Le personnage de roman

Dissertation

Sujet : les personnages d'une oeuvre ne ressemblent pas davantage à ceux de la réalité que les habitants des songes. La Clytemnestre d'Eschyle, Don Quichotte […] sont "vrais" parce qu'ils ne sont pas comme nous, pauvres êtres sans valeur exemplaire et symbolique.

vous direz ce que vous pensez de ce jugement critique Albert Beguin en vous fondant sur l'analyse de personnages romanesque que vous connaissez.

Un personnage de roman n’est pas une vraie personne. Il est entièrement imaginaire car il est le fruit de la réflexion et du travail de l’auteur. C’est ce qui distingue le roman de la biographie. Un critique français a dit : « Les personnages des œuvres ne ressemblent pas davantage à ceux de la réalité que les habitants des songes. Ils sont vrais par ce qu’ils ne sont pas, comme nous autres, de pauvres êtres sans valeurs exemplaires et symboliques ». Il souligne ici le fait que, bien que les personnages des romans soient tout aussi irréels que les personnages des rêves, les symboles qu’ils représentent font qu’il émane d’eux une sorte de vérité. Nous allons donc démontrer que cette affirmation s’applique bien aux personnages de roman. Pour cela, nous allons voir d’abord que les personnages de roman ont beau ne pas être réels, les auteurs tentent de les rendre vraisemblables. Ensuite, nous verrons que plus que vraisemblables, les personnages de romans peuvent être vrais et même plus vrais que les personnes réelles.

Les romanciers, particulièrement au XIXème siècle, peignent fidèlement les hommes et le monde qui les entoure. Le roman réaliste et toute sa galerie de personnages cherchent à « faire concurrence à l’état civil » comme le disait Balzac. Nous allons donc voir que même si les personnages de romans ne sont pas réels, les auteurs tentent de les rendre réalistes. Nous verrons d’abord par quels moyens ils rendent leurs personnages réalistes. Ensuite, nous verrons quelle en est la raison.

Les romanciers rendent leurs personnages vraisemblables en peignant leur physionomie, en donnant des détails sur leur anatomie, leurs vêtements, leur gestuelle. mais aussi en mettant en scène leurs personnages dans un cadre social réaliste. Ils évoluent dans un milieu, une société qu’ils décrivent avec beaucoup de justesse et de précision. C’est le cas par exemple de Zola dans Germinal qui décrit le monde des mineurs pendant un événement réel : les grandes grèves dans les mines du nord de la France. En faisant prendre place ses personnages dans des évènements ayant réellement eu lieu, Zola rend ses personnages très réalistes en les ancrant dans un contexte réel. Zola va encore plus loin en tentant de donner à ses personnages une réalité héréditaire. Dans les romans du cycle des Rougons-Macquart, ses personnages ont un arbre généalogique mais sont aussi déterminés par leur milieu social et celui de leurs parents. Par exemple, dans La Fortune des Rougons, Gervaise grandit dans une famille d’alcooliques et dans L’Assomoir, dont l’histoire se passe des années plus tard, elle finit alcoolique, comme ses parents avant elle. Ici en amorçant dans un roman les problèmes que rencontreront certains personnages dans les romans suivants, Zola fait tout pour nous faire croire à leur réalité. Pour rendre leurs personnages vraisemblables, les romanciers s’appuient sur des personnes réelles, soit en se documentant, soit en étant dans une démarche introspective. Ils s’appuient sur leurs propres vies, leurs réactions ou celles de leur entourage pour créer leurs personnages. Cette volonté de rendre leurs personnages vraisemblables n’est pas sans raison.

Les auteurs cherchent à rendre leurs personnages réalistes dans le but d’intéresser le lecteur, qui a l’impression qu’on dépeint un univers qu’il connaît. Cela lui permet aussi de s’identifier plus facilement aux personnages. Les auteurs peuvent aussi le faire dans un but politique pour dénoncer une situation sociale ou mettre en avant une action. On peut noter comme exemple La Condition Humaine de Malraux qui lui permet de traiter de la révolution communiste chinoise et du massacre de Shanghai. Dans ce roman, les différents personnages sont chargés de valeurs et de symboliques comme Kyo qui défend les valeurs et l’idéal communiste et qui lutte jusqu'à sa mort pour la dignité des travailleurs. On voit ici que donner à ses personnages une symbolique ainsi que des valeurs exemplaires dans un but politique permet, plus que de les rendre réalistes, de leur faire acquérir une sorte de vérité. Les personnages sont vrais grace au type qu’ils représentent et par le milieu social dans lequel ils évoluent.

Une grande partie des romanciers français du XVIIIème au XXème siècle propose des personnages vraisemblables mais ce n’est pas cela qui les rend vrais. Cependant, les valeurs et les symboliques qu’ils représentent les rendent « plus que vrais ».

Nous allons donc voir que les personnages de romans sont vrais et même plus que vrais. Nous allons donc observer que grâce à leur charge symbolique, les personnages de romans s’apparentent même à des héros et à des antihéros. Ensuite, nous verrons quelle influence à la vérité des personnages sur le lecteur.

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