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Liaisons Dangereuses Commentaire

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it toutes les caractéristiques d’une lettre d’amour, avec tous les artifices de séduction permis par la rhétorique. Valmont met en effet à profit toutes les ressources épistolaires dont il dispose pour plaire à son interlocutrice dans ce courrier. Il écrit dans le registre lyrique propice à l’expression des sentiments et donc de l’amour. Mais le ton lyrique permet aussi et surtout à l’émetteur de se mettre en avant. Et de fait Valmont décrit l’état d’esprit dans lequel, le refus de madame de Tourvel, le plonge. Ce type d’écriture engendre l’usage de nombreuses figures de style et notamment des tournures hyperboliques comme par exemple : « la puissance irrésistible de l’amour » ou encore « l’agitation d’une ardeur dévorante ».On trouve également des adjectifs superlatifs tel que : « irrésistible ».

Un autre élément qui entre dans le cadre du topos de la lettre d’amour c’est la métaphore du feu. Or on y trouve plusieurs références dans l’extrait de la lettre avec des termes comme « « ardeur dévorantes» ou « brulant ».

Le vicomte choisit d’emprunter la position du « fou amoureux », en proie à une sorte de délire, pour toucher madame de Tourvel et lui faire croire à ses sentiments. La cause de ce délire, qui se traduit par un désordre dans la construction de la lettre, est le soi disant trop grand amour de Valmont pour La présidente. Cette folie amoureuse transparait surtout à travers le vocabulaire utilisé. On trouve des formulations telle que : « j’ai peine à conservé assez d’empire sur moi », « le trouble que j’éprouve » ou encore « ivresse qui s’augmente à chaque instant »etc. Il donne l’impression de ne pas maitriser son écriture. On trouve en effet beaucoup de phrases exclamatives (« combien elle va s’embellir à mes yeux !») ou des questions, indignations (« Quoi ? »).Ce trouble traduit l’agitation des sentiments de Valmont et doit attendrir la jeune femme.

Mais Valmont va encore plus loin pour la séduire. Plus qu’écrire une lettre d’amour commune il va utiliser tout les ressors du genre pour toucher madame de Tourvel au plus profond d’elle même.

Valmont afin de l’atteindre, interpelle directement la présidente dans sa lettre, ce qui à pour effet de souligner le fait que la lettre lui est bien destinée à elle, quelle est la principale concernée. Ces interpellations comme « Croyez-moi, Madame » rendent surtout la lecture de la lettre plus vivante, plus actuelle. La présidente pourrait imaginer que Valmont est présent en train de lui dire ces mots.

L’angle de stratégie adoptée par Valmont est celui de la culpabilisation. De fait tout au long de la lettre il se met dans la position de l’amoureux transit qui souffre à cause des « rigueurs désolantes » que lui inflige l’objet de son amour. Il affirme même que cette douleur subie lui fait perdre le control de lui même : « j’ai peine a conserver assez d’empire sur moi » et aussi « désordre de mes sens ».De plus pour la faire sentir coupable et par là même lui prouver la force de son amour. Il profère des accusations directes telles que « « en vain m’accablez-vous de vos rigueurs désolantes » et « le désespoir auquel vous me livrer » ou encore « les tourments que vous me faites éprouvés ».

Pour apparaitre comme une véritable victime Valmont use du registre pathétique dont il sait qu’il aura l’effet d'attendrir madame de Tourvel et ensuite même de la séduire. Il exagère donc sa situation : « l’exil auquel vous me condamnez ».Le style est emphatique comme le montre l’épiphore de la structure : « auquel vous me » que l’on trouve à deux reprises : « le désespoir auquel vous me livrez » puis « l’exil auquel vous me condamnez ».Plus que l’homme fou d’amour le marquis joue surtout l’homme brimé par la femme qui occupe ses pensées.

Il lui reproche sa dureté et sa froideur (« froide tranquillité »), termes qui s’opposent alors à ceux que l’on peut utiliser pour qualifier Valmont : « ardeur dévorante », « brulant de volupté » etc. C’est à ce moment que Valmont endosse alors un troisième masque. Il se poste en véritable « guide ».Il s’applique en effet d’abord à faire naitre la curiosité et l’envie chez elle en parlant d’un bonheur absolu qu’elle pourrait atteindre si elle acceptait les conditions de Valmont. Il avance en effet que malgré son chagrin il est « plus heureux » qu’elle. C’est une sorte de défit. Il met en parallèle leur deux modes d’existence en la persuadant que le seul chemin vers le bonheur est de vivre sa passion : «Croyez- moi, Madame, la froide tranquillité, le sommeil de l’âme, image de la mort, ne mènent point au bonheur ; les passions actives peuvent seules y conduire ; » Les notions d’amour et de bonheur reviennent donc sans cesse dans la lettre et sont d’ailleurs associées. C’est le procède le plus évident dans l’écriture de Valmont. Comme on l’a vu il rejette tout les tords sur la présidente. C’est en effet elle qui est sans cœur, sans indulgence et pleine de « rigueur ».Il donne au lecteur l’image d’un homme respectueux mais transit face à une belle dame sans merci.

Pour mieux l’attirée Valmont utilise le champ lexical de la sensualité qu’il associe au sentiment amoureux pour la convaincre de se laisser aller à l’amour. On trouve en effet des termes tels que : « passion », « abandonner entièrement à l’amour », « plaisir », « émotion si douce », « volupté » etc. Il veut faire naitre en elle le désir et l’envie de la découverte et il se propose en quelque sorte d’être son guide.

Enfin dernière chose que l’on peut ajouter aux atouts stratégiques de Valmont c’est l’usage qu’il fait de sa connaissance de la personnalité de madame de Tourvel, qu’il met à profit pour mieux la toucher. Il connait en effet l’importance que cette femme donne à la religion. C’est une prude. Il va donc glisser dans son épître du vocabulaire religieux afin de mieux encore la mettre en confiance. On trouve en effet des termes tel que « autel sacré de l’amour », « âme » ou encore « serment ».Il écrit de façon à avoir la réputation qui plaira à sa destinataire, il parle donc à madame de Tourvel dans son propre langage qui est donc notamment le langage religieux. Mais Valmont use aussi du langage précieux qui, il sait touchera également la présidente, pour la convaincre de la pureté de ses sentiment à son égard, de la brutalité de son tourment et de la force de son amour. On trouve de fait des termes comme « puissance irrésistible », « amour », « émotion si douce »etc. Il fait de lui une victime tragique. L’amour qu’il évoque est celui pour lequel la présidente peut fantasmer. Il utilise donc tous les subterfuges permis par l’écriture pour faire naitre des émotions chez madame de Tourvel et parvenir à la séduire. Il l’a culpabilise en lui prouvant son grand amour, l’attendrie en jouant les amoureux transit et enfin fait naitre chez elle le désir en se proposant comme guide vers son bonheur. Le comte nous apparait donc ici comme un véritable maitre dans l’art de l’écriture, ce qui va se confirmer avec l’étude des doubles sens de la lettre. Le langage, et plus précisément l’écriture, se fait ici moteur de l’action. Néanmoins il apparait déjà quelques limites.

Le but de Valmont était donc de séduire madame de Tourvel pour en obtenir ses faveurs. Même si sa lettre se présente comme une réussite en matière de reproduction de lettre d’amour et que Valmont à la capacité de « bien dire » en même temps que de persuader, il y a cependant des limites à son efficacité. Premièrement une lettre en elle même à ses propres limites et surtout l’acte d’écrire peut s’avérer être un jeu dangereux. L’écriture dévoile son émetteur à son insu. C’est pourquoi on parle de la lettre comme du lieu de la sincérité et de la vérité. La marquise de Merteuil avait d’ailleurs déjà mis en garde Valmont à la lettre 33 sur les limites du pouvoir de séduction d’une lettre. Elle lui en fait le reproche : « Mais la véritable école est de vous être laissé aller à écrire. ». Madame Merteuil se réclamerait donc d’après ce propos de l’école sophiste, qui croit en la supériorité de la parole sur l’écriture. De fait une lettre n’a pas le même impact dans la durée qu’une conversation : « Quand vos belles phrases produiraient l’ivresse de l’amour, vous flattez-vous quelle soit assez longue pour que la réflexion n’ait pas le temps d’en empêcher l’aveu ? ». Mais cette limite n’est pas la seule. On en trouve également dans l’écriture même de ce courrier.

Si l’on s’attarde sur la lecture du passage, la lettre peut alors apparaître comme surfaite, manquant d’une certaine sincérité. Or la lettre est censée être comme on l’a dit l’endroit où la personnalité et les sentiments se révèlent. Ici le désordre que provoque d’ordinaire l’amour (comme on le voit lettre 70 : « ce désordre, qui peut seul peindre le sentiment ») est convenu. C’est en fait ce que l’on pourrait appeler un désordre organisé mis en place pour séduire comme le montre l’usage de formules calculées telles que : « la puissance irrésistible de l’amour » ou encore l’usage de figures de style, comme l’anaphore de «c’est après » au début de la lettre : « c’est après une nuit orageuse, et pendant laquelle je n’ai pas fermé l’œil ; c’est après avoir été sans cesse… ».Mais le subterfuge est vite décelable, comme le faisait déjà remarquer

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