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Classicisme

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ns le sens intemporel et abstrait que le didactisme a voulu donner à classicisme.

I- L’esprit du classicisme

1- Raison et passion

Devant cet ensemble complexe et sillonné de courants secondaires et de remous qu’est le classicisme français, devenu ensuite avec bien des modifications, classicisme européen, la critique du XX siècle a adopté une position autrement nuancée que celle qui naguère avait faussé, en la raidissant, l’image de ce mouvement. Il avait été de mode, avec quelques citations banalement empruntées à Descartes et à Boileau, d’identifier classicisme et rationalisme. En un certain sens, Descartes avait voulu faire de la raison, partagée entre tous les hommes de quelque culture, et fondement de la science, l’ordonnatrice du monde. Mais on a pu tout aussi justement voir, en Descartes, un mystique ; à la source de sa pensée, en 1619, le philosophe avait en effet eu un songe étrange qui, dit son biographe, orienta sa carrière. Sa pensée est à quelques égards un rationalisme conquérant, mais qui dépasse ambitieusement la simple soumission à une sage raison. D’autre part si, à la mort de Descartes en 1650, sa philosophie est admirée de beaucoup, elle l’est d’avantage en Angleterre, en Hollande, en Suède et en Allemagne qu’en France, où elle rencontre nombre d’opposants. Ni pascal, ni Retz, ni Molière, ni la Rochefoucauld, déjà formés lorsque le cartésianisme se répand, ni certes la fontaine ou racine ne subissent l’influence de Descartes. C’est au siècle suivant, souvent appelé en Angleterre « the Age og reason », que la que la foi en la raison devint pour un temps plus ardente. En fait, presque tous les moralistes, les dramaturges, les poètes dits classiques tournèrent en dérision les prétentions du « raisonnable », ou même du « rationnel » à diriger la vie. Au cartésianisme, qui comportait quelque chose de géométrique et d’abstrait peu favorable à la littérature et à l’art, les classiques préfèrent la beauté, le « je ne sais quoi », l’esprit de finesse qu’ils admiraient dans les œuvres de l’Antiquité et la peinture des passions qui fait l’éternelle substance des œuvres littéraires.

Plutôt qu’un rationalisme qui eût été desséchant, les écrivains de la seconde moitié du XVII siècle cultivèrent l’esprit d’analyse. Ils savaient bien que la passion est irrésistible et que le sentiment est trompeur et variable : Hermione, Roxane et Phèdre sont des possédées, comme la Juliette de Shakespeare ou plus tard Desgrieux et sa volage Manon. Si la princesse de Clèves refuse de se laisser conduire par ses passions alors même qu’elle les nourrit, d’autres personnages du roman n’ont pas comme elle peur de l’amour et cèdent au caprice des sens ou à « l’amour fort comme la mort ». Mais ces héros des tragédies et des romans classiques sont aussi de lucides analystes de leur cœur. L’intellectualité est présente chez ces passionnés qui tiennent à voir clair en eux-mêmes. Cela ne les empêche point de céder à leurs penchants. Saint-Cyran, pascal, Bossuet ont dénoncé la concupiscence et les pièges de l’amour ; les moralistes ont répété que l’esprit est la dupe du cœur et que c’est un grand dérèglement chez l’homme que de se plaire à se tromper lui-même. Ils ont tenté de corriger l’homme, mais sans conviction très forte que l’homme fût en fait capable de progrès personnel, à moins d’une conversion radicale qui enterrerait le vieil homme et le projettent, tel un Icare, vers l’empyrée, plus que les auteurs d’autres pays où la pastorale et les rêves d’une Arcadie enjolivée ont eu plus forte prise sur les imaginations, il semble que les classiques de France aient assidûment recherché cette vertu intellectuelle qu’ils dénomment, du mot peut être le plus typique de la langue française, la lucidité.

2-la pudeur, la vérité et la recherche de perfection

Tout en sondant impitoyablement les replis de leur cœur, les écrivains du classicisme n’ont pas en général étalé leur moi avec outrecuidance. Plusieurs d’entre eux ont dénoncé les pièges de l’amour de soi et dénié à l’auteur le droit de se préférer à dieu. Plus que les individualistes effrénés de la renaissance italienne, que les tempéraments batailleurs de Lope de Vega ou de quevedo en Espagne, les classiques du XVII siècle ont aspiré à généraliser et à universaliser leur expérience. A l’instar des Anciens, ils souhaitaient être vrais pour tous les temps et pour le plus grand nombre possible de lecteurs cultivés de divers pays. L’impersonnalité est leur idéal, plutôt que le désir de différer et de s’opposer à leur public et à leur entourage qui marquera tant de révoltés parmi les modernes. Cela ne va pas sans quelque abstraction et la beauté classique est dénuée de ce caractère, de ce relief qui nous ravissent chez Shakespeare ou chez Cervantès ; l’idéal des classiques était d’extraire le permanent de l’éphémère.

Là où le classicisme diffère le plus, et de ce qui l’a précédé, et de ce qui l’a suivi, c’est dans la recherche d’un équilibre intérieur et profond entre la substance intellectuelle ou affective de l’œuvre littéraire et la forme qui la traduit ; entre les forces anarchiques, chaotique de la passion, et l’intelligence qui les observe et les canalise, si elle ne peut en triompher. On a parfois voulu faire de cet équilibre le synonyme de la santé. Goethe, dans une boutade célèbre et peu heureuse, avait traité le classicisme de sain et le romantisme de malade. Il n’était pas peu fier lui-même, après tant d’orages auxquels il avait dû ses plus belles inspirations, d’avoir cru atteindre à une sérénité olympienne, qui n’allait pas sans quelque égoïsme narcissique et quelque prudence bourgeoise.

3- Ordre et clarté

On aimait naguère à parler de la clarté et de l’ordre comme des privilèges du classicisme et à dénier ces dons, ou la poursuite de ces mérites, à leurs successeurs chez qui des critiques attardés ne dénonçaient que confusion. Nous ne souscrivons plus à de tels clichés. Bien peu d’œuvres en prose de l’époque classique française sont des œuvres composées selon les normes qu’affectionnent les professeurs, alors que nombre de poèmes romantiques et de romans du XIX siècle le sont. Nous attachons plus de prix d’ailleurs à une structure secrète ou aux retours ingénieux de thèmes, de phrases presques musicales,

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