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Lecture Analytique, Le Cid, Acte I, Scène 1

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». Elvire affirme elle-même :« Et puisqu'il vous en faut encor faire un récit » (v.23). Ce récit rapporte la parole du Comte sous forme de discours direct du vers 25 au vers 38. Le rythme des vers rend compte de l'appréhension. En effet, la concordance (la position des accents fixes, la césure et la fin des vers) notamment dans la deuxième réplique (« un si charmant discours//ne se peut trop entendre » (v.10) « La douce liberté//de se montrer au jour » (v.12) est respectée. La diction est de ce fait plus dynamique. La rapidité est également assurée par des questions qui s'étendent sur deux vers : « Que t'a-t-il répondu sur la secrète brigue/Que font auprès de toi don Sanche et don Rodrigue ? N'as-tu point fait valoir quelle inégalité entre ces deux amants me penche d'un côté ? » (v.13 à 16). De plus, Chimène se définit comme une « âme troublée » (v.53). L'anxiété du personnage entraîne donc la réitération d'une conversation, ce procédé est employé par Corneille pour faciliter la double énonciation. Ainsi utilisé, il semble naturel.

b) une crainte liée à un système féodal

La crainte de Chimène est compréhensible car elle doit obéir à son père. Les termes « ordre » (v.20), « respect » (v.21) décrivent assez l'attitude que doit avoir une jeune fille. La soumission, est renforcée par le choix des verbes « commandera » (v.6), « attend » (v.20) et par l'expression « ma fille peut l'aimer et me plaire » (v.38). Dans une société féodale, le père à tous les pouvoirs aussi Elvire doit-elle ruser afin de sonder le Comte au sujet des prétendants. Les jeux d'opposition syntaxiques et sémantiques « Qui n'enfle d'aucun d'eux ni détruit l'espérance » (v.18), « d'un œil trop sévère ou trop doux » (v.19) renvoient à la prudence. Elvire fait preuve d'« indifférence » (v.17). La réaction de son père approuve son comportement : « Ce respect l'a ravi, sa bouche et son visage/ m'en ont donné sur l'heure un digne témoignage » (v.21.22). Néanmoins, une menace se fait sentir. Le « sort » (v.55), le « grand revers » (v.56), la « crainte » (v.57) et le participe passé « accablée » (v.54) relèvent du champ lexical de la fatalité. Il apparaît justement à la fin de la scène. L'instabilité est accentuée par l'antithèse « grand bonheur/grand revers » (v.56). La tragi-comédie même si elle a un fin heureuse comprend des épreuves. Ainsi on devine que Chimène et Rodrigue devront affronter des obstacles avant d'être réunis.

c) l'amour secret

Chimène est une femme passionnée qui se définit par l'amour qu'elle éprouve pour Rodrigue. Ce champ lexical est omniprésent dans la première partie de la scène. On rencontre les métaphores la « flamme » (v.6), les « feux » (v.11), les termes «amants » (qui désigne d'abord la personne qui aime et qui est aimée et parfois le prétendant) (v.16) et « amour » (v.11). Cet amour est sincère et profond. Il est spirituel et charnel comme en témoigne le jeu des rimes : « charmés » (v.3), mot évoquant le sortilège, répond à « aimez » (v.4) et « âme » (v.5) répond à « flamme » (v.6). La réciprocité est visible grâce aux possessifs « sa » (v.6) et « notre » (v.11). L'expression « sa flamme » (v.6) renvoie à Rodrigue. L'amour est rattaché au champ lexical du secret, la position de Chimène ne peut lui permettre d'exprimer ses sentiment devant tout le monde ce qui explique l'emploi des expressions « la secrète brigue » (v.13), « la douce liberté de se montrer au jour » (v.12), « n'as-tu point fait trop voir » (v.15). Pour finir la félicité, La « joie » (v.54), et « ce grand bonheur » (v.56) viennent combler cet amour. Ces notions sont cependant contrebalancées par les antithèses « Refuse cette joie, et s'en trouve accablée » (v.54), « Et dans ce grand bonheur je crains un grand revers » (v.56). Étant en présence de sa gouvernante, Chimène peut totalement se confier à elle. Cette attitude sera complètement différente en présence du roi ou devant la cour. Elle ne doit pas oublier son rang. Si Rodrigue doit défendre son honneur par le fer, Chimène le fera en poursuivant le meurtrier de son père.

L'honneur dicte donc la conduite des personnages, il passe avant tout. C'est ainsi que le Comte de Gormas voit les choses.

II les valeurs du Comte

a)les qualités guerrières

Le père de Chimène représente sa caste c'est-à-dire l'aristocratie espagnole. Corneille évoque l'univers du Moyen Age et ses valeurs chevaleresques. Rodrigue n'intéresse le Comte que dans la mesure où il provient d'une noble lignée de guerriers désignée par le « sang » (v.26), « les braves aïeux » (v.28) la « maison » (v.31). Ce terme est suivi de trois adjectifs mélioratifs « noble, vaillant, fidèle » (v.26) qui résument les attentes vis-à-vis de son futur gendre : le rang, le courage et la constance. Les adjectifs « vaillant » (v.26), « braves » (v.28), la « vaillance » (v.45), la « vertu » (v.28) et l'expression « homme de cœur » (v. 30) rappellent sans cesse la bravoure. Le mot cœur a donc ce sens dans l'extrait ainsi qu'à l'acte I scène 5 lorsque don Diègue demande à son fils « Rodrigue as-tu du cœur ? ». Ces hommes se doivent d'accomplir des faits d'armes extraordinaires, ce sont des « guerriers » (v.31) qui ont réalisé des « exploits », le terme est d'ailleurs mentionné à deux reprises (v.35 et v.47). Ils sont d'autant mis en valeur par les rimes « guerriers/lauriers » (v.31 et 32) et « sans pareille/merveille » (v.33.34). Les expressions hyperboliques « l'éclatante vertu » (v.28), la « haute image » (v.30), « une maison si féconde en guerriers » (v.31), « la valeur sans pareille » (v.33), la « rare vaillance » (v.45), les « hauts exploits » (v.47), « un tel degré d'honneur » (v.44) relèvent du registre épique. En somme, quatre mots reprennent les valeurs du Comte : le « devoir » (v.25), la « vertu » (v.28), « la valeur » (v.33), la « force » (v.34). Le vers 37 « Je me promets du fils ce que j'ai vu du père » présage les exploits de Rodrigue : les duels, la bataille feront de lui el Cid compeador ; le seigneur batailleur. Pour le Comte, il n’y a aucune place pour les sentiments, c'est ainsi qu'il faut comprendre l'antithèse : « Il estime Rodrigue autant que vous l'aimez » (v.4).

b) l'orgueil

Don

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