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Tristesse d'Olympio

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t tombe,

Il se sentit le coeur triste comme une tombe,

Alors il s'écria :

" O douleur ! j'ai voulu, moi dont l'âme est troublée,

Savoir si l'urne encor conservait la liqueur,

Et voir ce qu'avait fait cette heureuse vallée

De tout ce que j'avais laissé là de mon coeur !

Que peu de temps suffit pour changer toutes choses !

Nature au front serein, comme vous oubliez !

Et comme vous brisez dans vos métamorphoses

Les fils mystérieux où nos coeurs sont liés !

Nos chambres de feuillage en halliers sont changées !

L'arbre où fut notre chiffre est mort ou renversé ;

Nos roses dans l'enclos ont été ravagées

Par les petits enfants qui sautent le fossé.

Un mur clôt la fontaine où, par l'heure échauffée,

Folâtre, elle buvait en descendant des bois ;

Elle prenait de l'eau dans sa main, douce fée,

Et laissait retomber des perles de ses doigts !

On a pavé la route âpre et mal aplanie,

Où, dans le sable pur se dessinant si bien,

Et de sa petitesse étalant l'ironie,

Son pied charmant semblait rire à côté du mien !

La borne du chemin, qui vit des jours sans nombre,

Où jadis pour m'attendre elle aimait à s'asseoir,

S'est usée en heurtant, lorsque la route est sombre,

Les grands chars gémissants qui reviennent le soir.

La forêt ici manque et là s'est agrandie.

De tout ce qui fut nous presque rien n'est vivant ;

Et, comme un tas de cendre éteinte et refroidie,

L'amas des souvenirs se disperse à tout vent !

N'existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure ?

Rien ne la rendra-t-il à nos cris superflus ?

L'air joue avec la branche au moment où je pleure ;

Ma maison me regarde et ne me connaît plus.

D'autres vont maintenant passer où nous passâmes.

Nous y sommes venus, d'autres vont y venir ;

Et le songe qu'avaient ébauché nos deux âmes,

Ils le continueront sans pouvoir le finir !

Car personne ici-bas ne termine et n'achève ;

Les pires des humains sont comme les meilleurs ;

Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve.

Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs.

Oui, d'autres à leur tour viendront, couples sans tache,

Puiser dans cet asile heureux, calme, enchanté,

Tout ce que la nature à l'amour qui se cache

Mêle de rêverie et de solennité !

D'autres auront nos champs, nos sentiers, nos retraites ;

Ton bois, ma bien-aimée, est à des inconnus.

D'autres femmes viendront, baigneuses indiscrètes,

Troubler le flot sacré qu'ont touché tes pieds nus !

Quoi donc ! c'est vainement qu'ici nous nous aimâmes !

Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris

Où nous fondions notre être en y mêlant nos flammes !

L'impassible nature a déjà tout repris.

Oh ! dites-moi, ravins, frais ruisseaux, treilles mûres,

Rameaux chargés de nids, grottes, forêts, buissons.

Est-ce que vous ferez pour d'autres vos murmures ?

Est-ce que vous direz à d'autres vos chansons ?

Nous vous comprenions tant ! doux, attentifs, austères,

Tous nos échos s'ouvraient si bien à votre voix !

Et nous prêtions si bien, sans troubler vos mystères,

L'oreille aux mots profonds que vous dites parfois !

Répondez, vallon pur, répondez, solitude,

O nature abritée en ce désert si beau,

Lorsque nous dormirons tous deux dans l'attitude

Que donne aux morts pensifs la forme du tombeau,

Est-ce que vous serez à ce point insensible

De nous savoir couchés, morts avec nos amours,

Et de continuer votre fête paisible,

Et de toujours sourire et de chanter toujours ?

Est-ce que, nous sentant errer dans vos retraites,

Fantômes reconnus par vos monts et vos bois,

Vous ne nous direz pas de ces choses secrètes

Qu'on dit en revoyant des amis d'autrefois ?

Est-ce que vous pourrez, sans tristesse et sans plainte,

Voir nos ombres flotter où marchèrent nos pas,

Et la voir m'entraîner, dans une morne étreinte,

Vers quelque source en pleurs qui sanglote tout bas ?

Et s'il est quelque part, dans l'ombre où rien ne veille,

Deux amants sous vos fleurs abritant leurs transports,

Ne leur irez-vous pas murmurer à l'oreille :

- Vous qui vivez, donnez une pensée aux morts !

Dieu nous prête un moment les prés et les fontaines,

Les grands bois frissonnants, les rocs profonds et sourds

Et les cieux azurés et les lacs et les plaines,

Pour y mettre nos coeurs, nos rêves, nos amours ;

Puis il nous les retire. Il souffle notre flamme ;

Il plonge dans la nuit l'antre où nous rayonnons ;

Et dit à la vallée, où s'imprima notre âme,

D'effacer notre trace et d'oublier nos noms.

Eh bien ! oubliez-nous, maison, jardin, ombrages !

Herbe, use notre seuil ! ronce, cache nos pas !

Chantez, oiseaux ! ruisseaux, coulez ! croissez, feuillages !

Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas.

Car vous êtes pour nous l'ombre de l'amour même !

Vous êtes l'oasis qu'on rencontre en chemin !

Vous êtes, ô vallon, la retraite suprême

Où nous avons pleuré nous tenant par la main !

Toutes

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