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La prison de la culture canadienne-française

Dissertation : La prison de la culture canadienne-française. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  8 Mai 2018  •  Dissertation  •  1 488 Mots (6 Pages)  •  714 Vues

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Depuis les années 1900, la littérature québécoise aborde comme thème principal la culture canadienne-française et son évolution jusqu’à la culture moderne québécoise. Maria Chapdelaine, roman du terroir écrit en 1913 par Louis Hémon, présente le désir des premiers Canadiens-français concernant la survivance de leur culture, tandis que la pièce de théâtre Les belles-sœurs, écrite en 1965 par Michel Tremblay et faisant partie du théâtre de la contestation, expose une critique de la culture canadienne-française. Considérant ces deux façons divergentes de traiter de la culture canadienne-française, est-il juste d’affirmer que dans Maria Chapdelaine et Les belles-sœurs, cette culture est une prison pour les personnages? D’une part, il est juste d’en affirmer ainsi, car les femmes de ces deux œuvres sont forcées de se soumettre au rôle de la femme typiquement canadienne-française. D’autre part, il est injuste d’affirmer que cette culture emprisonne les personnages puisque certains d’entre eux ont réussi à défier les normes et obligations culturelles.

Dans ces deux œuvres, la culture canadienne-française enferme les femmes dans un rôle bien précis. Tout d’abord, dans Les belles-sœurs, les femmes endossent le rôle de la mère ménagère contre leur gré. À tous les jours, elles sont forcées, par obligation culturelle et sociale, d’entretenir leur maison et de servir leur famille. À tous les jours, elles cuisinent, font les courses et la lessive, puis s’occupent des enfants, et ce, simplement parce que l’image de la mère canadienne-française les hante et les contrôle au quotidien. Elles ne peuvent déroger de ce rôle puisqu’elles sont totalement impuissantes face au poids de la culture canadienne-française. Au début de la pièce, alors que les invitées s’entassent progressivement dans la cuisine de Germaine, elles discutent et mettent en lumière la dure réalité à laquelle elles font toutes face. On apprend alors que ces femmes sont bel et bien séquestrées dans le tableau typique de la femme canadienne-française :

LES CINQ FEMMES : Là, là, je travaille comme une enragées, jusqu’à midi. J’lave. […] Pis frotte, pis tords, pi refrotte, pis rince… […] Là c’est le repassage. J’travaille, j’travaille, j’travaille. Midi arrive sans que je le voye venir pis les enfants sont en maudit parce que j’ai rien préparé pour le dîner. J’leu’fais des sandwichs au béloné. J’travaille toute l’après-midi, le souper arrive, on se chicane. (BS p.13-14)

Dans ce passage, le rôle de la mère ménagère canadienne-française est décrit à l’aide d’un chœur et son usage prouve que la soumission des femmes à la culture canadienne-française est une réalité généralisée. En effet, le chœur, qui à l’époque de la Grèce Antique servait à représenter la voix du peuple, illustre ici la génération toute entière des femmes canadiennes-françaises qui se sont font imposer le rôle de la mère soumise. D’ailleurs, dans Maria Chapdelaine, la culture canadienne-française, alors influencée par l’esprit de colonisation, impose un rôle très similaire aux femmes, soit celui de la mère à la maison. En effet, la division des tâches de survie coloniale entre les hommes et les femmes est devenue une pratique courante, une mœurs, puis une partie intégrante de la culture canadienne-française à cette époque de colonisation. Les femmes dans ce roman n’ont alors que comme seul point d’attache ce rôle typiquement féminin selon lequel elles doivent rester à la maison pour assurer la survie de leur famille. Elles se soumettent donc à ce rôle puisque leur culture leur impose cette seule façon de vivre. Lorsque, dans le roman, l’été annonce la saison des foins, le narrateur présente une énumération des tâches usuelles pour les femmes :

Pendant le temps des foins Maria et sa mère n’eurent donc à faire que leur ouvrage habituel : la tenue de la maison, la confection des repas, la lessive et le raccommodage du linge, la traite des trois vaches et le soin des volailles, et une fois par semaine la cuisson du pain qui se prolongeait souvent tard dans la nuit. (MC p. 86)

L’utilisation d’une phrase négative précédant cette énumération de tâches met en relief l’aspect banal et rebattu du rôle de la femme à la maison, preuve de quoi la culture canadienne-française a une emprise si importante sur les femmes de ce roman, qu’elles ne peuvent s’en apercevoir. En bref, la culture canadienne-française constitue une prison pour les femmes dans Les belles-sœurs et dans Maria Chapdelaine à cause de leur soumission totale au rôle de femme que leur impose la culture de leur époque. Toutefois, certaines d’entre elles réussissent à s’échapper de cette prison culturelle…

Certains personnages féminins présents dans les deux œuvres défient la culture canadienne-française et s’évadent de leur enfermement social par le biais de l’amour. En fait, le personnage de Pierrette, dans Les belles-sœurs, s’échappe de la prison de la morale sociale et religieuse en allant travailler au club. Par amour pour Johnny, le propriétaire de cet « endroit maudit », elle ose transgresser les normes lui interdisant l’accès au plaisir et à la liberté qu’offrent les clubs, et ce, même si elle risque l’exclusion de la part de sa famille et de ses amis. Elle se soustrait réellement au contrôle de la culture en goûtant ainsi à l’interdit. Lorsque les belles-sœurs apprennent qu’une autre de leurs comparses fréquente le club, elles s’emballent et désapprouvent ce comportement :

TOUTES LES FEMMES (sauf les jeunes) : Ah ! endroit maudit, endroit maudit! C’est là qu’on perd son âme. Maudite boisson. Maudite danse! C’est là que nos maris perdent la

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