler à des pantins et que les apparences peuvent être trompeuses.

II. Une scène inquiétante

Lors de la représentation de cette scène, cette étrange leçon peut créer une sorte de malaise voir même d’angoisse.

1. Une crise de folie

Elle peut être vue comme une crise de folie qui va en empirant. Le spectateur assiste à la progression de cette crise au cours de laquelle le Professeur sombre dans l’incohérence et la perte de l’autonomie.

L’aspect inquiétant de cette crise prend toute sa mesure à la représentation : il faut imaginer les jeux de scène et les mimiques du Professeur qui peuvent être particulièrement terrorisants, notamment lorsqu’il évoque « l’heure de [la] mort » de l’Élève (cette expression est signalée par des italiques, ce qui suppose une intonation spécifique).

2. Une scène cruelle de torture

Mais il faut aussi prendre en compte le personnage de l’Élève : la scène apparaît alors comme une véritable séance de torture. L’Élève est réduite au silence, comme en témoignent la disproportion des répliques entre elle et le Professeur et les multiples répliques qu’il lui adresse  pour qu’elle se taise : la parole lui est refusée, le savoir lui est imposé (« ne m’interrompez pas »). Nous pouvons également dire que l’élève se retrouve réduite à une soumission  (« Oui, Monsieur », « Bien, Monsieur »).

Ionesco marque la progression de la souffrance par le décalage entre le discours poli du début (le Professeur s’adresse à elle avec des « Mademoiselle » répétés et il la vouvoie) et la cruauté des rapports réels.

Enfin, la scène évoque la souffrance de l’Élève qui a mal aux dents, mais qui voit, une fois encore, sa douleur sans importance aux yeux du Professeur. Les didascalies : « L’Élève a l’air de souffrir » et « aura l’air de souffrir de plus en plus » indiquent que l’Élève a du mal à dépasser sa douleur lors de cette leçon.

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