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Ruy Blas, acte V, scène 3, Vicotr Hugo. Qu'est-ce qui contribueà faire de cette pénultième scène de Ruy Blas un sommet d'intensité dramatique, assez représentatif du drame romantique?

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Par   •  24 Juin 2017  •  Commentaire de texte  •  889 Mots (4 Pages)  •  2 988 Vues

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RUY BLAS : SCENE 3 ACTE V

Qu’est ce qui contribue à faire de cette pénultième scène de Ruy Blas un sommet d’intensité dramatique, assez représentatif du drame romantique ?

I-Toute sa dramaturgie est mise au service de la plus grande violence, avec précision et cohérence :

  1. L’espace est utilisé à des fins dramatiques :
  • La porte par laquelle Don Salluste est entré et que Ruy Blas va verrouiller (didascalie précédant le vers 2169)
  • Le cabinet où Ruy Blas va tuer celui-ci (selon une convention du théâtre de l’époque selon laquelle on ne « tue » pas sur scène…) et « dont la porte referme sur eux » (près du vers 2211)
  1. L’utilisation des objets, extrêmement soutenue :
  • Table, écritoire, plus, parchemin
  • L’épée, l’objet fatal par excellence, que possède Ruy Blas et pas Don Salluste
  • Le vêtement, surtout, étroitement associé au « coup de théâtre » des vers 2145-46
  1. La progression dramatique (si importante au théâtre)
  • La scène repose sur une gradation progressant par paliers successifs :
  • Arrivée de Don Salluste : propos vengeur de celui-ci ; la Reine est perdue ; Ruy Blas est accablé … (v.2104-2144)
  • Révolte de Ruy Blas qui dévoile sa véritable identité (le « coup de théâtre », donc, v.2145-68)
  • Dénouement brutal, avec le meurtre de Don Salluste dans le cabinet …

La partie centrale est très courte, conservant ainsi un maximum de charge émotionnelle.

II-Un langage approprié

  1. Dès l’arrivée de Don Salluste, le registre tragique s’impose
  • Rythme fatal de vers dont le « déroulé » est implacable : tirade des vers 2109-2129
  • Exclamations et interrogations ponctuant cela
  1. Ensuite, la langue s’exacerbe :
  • Le rythme s’accélère devenant plus rageur, plus haletant, plus exclamatif : aux vers 2159-2165, notamment…
  • Le vocabulaire devient violent, presque convulsif : « arracher » ; « monstre » ; « fourbe tortueux » ; etc.

D’une façon générale, le champ lexical de la mort et de la vengeance envahit le discours (avec celui du Mal, du Satanisme)

  1. La langue hugolienne s’affirme avec éloquence :
  • Elle saisit le spectateur grâce à de nombreuses figures d’insistance :
  • Enumérations, gradations, et surtout hyperboles.
  • Répétitions et anaphore (retenons notamment le « Ah ! » des vers 2160-63
  • Elle trouve sa pleine expression dans la force et l’inventivité des procédés d’analogie : nombreux exemples de métaphore, tels que « garrotés » (v.2151) ou « écrase un serpent qu’on rencontre » (v.2174)
  • Tout un réseau d’antithèse contribuant à produire une langue extrêmement contrastée, notamment dans les domaines moraux et sociaux.

III-Car, en même temps, toute une problématique sociale et morale s’affirme avec virulence :

  1. Le crime de Ruy Blas prend, sitôt sa véritable identité dévoilée, le caractère d’une revanche sociale :
  • On le voit avec la tirade des vers 2203-2208, et son ironie amère (antiphrase « Marquis ! Tu railles ! » ), la rancœur d’expressions telles que « Valetaille de rouge et de galons vêtues » et la haine de classe exprimée par le vers 2207 (« Oui, je vais te tuer, Monseigneur, vois-tu bien ? »)
  • Tout cela s’inscrivant dans un contexte dramatique insistant lourdement sur les appartenances sociales :
  • Le vêtement acquiert ici une signification particulière : au plan de l’action dramatique comme de la force symbolique (le dévoilement de la livrée…)
  • Il en va de même de l’épée, attribut de la noblesse, et ici utilisée, à des fins vengeresses, par Ruy Blas, pour « faire justice » : « Et de prendre une épée, une hache, un couteau ! … » (v.2195).

L’usage du « je » indiquant qu’il n’écoute ici que lui-même : tant il semble vouloir faire payer à son maître des années d’humiliations sous ses ordres (cela est particulièrement sensible aux vers 2179-2182)

De ce point de vue, les raisons affichées par Ruy Blas ne sont guère supérieures à celles avancées par Don Salluste aux vers 2158-2167.

  • Les nombreuses antithèses signalées plus haut acquièrent ainsi une signification sociale et historique extrêmement forte (que ce soit au niveau des objets, des vêtements, des paroles…)
  1. Cela s’inscrit, en fait dans une interrogation d’ordre moral et politique :
  • L’assassinat de Don Salluste est aussi commis au nom de raisons morales qui s’affichent, à nouveau, dans de fortes antithèses, que souligne la construction des vers : « C’est un monstre… » VS « j’étais au martyre » (début du vers 2179-fin du vers 2181) ; « Je meurs assassiné ! » VS « Tu meurs puni ! « (v. 2212) ; et surtout, au vers 2210, « Le démon ne peut plus être sauvé par l’ange ! » …

…Nous assistons d’ailleurs à une véritable « diabolisation » de Don Salluste : « Marquis, jusqu’à maintenant Satan te protégea » (.2172) ; « enfer » (v.2175) ; « Cet homme n’a point d’âme » (v.2178)…

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