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Memoire De Philo

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l’évolutionnisme du XVIIe siècle, celle du monde moderne présente un autre modèle. Ici, les êtres vivants évoluent de manière mécanique, et « (…) n’esquissent rien de ce qui en sortira en des étapes successives »[2] de leur évolution. Pour la théorie évolutionniste, deux principes sont à la base de l’évolution des vivants : le rôle cumulatif de modification du patrimoine héréditaire et la sélection naturelle qui, à partir de des effets de mutations peut devenir un principe téléologique. Pour Darwin, c’est la sélection naturelle qui oriente les effets de la mutation provoqués par le hasard.

Hans Jonas reconnaît que l’évolution est une qualité ou une catégorie qui appartient aux vivants. En revanche pour lui, bien que certaines mutations ou modifications apparaissent au niveau du vivant, celles-ci ne changent pas profondément son essence. Celle-ci est immuable. Or pour l’évolutionnisme darwinien, il n’y a pas d’essence qui existe de façon permanente.

En effet, dans l’histoire du vivant, les conditions extérieures ont joué un rôle important dans la formation des êtres vivants et leur déviation. À l’opposé de cette conception des choses, Hans Jonas pense qu’ « il n’y a pas d’organisme sans téléologie ; il n’y pas de téléologie sans intériorité et la vie ne peut être connue que par la vie »[3]. Les êtres vivants ont une spécificité, qui est d’évoluer suivant une finalité. On peut décrire cette spécificité comme quelque chose d’interne, de vital qui caractérise le mode d’être de chaque être vivant. En plus, les êtres vivants sont tous des organismes. Un organisme vivant se caractérise par le fait qu’il est un système existant par soi dont toutes les parties sont interdépendantes et dont les fonctions concourent à la conservation du tout. Les êtres vivants existent pour la vie. Ainsi, ils mettent tout en œuvre pour leur conservation. Cependant, le mécanisme cartésien excluait de la nature et des phénomènes de la vie, la manifestation d’une fin. Le mécanisme semble donc correspondre aux exigences d’une représentation matérialiste et scientifique du monde. Or, pour Hans Jonas, cette représentation du monde implique une certaine méconnaissance de la valeur de la vie. Il estime que c’est la conception matérialiste du vivant qui est à la base de la négation de la valeur des êtres vivants et du rejet hors du champ de la connaissance du finalisme

Il faut reconnaitre que le finalisme occupe une place importante dans l’explication du vivant chez Hans Jonas. Aussi pense-t-il que toutes les philosophies qui ont tenté de décrire l’être vivant sans recourir aux questions métaphysiques, n’ont pas pu mettre en évidence sa spécificité. Mais avant de dévoiler les raisons qui ont conduit celui-ci à développer sa philosophie de la vie en faisant recours au finalisme, il convient de nous intéresser à son parcours intellectuel et à sa vie.

Né en 1903 en Allemagne et décédé aux États-Unis en 1993, Hans Jonas a été l’élève d’Edmund Husserl, de Martin Heidegger (dès 1921 à l’Université de Fribourg) et Rudolf Bultmann. Il apparaît comme l’une des figures marquantes de la pensée écologique. Son œuvre principale Le principe responsabilité est une œuvre percutante qui a influencé l’évolution des normes internationales ; cette œuvre a inspiré le principe de précaution présent dans le droit positif français. Elle a aussi joué un rôle très important dans l’ouverture du débat sur la responsabilité des générations présentes à l’égard des générations futures. Cette œuvre a interpelé et inspiré des philosophes, des politiciens, des pédagogues, et des écologistes sur les dangers que courent l’humanité et le cosmos dans son entièreté face au pouvoir technoscientifique.

En effet, pour Hans Jonas, toutes les dérives de l’homme occasionnées par la puissance de la technologie exigent la mise en place d’une nouvelle éthique, susceptible de garantir la survie de l’espèce humaine, voire de toutes les espèces. C’est cette éthique nouvelle que Hans Jonas qualifie d’éthique de la responsabilité. Il s’agit d’une éthique qui amène l’homme à prendre conscience de ses responsabilités sur l’état actuel de la nature. Ainsi, la philosophie jonassienne qui s’articule autour de cette notion centrale de l’humanité occidentale, a pour but d’amener les hommes à prendre en compte le devenir et l’avenir de l’humanité, perpétuellement menacé par le progrès technoscientifique. Devant la dynamique actuelle de l’évolution des technosciences et de leurs interventions dans la nature, qui ne connaissent aucune limite, on assiste à une dégradation de l’image de l’homme et du monde. Pour Hans Jonas, l’image du monde et de l’humanité présente une spécificité qui lui confère une valeur qui mérite d’être protégée à tout prix. C’est seule la prise en compte de cette valeur immanente à la nature qui doit nous amener à changer notre attitude à son égard. Parler de valeur du monde, c’est révéler un bien-en- soi inhérent à la nature. Ce bien-en-soi exige un devoir vis-à-vis du monde et de l’humanité qui se présente sous forme de responsabilité.

Ainsi, pour rendre compte de la responsabilité de l’homme vis-à-vis de la nature, Hans Jonas présente une ontologie qui applique une grille d’interprétation finaliste à l’évolution naturelle qui révèle une continuité hiérarchisée entre tous les êtres vivants. Cette généalogie de la finalité repère même dans les formes de vie les plus élémentaires et primitives les traces d’une intentionnalité qui culmine dans l’être humain, être hautement finalisé et libre producteur de finalité. Il faut souligner que cette conception finaliste du monde présentée par Hans Jonas pose indéniablement des questions d’ordres éthiques et métaphysiques.

Quelles sont les implications éthiques et métaphysiques de la conception finaliste du monde chez Hans Jonas ? Quel est le but poursuivi par les êtres vivants ?

Toute la philosophie de Hans Jonas est une réforme de l’ontologie traditionnelle. Pour lui, celle-ci en ignorant l’unité du phénomène vital est incapable de rendre compte de l’expérience originaire et spécifique du vivant.

L’intérêt que l’on accorde aujourd’hui à la philosophie jonassienne provient de la profondeur de sa pensée sur la vie. Dans cette œuvre, il pose avec netteté et profondeur les questions les plus sensibles de notre temps. En effet, dans sa philosophie, il veut apporter une réponse aux problèmes environnementaux que la civilisation technicienne a engendrés. Le pouvoir énorme qui est conféré à l’homme par la technoscience constitue un problème auquel doit répondre en l’homme une nouvelle forme de responsabilité. Il faut par ailleurs, souligner que la question de la dégradation de la nature est aussi liée aux différentes conceptions que les hommes se font de celle-ci. C’est pour rompre avec elles que Hans Jonas propose une ontologie qui a une portée axiologique. La tâche qui nous incombe dans le présent travail, se résume en une étude du finalisme jonassien et de ses implications éthiques et métaphysiques.

Cependant, Pour nous, bien que cette conception du monde soit favorable à une protection de la nature, elle peut parfois être un obstacle à l’évolution de certaines activités humaines, notamment économiques et scientifiques. C’est pourquoi, nous pensons qu’il est nécessaire d’imaginer aujourd’hui un progrès scientifique, technique et économique qui prenne en compte l’intérêt de la nature.

L’intitulé de ce travail à savoir, « la question du finalisme dans le principe responsabilité de Hans Jonas » s’articule autour de trois parties. D’abord, dans la première partie, il s’agira d’une réflexion sur la question du finalisme dans les théories classiques et moderne de la vie.

Ensuite, la deuxième partie sera l’opportunité de réfléchir sur la philosophie de la vie de Hans Jonas. Enfin, la troisième partie se situe essentiellement dans la perspective critique de la conception finaliste du monde.

PREMIÈRE PARTIE :

CHAPITRE I : LES FONDEMENTS THÉORIQUES DE LA

CONCEPTION FINALISTE DU MONDE

Toute philosophie suppose toujours un point de départ, un fil conducteur par lequel on saisit toute la richesse et toute la substantialité qui la porte. C’est une sorte de porte par laquelle on entre pour saisir l’idéal que cherche à réaliser son auteur. Toute réflexion, dès lors, sur la philosophie de la vie se présente comme le commencement du processus d’un renouveau ontologique qui révèle la valeur réelle de l’être et offre une bonne compréhension du sens du finalisme chez Hans Jonas.

I-1 APPROCHE DEFINITIONNELLE DU CONCEPT DE FINALISME

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