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Les Dérives De La Mémoire Collective, Plan Détaillé

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el, affectif…).

Pb : Comment peuvent apparaître les dérives de la mémoire ?

I°) dérives justifiées ou justifiables : l’avènement de la mémoire

a) Du devoir de mémoire au travail de mémoire: les enjeux de la mémoire collective

-La société, et en particulier les jeunes générations, a l’obligation de se souvenir des persécutions passées. Paul Ricœur (L’histoire, la mémoire et l’oubli) distingue la mémoire heureuse (référence au passé glorieux en tant que référence nationale) et la mémoire malheureuse (liée aux traumatismes et aux fautes). La mémoire malheureuse serait aujourd’hui dominante.

- Moyen de réparation en donnant un statut aux victimes, dimension pédagogique pour éviter de reproduire les erreurs passées, donner une identité commune, favoriser le sentiment patriotique et d’attachement des citoyens à leur nation… Mais le devoir de mémoire peut conduire à des problèmes de fond (la mémoire devient une fin) et surtout être instrumentalisé. Todorov identifie plusieurs types d’instrumentalisation : la sacralisation (phénomène qui devient intouchable), la banalisation (idée que les phénomènes sont interchangeables) et la mise en scène de la mémoire par les hommes politiques.

-L’acte de mémoire a ainsi un rôle politique et social majeur : faire communion entre les individus et participer la construction de l’identité nationale. Todorov, dans Les abus de mémoire (1998), compare les commémorations à des cérémonies laïques mais dont les fonctions sont les mêmes que les cérémonies religieuses. Permettent de créer un sentiment commun autour d’une lecture commune de l’histoire.

=>Todorov et Ricœur proposent ainsi de changer la notion de devoir de mémoire en travail de mémoire : repenser en permanence notre passé, rappelle ainsi le travail de l’historien.

-Mémoire vs histoire : On a l’habitude de considérer que la mémoire serait plutôt événementielle, c’est-à-dire frappée par les faits qui viennent rompre la continuité. Elle serait qualitative parce que la perception humaine ne permet pas une juste évaluation des quantités et que le temps accentue encore ce handicap. On dit aussi que la mémoire reconstruit le passé, tandis qu’une archive reconstruit un présent. On a dit que l’histoire analyse le passé, tandis que la mémoire la sacralise, que l’histoire est vérité et que la mémoire est fidélité. Mais erreur commise par certains historiens de s’en tenir au seul écrit comme source.

- « Mémoire du monde », programme créé en 1992, sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), vise à sensibiliser la communauté internationale à la richesse du patrimoine documentaire, à la nécessité d’assurer sa conservation pour les générations futures et à le rendre accessible à un large public. Le patrimoine documentaire déposé dans les bibliothèques et les archives représente un volet essentiel de la mémoire collective ; il reflète la diversité des langues, des peuples et des cultures. Mais cette mémoire est fragile et une partie de ce patrimoine disparaît régulièrement par accident ou vieillissement des supports.

b) L’orientation de la mémoire collective dans une optique positive :

La mémoire collective peut aussi être « orientée » dans un objectif positif (apaisement des tensions, revalorisation du sentiment patriotique, la valorisation de certains aspects de l’histoire,…)

-Une orientation de la mémoire collective a pris forme avec la commémoration de la signature de l’Armistice le 11 Novembre 1918. Après la journée du 11 Novembre 2011 l’Elysée a expliqué qu’"On est passé d'une mémoire vivante à une mémoire historique. Le président ne voulait pas d'une fossilisation. Il voulait une cérémonie qui garde la mémoire vivante". Le chef de l'Etat a fait du 11 Novembre un usage très politique, faisant glisser son sens d'année en année, jusqu'à en faire cette année une cérémonie à la mémoire de "tous les soldats morts au combat". En particulier ceux qui sont morts dans l'année. Sans oublier 1,4 million de morts de 14-18. M. Sarkozy a reçu à l'Elysée les familles de soldats tombés cette année et inauguration d’un Musée de la Grande Guerre à Meaux en Seine-et-Marne.

Cette conception de la cérémonie fait écho au Memorial Day américain.

- Dans cette « orientation », l’actuel Président a aussi fait participer la chancelière allemande Angela Merkel à la cérémonie du 11 Novembre 2009, signe de « l’oubli » des adversités, rancoeurs et souvenirs douloureux du « Diktat de Verssailles ».

-Modification du sens du 11 Novembre : M. Sarkozy s'inspire d'une proposition formulée par l'historien André Kaspi dans son rapport de 2008 sur la "modernisation des commémorations publiques", et reprise par Françoise Hostalier, députée UMP du Nord, dans une proposition de loi déposée en juin 2011. Pour lutter contre la multiplication des commémorations nationales, l'idée est de n'en garder que 3: le 8 Mai (pour célébrer la victoire sur le nazisme et, à travers cela, les droits de l'homme), le 14 Juillet (pour honorer la République) et le 11 Novembre (pour rendre hommage aux victimes des guerres).

- Nécessité pour un peuple, voire même besoin de s’identifier à des héros, d’où exacerbation de certaines figures historiques, de leurs victoires et actions héroïques, de leurs qualités, leur prestige, leur charisme. (ex :Napoléon Bonaparte en combattant héroïque, De Gaulle en résistant militant (alors qu’il restait à Londres), Louis XIV en roi de l’éclat de la France et de son prestige culturel,) et inversement on ne retient que certains aspects/actions de personnages historiques (Louis XVI et la fuite à Varennes, Pétain et la collaboration,….)

-Multiplication des lieux de mémoire : Pierre Nora, Les lieux de mémoire, 1984 :Succès croissant rencontré par les lieux de mémoire dans les années 80 et multiplication des commémorations : panthéonisations, grandes fêtes (bicentenaire de la révolution)… S’expliquerait par une perte de repères de la société française, confrontée à la crise économique et à la fin présumée des idéologies. Besoin de rechercher ses origines et de se construire un imaginaire collectif.

-La victoire de 1918 achève un long processus d’identification de la République et de la Nation, entretenu par les commémorations : entretien d’une mémoire qui sert la République, création de toute une mythologie : mythe de l’union sacrée réactivé, pacifisme et patriotisme (une guerre juste menée contre un agresseur), naissance d’une idée de république sociale…

II°) Les dérives « nocives » de la mémoire collective :

a) Une mauvaise appropriation de la mémoire collective :

- Jeanne d’Arc, est une figure emblématique de l'histoire de France, une sainte de l'Église catholique et symbole du combat patriotique, de la pureté, de courage, d’esprit, de sensibilité vis-à-vis des horreurs et des souffrances causées par la guerre. L'image de Jeanne d'Arc a fait l'objet depuis la fin XIXe siècle de récupération par différents partis politiques tant de la gauche que de la droite, et par différents courants de pensée philosophiques ou religieux pour des raisons parfois contradictoires, faisant même de Jeanne d'Arc en France un personnage officiel. Aussi bien personnage burlesque pour Voltaire qu’incarnation du peuple français pour Jule Michelet ou encore instrument du complot clérical selon Anatole France, la figure de Jeanne d’Arc est tour à tour transformée.

-Lorsque Jean-Marie Le Pen crée le Front national, il choisit l'image de Jeanne d'Arc, comme symbole d'un recours contre tous les « envahisseurs ». Bruno Mégret écrit en 1987, alors qu'il est député de l'Isère : « Elle est là pour nous dire que nous appartenons à une communauté qui nous est propre, qui est différente de celle des autres et dont nous devons être fiers parce ce que c'est la nôtre et celle de nos ancêtres ». Le Front national institue sa propre fête de Jeanne d'Arc le 1er mai et fait de cet événement le point d'orgue de ses manifestations.

-La mémoire peut aussi avoir un aspect « vengeresse ». Au niveau des peuples et des nations, elle peut activer toutes les

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