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Orwell / 1984

Commentaire de texte : Orwell / 1984. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  5 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  1 888 Mots (8 Pages)  •  538 Vues

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Littérature. Explication de texte

« On pouvait imaginer qu’elle surveillait tout le monde, constamment », s’imagine Winston en pensant au télécran, une nouvelle technologie utilisée par le gouvernement en vigueur, le Parti, et implantée dans tous les foyers de l’Océania. Œuvre majeure d’anticipation du 20e siècle, Orwell imagine dans son roman 1984 une société régie par une entité suprême, Big Brother. Publiée en 1949, cette fiction nous parle d’un futur proche dans lequel le libre arbitre et la liberté de pensée n’existent plus. Nous suivons le protagoniste, Winston, immobilisé entre son envie de révolte et les impératifs liberticides pesant sur ses épaules. Lui-même, employé au ministère de la Vérité, a pour fonction de réécrire l’histoire constamment, toujours au profit du pouvoir. Comment Orwell nous dépeint-il un nouveau genre de société dystopique ? Afin de répondre à cette question, nous étudierons successivement la mise en place d’un décor oppressant, la manipulation du « Parti » sur ses citoyens et la perte d’individualité et d’humanité de chacun des habitants.

Dans de nombreuses dystopies, le cadre instauré par les auteurs est morbide et angoissant ou encore froid et distant. Le climat posé doit être repoussant, fonctionnant comme une métaphore des idéologies dystopiques proposées. Dans cet extrait, le décor paraît immédiatement oppressant ; pour ce faire, l’auteur a recours à de nombreux procédés.

Tout d’abord, le télécran en lui-même est une technologie effrayante. Une « voix » (l.2) parle en continu dans les oreilles des habitants, percevant chacun de leurs gestes et paroles. Cette « plaque de métal » (l.4), implantée dans chaque foyer, n’a rien d’avenant. En plus de débiter en continu des informations de propagande, sur lesquelles nous reviendrons ensuite, elle espionne sans cesse tout ce qui se passe dans les appartements. Toutes ces technologies sont dirigées par le bras droit de Big Brother, la Police de la Pensée. L’impératif sous lequel Winston succombe se matérialise par ses Forces de l’Ordre tyranniques, mettant en place tous types de système empêchant les hommes de faire quoi que ce soit : manipulation intellectuelle, caméras omniprésentes dans les endroits publics ou encore télécran à grand angle chez eux. Toutefois, si ces inventions d’anticipation nous paraissent bien intrusives, de nombreuses études (telle que le documentaire The Social Dilemma) montrent que nos technologies modernes ont atteints des degrés de reconnaissance vocale et de traçage similaire à ce qu’Orwell imaginait 70 ans plus tôt. Mais si le télécran seul paraît déjà étouffant, la description que Winston fait de sa ville natale, Londres, l’est encore plus.

Le décor dans lequel il évolue est apocalyptique, rentrant en résonnance avec le premier slogan du Parti, « LA GUERRE C’EST LA PAIX ». En effet, la vue qu’il a de la ville se constitue d’« emplacement bombardés», de «monceaux de décombres» ou encore de « sordides colonies d’habitacles » (l. 19 à 22). Cette vision se rapproche bien sûr des paysages que l’on trouvait dans de nombreuses villes en Europe en 1949, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais ils sont aussi le symbole même de la dystopie : on retrouve, par exemple, dans La Servante Écarlate de M. Atwood un décor tout aussi glaçant et déshumanisé, rendant les évènements encore plus pesants. Mais à l’inverse de ces bâtiments délabrés que Winston observe dans tout Londres, la manipulation du Parti se poursuit dans la construction de leur urbanisme ; leur bâtiment, eux, cette « gigantesque construction pyramidale » brille d’un « béton d’un blanc éclatant » (l. 26), se détachant largement de ce paysage urbain « sinistre ».

Enfin, la mise en place du décor se retrouve dans le comportement intrusif du télécran. La surveillance que dénote Winston est double. Elle est visuelle bien sûr, car ils pouvaient être vus à tout moment, mais elle est également idéologique. Le nom de leur police, « de la Pensée »

est révélateur. En effet, en plus de contrôler gestes et discussions, les policiers doivent constamment s’assurer que tous adhèrent à l’idéologie du Parti, seule valable. Orwell dénonce ici clairement les régimes autoritaires, reprenant une à une leurs caractéristiques (police privée du parti politique au pouvoir, pensée unique et surveillance démesurée de la population), et plus particulièrement du régime communiste en place en URSS depuis 1917.

Le décor étant posé, approchons-nous maintenant de la volonté de manipulation du Parti, régissant les esprits de leurs habitants sans même que ces derniers puissent le réaliser.

L’influence du gouvernement sur ses citoyens se découpe en trois temps. Tout d’abord, mettons en lumière la (ou le, selon les traductions réalisées) novlangue, dialecte inventé par le Parti, abondant en néologismes. Le «télécran», (l.1) le «Miniver» (l.25) ou encore « l’Océania » (l.15 – bien que largement inspiré du continent déjà existant) sont des mots inventés par la Police de la Pensée. Dans cette même langue, de nombreux mots sont supprimés. Le mot « libre », par exemple, est aboli pour parler de toutes libertés humaines et n’a de sens que pour parler d’un fait concret (une chaise ou un horaire). Le vocabulaire est restreint à de simples mots concrets afin de converser au quotidien de choses triviales, et les seules expressions plus politiques ou philosophiques ont été supprimées, sauf bien sûr pour définir et approfondir les subtilités de l’idéologie du Parti. Nous savons que le langage influence notre façon de penser ; le Yagan, idiome amérindien en voix de disparition, a par exemple un mot permettant de définir un regard entre deux personnes exprimant un désir non-dit mais mutuel, tandis que la plupart des langues n’en ont pas. À petite échelle, ce parti pris de vocabulaire n’a que très peu d’incidence mais ici le Parti, en supprimant sciemment une large partie du vocabulaire initial, n’influence pas seulement les esprits mais les condamne obligatoirement à penser d’une certaine façon, sans même être capable de faire autrement.

La deuxième influence que le gouvernement exerce sur ses citoyens est tout aussi profonde que la première : il s’agit de la manipulation de leurs souvenirs les plus anciens. La vision de la ville dont nous parlions précédemment est celle de Winston tandis qu’il essayait « d’extraire de sa mémoire quelques souvenirs d’enfance » (l.15). Lesdits souvenirs, comme il le dit ensuite, sont introuvables : « rien ne lui restait de son enfance » (l.23). Bien que cette modification des souvenirs ne soit pas réalisée scientifiquement, c’est la propagande constante menée par le Parti qui pousse progressivement les hommes à modifier leurs souvenirs les plus anciens afin de les rendre conformes au monde tel qu’il est à l’instant : « sinistre ». Cette manipulation se retrouve dans les fonctions du télécran, lorsqu’Orwell le définit comme « continuant à débiter des informations ». L’expression utilisée sous-entend un refrain lancinant auquel on ne peut mettre fin, martelé dans les esprits de chacun afin que ceux-ci en soient profondément impactés ; de fait, tous les souvenirs d’enfance de Winston sont devenus

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