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Renégat pris en otage

Discours : Renégat pris en otage. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  1 Mai 2019  •  Discours  •  5 053 Mots (21 Pages)  •  511 Vues

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Apres le diner arrivèrent des amis de promos vivant dans un village voisin. Les ex lycéens bien habillés atterrirent chez Moussa. Ils avaient été invités à la ville par une camarade de classe qui avait aussi décroché le sésame. Mais Moussa était hanté par le fait qu’il devait aller demander à son père l’autorisation de sortir la nuit. Depuis son enfance, Moussa sortait du domicile familial la nuit qu’à l’improviste, quand son père ronflait dans sa chambre. Il ouvrait sa chambre pianissimo et se faufilait entre les chambres. Mais ce jour-là, ce ne fut pas le cas ; il aura beaucoup patienté mais le chef de famille, couché sur une natte au milieu de la cour de la maison à côté de sa femme n’était pas prêt pour aller au lit. Après tant d’attente, Moussa osa cette fois prendre son courage en main et demander l’autorisation de sortir pensant que la réussite du jour serait une circonstance atténuante.

-         Papa je veux partir à la ville, on nous y a invités pour une fête.

Comme ne croyant pas à ses oreilles, Ngor acclama

-        Moussa, il me semble ne pas bien t’entendre, répètes.

Par cette intervention musclée, le père de famille avait réussi à réduire son fils à quia. Ce dernier resta bouche bée, son projet était voué à l’échec. Après quelque minute de silence digne d’un vrai chef de famille, Ngor rugit :

-         Penses-tu que tu as l’âge de marcher la nuit ?

Par cette question posée à brule-pourpoint, Moussa se tut. Le vieux en profita pour ajouter

-         Ces sorcières attendaient que tu réussisses afin de te dévorer, tu ne sortiras pas de cette maison.

Les amis de Moussa déçus sortirent de la maison déçus par leur jeune copain en pouffant de rire, tant mieux pour lui, ce n’est qu’un pleutre, un capon, un couard ; nous aurons droit à un party hors norme arguèrent ils en courant. Mais comme le vieux avait déjà vu ce qui allait se passer, en cours de route sur un croisement de chemin, ils firent la rencontre avec un troupeau de singes. Ces derniers attaquèrent les jeunes fêtards et blessèrent l’un d’eux qui rendait l’âme quelques jours plus tard.

Seul dans son lit Moussa était plongé dans un mutisme et un désespoir  total ; il commença par haïr son pauvre village, leur misérable demeure, ses parents liberticides. Il se souvenait de ces années où il faisait la navette entre la ville et son village, arpentant les chantiers sablonneux dès les premières lueurs de l’aube, apprenant ses leçons sous la lampe à pétrole.  Il lui revint d’esprit ce jour-là, quand son père est venu lui quérir dans les pâturages, a emprunté des chaussures pour lui, lui a fait monter sur une charrette d’âne et lui a confié à un jeune homme qui a passé une année à le menacer au gourdin. Il se rappelait des cravaches de la maitresse qui lui ont laissé de séquelles, des conseils de ses professeurs, ses paresseux camarades de classe de la ville qui ne sortaient que de chez eux pour entrer à l’école mais qui échouait toujours, de ces détracteurs qui riaient de lui sous cape quand il mangeait les restes du couscous de leur diner  pendant la pause, de cette vraie piétaille qui se moquait de lui quand il prenait sa pauvre pitance.  Il se rappelait de tout cela comme si c’était la veille. Il se souvenait de ces jours d’enfance jouant avec les animaux, gambadant dans les champs, tendant des pièges,  gardant les chèvres avec ses ainées, chassant les oiseaux à coup de lance pierre. Cette folie de l’enfance que nous retrouvons que dans les villages sérères ; Moussa l’a bien vécu.

Selon L’Etat civil de Fatick, Moussa serait né un 28 aout de l’année 1980. En tout cas, c’est sûr que Moussa a atterri dans ce monde un jour pluvieux et orageux. Sa mère et la matrone qui l’avait assisté étaient très occupées pour s’occuper du jour ou du mois de sa naissance ; ce qui comptait c’était sa vie. Ngor, en ce moment trafiquait du sucre entre la Gambie et son pays. Il transportait divers provisions à tête  traversant des forêts pour nourrir sa famille. Quand son premier fils voyait le jour il était à deux jours de marche normale de son village, mais comme poussé par une force inouïe il fit son village pied la route en un jour.

Un conseil de sages convoqué à l’urgence appris à Ngor que l’oracle consulté prédisait la mort de l’enfant et la malédiction sur la famille de Ngor si ce dernier ne quittait pas le village avec ses siens avant le lever du jour. L’enfant nouveau-né ne devrait pas passer une nuit supplémentaire dans ce village. Il n’y avait pas sa place ; ainsi voulait les esprits et il fallait s’en fier. Pris au dépourvu, Ngor alerta sa famille, ils devraient quitter le village cette nuit en dépit de fortes pluies et de l’orage qui dictaient leur loi sur la nature. A bord d’une charrette empruntée à un ami, Ngor embarqua sa famille avec quelques instruments nécessaires à la survie en campagne. Ngor s’en allait, la pluie tombait, le ciel grondait, l’éclair menaçait en éclairant  toute l’univers, mais Moussa s’en allait silencieux et pensif, quittant le village qui l’a vu naitre, grandir, éclore ; la terre de ses parents, de ses aïeux, il s’en allait s’en se retourner.

Sous une bâche qui les couvrait intégralement Maman coumba couvrait le nouveau-né d’un pagne épais ; celui qui n’a passé qu’une nuit chez le pays de ses ancêtres. Contrairement aux enfants de son âge qui passent tous leur temps à pleurer, le petit était couché, calme en train de jouer avec les doigts de sa mère depuis qu’ils sont sortis du lieu qui lui est interdit

Brusquement, Coumba apercevait une lumière blanchâtre devant elle ; c’était des poteaux qui portaient des lampes électriques, Coumba n’en avait jamais vu auparavant, le président Senghor était passé par là. Surpris par la beauté des lieux, elle demanda

-        Ngor, Ngor,  c’est dans ce paradis terrestre que nous allons vivre ?

Ngor, sans donner une suite à la demande de son épouse donnait des coups de désespoirs au cheval.

Bientôt apparurent les premières lueurs de l’aube. Dans cette zone perdue au fond de la brousse, on entendait les hyènes qui grondaient, hurlaient, ricanaient. Dans cette brousse, elles y avaient élus campement. Leurs cris seulement faisaient peur à beaucoup, sauf à ces villageois qui au fur du temps se sont habitués à vivre avec eux. Les hyènes ont un pelage grossier gris ou fauve mêlé de brun, avec une crinière fournie et rude sur le cou; leurs pattes postérieures plus courtes que les antérieures leur font la croupe plus basse que le garrot. Les hyènes se nourrissent de charogne et de cadavres qu'elles déterrent la nuit ou rarement, elles attaquent les troupeaux des villageois pour repartir avec quelques chèvres ou des ânes qu’elles tuent après de rudes combats. A ce moment, trois pigeons roucoulèrent, un chat noir se dressa devant eux tenant une proie entre ses dents. Deux gros oiseaux venaient de s’envoler devant la charrette. C’était des signes de la part des ancêtres, le père de famille en bon initié en était conscient. Par cette ornithomancie, Ngor savait qu’il était arrivé au lieu idéal. C’est  là où les ancêtres l’avaient invité à s’installer, c’est bien sûr là où il était convié à remplir la périlleuse mission de maintenir et sauvegarder les traditions, le culte des anciens.

Charrette garée  sous un grand baobab qui dominait les environs, Ngor était resté à l’affut quand brusquement il entendit le chant lointain d’un coq. Il devina qu’une maison y était et il lui fallut aller la trouver. Eleveur dès ses premiers jours, ayant traversé des forêts obscures, Ngor savait se situer dans l’espace et poursuivre sa proie en bon chasseur. Arrivé à bon port, il découvrit le seul habitant de la contrée ; c’était un sage vieux du nom de Samba qui l’accueillit à bras ouvert. Ce dernier lui aida à construire une hutte peu confortable et lui mit au contact des génies malfaisants qui dictaient leur loi dans cette contrée lointaine ou le mystique prenait le pas sur la rationnel.

Pourquoi ce vieux Samba vivait seul dans cette contrée lointaine ? Pourquoi était-il seul avec sa famille dans cette brousse difficile ? Voilà les questions qu’on se posait à l’égard du vieux. Pourtant rien ne lui prédisait une telle destinée à sa naissance. Il est né un hivernage dans un village sérère situé au Baol dans le fin fond du Sénégal. Dans sa famille, il est le sixième enfant de sa mère et le vingt troisième  de son père. Quand il est parvenu à différentier le blanc du noir, il fut envoyé garder les vaches dans les prairies lointaines avec ses frères et un cousin. Son père avait hérité de son oncle un troupeau de plusieurs centaines de vaches. C’est à  ce troupeau qu’il consacra tous son temps. Il s’est battu, a failli laisser sa vie contre des voleurs pour le troupeau. Mais pourtant tous ce qu’il avait de ces centaines de bêtes qu’il suivait à longueur de journée c’était le prestige d’être considéré comme le plus riche éleveur de la contrée, le fait de passer la journée derrière le plus beau troupeau du village. Quand il atteignit l’âge de se marier, il retourna dans son village natal et on lui montra sa femme. C’était la première fois que Samba avait affaire à une femme, à part sa mère depuis sa petite enfance, il n’avait point fréquenté de femmes. Il ne savait pas ce qu’il allait faire avec une femme. Mais le jour de son mariage, le problème se posa quand il s’est agi de trouver un bœuf à tuer. Samba très  actif ayant déjà fait venir le plus gros taureau du troupeau fut insulté et menacé par le neveu de son père futur héritier du troupeau.

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