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Le Parti Pris Des Choses

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e l'irrationnel (le rapprochement entre "cage", "cageot" et "cachot" peut encore se justifier, mais entre "savon" et "savoir", par exemple, l'analogie semble bien plus discutable). Ponge s'évertue, dans Le Parti pris des choses, à accroître cette part irrationnelle au moyen de calembours, d'allitérations, de permutations de lettres, d'analogies gratuites, d'associations d'idées audacieuses (à propos de l'orange, il évoque la « lanterne vénitienne des saveurs »), tout en restant, en apparence, sur une description "à froid". Cette tension extrême des textes diffuse un humour très subtil, lequel couvre d'apparences débonnaires ou futiles un message bien plus tragique et subversif : le "compte tenu des mots" s'avérant impérieux pour tout discours (pas seulement pour les textes du Parti pris), et la forme de ces mots relevant en partie de l'arbitraire linguistique, alors il existe nécessairement une part irrationnelle dans tout discours. Dans une telle perspective, truffer une description en apparence objective et rigoureuse d'éléments irrationnels ressemble, à bien des égards, à un travail de sape systématique de la langue. Commentant son propre travail, Ponge évoque un "anarchiste" en train de construire une "bombe" dont la "poudre" serait l'irrationnel (Entretiens avec Philippe Sollers). Par ailleurs, cette dimension irrationnelle inhérente à tout discours renvoie l'individu à l'absurdité de sa condition. Cependant, Ponge écrit contre le pessimisme existentiel, l’incertitude et l’angoisse métaphysique, le "silence déraisonné du monde" auquel Camus fait référence dans Le Mythe de Sisyphe (« L’absurde naît de cette confrontation entre l’être humain et le silence déraisonné du monde »[5]), ou encore Pascal (« Le silence éternel des espaces infinis m’effraie[6] »). Ponge entend au contraire faire parler les choses : « le monde muet est notre seule patrie » déclare-il. Il choisit délibérément des objets finis, modestes, circonscrits, « rien qui flatte ce masochisme humain, rien de désespérant ». En 1954, dans Pratique d’écriture ou l’inachèvement perpétuel, publié en 1984 dans la collection l’esprit et la main, il déclare :

« À partir du moment où l’on considère les mots comme une matière, il est très agréable de s’en occuper. Tout autant que peut l’être pour un peintre de s’occuper des couleurs et des formes. Très plaisant d’en jouer. (…) Par ailleurs, c’est seulement à partir des propriétés particulières de la matière verbale que peuvent être exprimées certaines choses - ou plutôt les choses. (…) S’agissant de rendre le rapport de l’homme au monde, c’est seulement de cette façon qu’on peut espérer réussir à sortir du manège ennuyeux des sentiments, des idées, des théories, etc. »

Il se réclame également de Lucrèce (Ier siècle av. J.‑C.), disciple d’Épicure, dont le De natura rerum rappelle le titre qu'il avait d'abord envisagé pour Le Parti pris des choses : « l’approbation de la nature »[réf. souhaitée]. Pour lui, « la foudre est physique et pas métaphysique ». L’univers se réduit

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