Yasmina Khadra

ous à recevoir un nombre important de blessés et à opérer pendant des heures.

Un blessé hurle car il estime qu’on ne s’occupe pas assez vite de lui et va jusqu’à empoigner une infirmière par les cheveux. Amine arrive pour s’occuper de lui mais celui-ci se met à hurler qu’il refuse qu’un Arabe le touche et il va jusqu’à cracher sur le chirurgien. Il cessera dès qu’il sera terrassé par l’anesthésie.

Sa journée enfin finie, Amine Jaafira rentre chez lui. Ce ne sera pas facile car, il se verra interdire son chemin habituel par la police en vertu de la notion de « délit de sale gueule » de par sa physionomie arabe.

Enfin il arrive chez lui et est étonné de ne pas y trouver sa femme l’attendant. Elle était partie depuis trois jours pour aller dire bonjour à son grand-père. Or, il avait déjà essayé de l’avoir au téléphone à plusieurs reprises, mais sans succès. Et maintenant il découvre qu’elle n’est même pas rentrée à la maison alors que c’était prévu comme cela.

Notons au passage que le docteur Amine Jaafira habite un des quartiers les plus huppés de Tel - Aviv et y possède une superbe maison. Il passe un peu sa vie en revue et se dit qu’ils ont vraiment une très belle vie… Soudain le téléphone sonne et ce n’est pas Sihem. C’est son ami des services de police qui lui demande de venir d’urgence à l’hôpital car il y a de nombreux blessés qui attendant. Il le fait, mais dès qu’il veut se mettre en tenue pour opérer, son ami Naveed lui avoue qu’il n’y a pas de blessés. Par contre, à trois reprises, il lui demande si Sihem est bien à la maison. A Amine qui ne comprend pas il dit qu’ils ont un cadavre sur lequel ils n’arrivent pas à mettre un nom. Cela pourrait être Sihem, mais ils ont besoin d’Amine pour la reconnaître. Celui-ci s’effondre !

A la morgue, une fois le drap dégagé, il va découvrir un cadavre véritablement éclaté ! Sauf que : « Seule la tête de Sihem, étrangement épargnée par les dégâts qui ont ravagé le reste de son corps, émerge du lot, les yeux clos, la bouche entrouverte, les traits apaisés, comme délivrés de leurs angoisses… »

A peine revient-il de la morgue que Naveed se présente à lui accompagné d’un militaire qui annonce qu’il a un mandat de perquisition pour le domicile d’Amine Jaafira. A celui-ci qui n’y comprend rien et ne voit vraiment aucune raison à cela il répond que le corps de sa femme présente les caractéristiques de celles que présente celui des kamikazes intégristes qui se font sauter à la bombe.

Après une fouille en règle de son domicile, commence pour lui une période horrible, moralement comme physiquement. Non seulement il va subir des interrogatoires musclés pendant plusieurs jours, sans montre et sans voir le jour ou la nuit, mais son cerveau va se débattre contre cette idée que sa femme pourrait avoir été une terroriste.

A des policiers et des spécialistes des services concernés, convaincus que c’est Sihem la kamikaze, il ne pourra que donner sa conviction : ils étaient heureux et elle n’avait aucune raison de faire cela ! A l’inverse les autres se disent qu’elle n’aurait pas fait cela sans que son mari en soit au courant…

Après trois jours il est enfin libéré mais ils ne sont convaincus que du fait que lui n’était pas au courant. Ils ne changent pas d’idée quant à Sihem : c’est elle la terroriste !

Rentré chez lui il s’effondre et s’endort. Heureusement son ancien amour, Kim, inquiète, vient le voir et le trouve effondré. Elle part opérer un patient et lui dit qu’elle reviendra. Kim va le retrouver couché dans l’allée de son jardin, blessé, après avoir été lynché par des gens du quartier au courant de l’affaire. Après un court séjour chez elle, il rentre chez lui et contemple à nouveau ce quartier, symbole de sa réussite, mais qui vient de brutalement le rejeter.

Dans sa boite aux lettres il trouve du courrier, ainsi qu’une lettre portant l’écriture de sa femme et postée à Bethléem, endroit où elle n’avait aucune raison d’être. Rentré dans la maison il l’ouvre fébrilement… La lettre est courte et constitue un aveu. Amine est effondré et ne comprend pas !... Arrive Kim à qui il va montrer la lettre mais il n’en fera pas de même avec son ami policier Naveed. Dans le but de se détendre Amine va accepter d’aller passer le week-end chez le grand-père de Kim, Yehuda, qui vit assez isolé avec ses souvenirs des camps et l’extermination de sa famille.

Rentré à Tel - Aviv il va découvrir que, suite à une pétition d’une bonne partie du personnel, il est devenu persona non grata à l’hôpital. Ils vont passer la soirée à trois, Kim, Naveed et Amine. Ce dernier va avouer qu’il sait que Sihem est coupable, mais ne lui en montre pas la preuve. Naveed lui dit que même les terroristes les plus formés ne savent pas ce qui leur est arrivé. Un jour ils ont basculé, voilà, c’est ainsi. Selon lui est terroriste est quelqu’un qui est déjà passé de l’autre côté et pour qui hier et demain ne représentent plus rien.

Suite à une pétition de patients, anciens ou actuels, l’hôpital sursoit à son renvoi, mais pour lui il n’est plus question d’y retourner. Il ne comprend pas comment son entourage a pu le rejeter ainsi. Lui qui a choisi son camp et qui s’est toujours comporté avec la plus grande droiture. Il a toujours respecté les règles ! Il est chirurgien avant tout et, dans son esprit il n’avait pas à s’occuper du monde extérieur. Il était là pour sauver des gens, rien d’autre. Son père lui disait parfois : Et rappelle-toi ceci : il n’y a rien, absolument rien au-dessus de ta vie… Et ta vie n’est pas au-dessus de celle des autres. » (Page 102 Pocket)

Amine décide soudain de se rendre à Bethléem, convaincu qu’il est de trouver la solution à l’énigme là-bas. Mais Bethléem est terriblement dangereux et de toute façon Kim tente de convaincre Amine que là-bas il n’aura pas à faire à des enfants de chœur !... De plus, dit-elle, il n’a aucune chance de rencontrer les véritables responsables de la formation de Sihem. Mais Amine a de la famille à Bethléem et Kim n’arrivera pas à le convaincre de ne pas y aller.

Là-bas, il va de suite sentir que sa famille lui ment et qu’il dérange profondément. Il va se rendre à la mosquée et demander de rencontrer l’imam. Celui-ci refuse et il est jeté dehors. Il en sera ainsi à plusieurs reprises jusqu’au jour où il va forcer le passage et se trouvera face à l’imam Marwan qu’il estime être un des responsables de ce que Sihem est devenue.

La discussion va être courte car celui-ci affirme qu’il n’a rien à lui dire. A ses yeux Amine n’est qu’un traître qui a renié sa nationalité et son peuple et, en plus, il n’est plus un vrai musulman. Le soir même il va faire une seconde tentative mais sera arrêté par des gardes du corps et fortement battu par eux.

Le lendemain un jeune garçon vient le chercher et prétend qu’on lui a demandé de le conduire chez quelqu’un. Amine se dit qu’enfin un responsable va accepter de lui parler et il suit le gamin. En réalité, ce ne sera pas le cas ! Il va en effet se trouver devant un jeune homme qui semble d’une certaine importance mais qui lui avouera qu’il n’a jamais vu sa femme

A ses yeux Sihem n’a plus su fermer les yeux sur le drame terrible qui secoue son peuple, alors que lui, Amine, a cru tout simplement qu’il suffisait de tourner le regard pour ne pas être concerné. Il supplie une fois de plus Amine de quitter Bethléem et de rentrer à Tel - Aviv. A avoir donné un coup de pieds à la fourmilière il a mis beaucoup de gens en danger, en plus de lui-même.

Rentré chez lui, Amine se rend totalement libéré de toute cette histoire. Il a vraiment la sensation de n’être responsable de rien et maintient ses positions complètement pacifiques. Il est chirurgien et non guerrier, il guérit et ne tue pas !... Ce combat n’est donc pas le sien ! Cependant, errant dans la maison, l’esprit de Sihem s’empare à nouveau de lui. Soudain il tombe sur deux photos qui le frappent : par deux fois on voit sa femme à côté d’une voiture rouge et à chaque fois le jeune Adel se trouve aussi sur la photo… Il interroge un de ses cousins, Abbas, qui avoue avoir surpris à plusieurs reprises Sihem en conversation avec le garçon de la photo. Il y a un peu plus de deux ans il dit que ce garçon est même venu rôder près de la ferme. Il l’a menacé et quand Sihem l’a appris elle s’est fâchée. Pour Abbas les choses son claires mais cela ne fait pas tilt aussi vite dans la tête d’Amine. Sa femme le trompait donc !...

Amine, fou de rage, se réveille dans un hôtel tout proche de Tel-Aviv. La veille il s’est arrêté là puis a été au restaurant et enfin il a bu plus que de raison dans un bar. Il se laisse terriblement aller et envisage d’aller refaire

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