Dans quelle mesure les émotions des pratiquants peuvent-elles influencer les apprentissages moteurs ?

Dans quelle mesure les émotions des pratiquants peuvent-elles influencer les apprentissages moteurs ?

        « Les émotions envahissent les cours d’EPS (rire, pleurer, être en colère, s’inquiéter…), […] elles font partie intégrante de la vie, et sont particulièrement prégnantes en société ». C’est ce qu’affirment Durand dans son ouvrage Chronomètre et survêtement, la vie affective en classe et Gysèle Apter dans Introduction. L’émotion, un mouvement vers l’autre ? En effet, tous les pratiquants l’affirmeront, les émotions sont omniprésentes dans le sport. Que ce soit le stress avant un match, la tristesse d’une défaite, la joie d’une victoire (et j’en passe) ces émotions ne sont pas anodines au sein du sport et jouent des rôles essentiels. Ce sujet nous conduit donc à analyser le terme d’émotion. Son étymologie vient du latin movere qui signifie « mettre en mouvement » « ébranler ». Il existe aujourd’hui de nombreuses définitions de ce terme. Pour Deci, l’émotion est un état affectif d’une durée relativement brève, comportant des sensations appétitives ou aversives, liées à un objet, et s’accompagnant de manifestations physiologiques particulières. Aujourd’hui, cette définition est considérée comme universelle.  Il identifiera 15 émotions. On voit également que dans ce sujet les émotions sont étroitement liées au terme d’apprentissage moteur que l’on peut définir comme étant un ensemble de processus cognitivo-moteurs associés à la pratique et l’expérience qui conduisent à des changements relativement permanents au niveau de la performance des habiletés motrices. Quel est donc l’impact des émotions sur l’apprentissage ? Quand et comment entrent-elles en lien avec l’apprentissage moteur ? Les effets perçus sont-ils positifs ou négatifs ? Pour répondre à ces questions, nous tenterons ici de montrer si les émotions représentent, en EPS, un moyen positif et/ou négatif envers les apprentissages moteurs. Nous verrons dans un premier temps que certaines émotions peuvent favoriser les apprentissages moteurs et deuxièmement qu’à l’inverse d’autres émotions peuvent être des freins envers ces apprentissages moteurs. Pour terminer, nous pourrons voir qu’autour de ces émotions, se construisent les apprentissages.

1. Certaines émotions sont favorables aux apprentissages moteurs

Les émotions positives sont vécues comme des expériences agréables. Elles affectent nos fonctions cognitives positivement et influencent l’apprentissage en stimulant l’attention et la mémorisation

• Emotions qui conduisent à une augmentation de la motivation intrinsèque

• Exemple d’émotions : Plaisir d’apprendre, plaisir de réussir, l’enthousiasme, l’espoir, la fierté, la surprise etc.
• Motivation intrinsèque : Faire une activité pour le plaisir que lui procure son exécution.

• Mettre plus d’efforts, être plus persistant, apprendre plus profondément
• Exemple : Séance de basket en EPS (apprentissage du geste pour shooter), si un élève éprouve des émotions favorables à une augmentation de la motivation intrinsèque alors il réalisera plus efficacement le geste idéal.

• Certaines émotions permettent une augmentation du niveau d’activation des individus

• Libération d’adrénaline et de noradrénaline
• Meilleur traitement de l’information, focalisation de l’attention plus efficace
• Attention directement lié à l’apprentissage

• Plus un élève comprend l’intérêt d’une tâche, plus il sera concentré sur celle-ci. Si son attention est focalisée sur la tâche à réaliser, alors il peut y avoir apprentissage.
• Exemple du baseball : Un élève éprouve des émotions favorables à une bonne attention. S’il comprend bien les règles du jeu, il restera concentré, s’il ne comprend pas son attention sera moins focalisée sur le jeu.

• Les émotions nous aident à nous adapter aux situations que nous rencontrons

• Adaptation au changement dans le but de ne pas garder en nous des sensations désagréables et se concentrer sur ce que l’on veut réaliser
• Connaître nos émotions dans le but d’en faire une force dans notre apprentissage
• Citation connue du Dr Michel Debelle: “ Au lieu de maudire tes émotions et le stress, allume donc ta conscience.”

• La pédagogie des émotions dans les APSA

• Cultivation des émotions (notamment en EPS)

• Certaines émotions négatives peuvent être moteur dans l’apprentissage

Exemple : Au badminton, dans un match en 3 sets, si un joueur perd le premier set, il va évidemment être déçu de lui mais cela peut le pousser à se dépasser pour les sets suivants et gagner le match

• Affectivité et les conduites motrices dans les APSA

• Affectivité 🡪 Elément fondamental dans l’apprentissage

Exemple : Dans n’importe quelle APSA, un élève reçoit des encouragements au cours d’un exercice, il va donc éprouver des émotions positives qui vont augmenter sa motivation et sa faculté d’apprentissage

1. D’autres émotions sont des freins aux apprentissages moteurs

Les émotions négatives sont, elles vécues comme des expériences désagréables. Elles influencent également l’attention et la mémorisation mais défavorablement cette fois-ci.

• Lorsque l’effort conduit à l’échec

• Cela mène à des états affectifs qui peuvent freiner l’apprentissage tels que :

• Baisse de l’estime de soi, honte, frustration, colère ou encore culpabilité

• Apparition du découragement
• Impuissance apprise : Plus de liens entre les résultats obtenus et les efforts fournis
• Chute des efforts et de l’engagement

• Exemple en foot : Si une équipe perd tous ces matchs pendant un tournoi, la démotivation va s’installer, la colère peut aussi apparaître et donc diminution de l’apprentissage moteur

• Effets néfastes de l’appréhension lorsqu’elle se transforme en peur

• Baisse de la motivation et donc de l’apprentissage moteur lorsque le risque de l’activité dépasse le risque que la personne pense pouvoir prendre

• Exemple en Athlétisme : Si un élève échoue de nombreuses fois sur un saut de haie, il éprouve de la peur (de tomber) et il prendra les haies de moins en moins bien dans le but de ne pas tomber. Diminution de son apprentissage moteur

• Apparition d’émotions néfastes

• Les leviers de motivations extrinsèques peuvent générer des émotions néfastes

• Ces motivations ne viennent pas de l’individu lui-même donc il ne peut pas éprouver autant de plaisir qu’en ayant une motivation intrinsèque

• Exemple : Si un élève est motivé par la récompense d’une activité, il ne va pas se concentrer sur l’apprentissage moteur mais sur la récompense

• Favoriser le climat de maîtrise pour permettre d’avoir des émotions favorables à l’apprentissage

• Effets néfastes des émotions positives trop « puissantes »

• Attention focalisée sur la réussite d’une tâche antérieure

• Exemple en EPS : Le professeur donne les notes de la semaine passée. Un des élèves à eu une très bonne note et éprouve donc de la joie. Il ne sera alors pas forcément focalisé sur l’apprentissage de la séance du jour mais plutôt sur la réussite de la semaine d’avant.

• Les émotions positives qui ne sont pas en lien avec l’apprentissage

• Lorsque l’on tombe amoureux par exemple, on éprouve des émotions très positives et pourtant cela n’est pas toujours favorable à l’apprentissage moteur en EPS

1. La construction de l’apprentissage autour des émotions

• La maîtrise des émotions

• Intelligence émotionnelle : capacité à identifier, comprendre et exprimer ses émotions mais aussi à les réguler
• Etude de Sirja et Hanin (1995) 🡪 Utilité du contrôle des émotions pour l’apprentissage dans le sport
• Maîtrise des émotions (surtout celles néfastes à l’apprentissage) est nécessaire

• Exemple : Colère, frustration, démotivation, peur etc.

Exemple dans les sports collectifs :  Le professeurs peut mettre en place des changements de rôles pour éviter la frustration à répétition 🡪 Alterner entre joueur, arbitre par exemple

• L’apprentissage au plaisir essentiel

• Les sources de plaisir pour les pratiquants

• Exemple : Sentiment de progrès, sentiment d’auto-détermination, d’efficacité personnelle sont des sources de plaisirs qui sont susceptibles d’améliorer les apprentissages moteurs

• Le rôle de l’enseignant dans cette construction d’apprentissage

• Comprendre et modifier le climat émotionnel des élèves pour parvenir à une situation d’apprentissage favorables

• Si émotions négatives 🡪 Supprimer ou réduire ces émotions

Exemple : Si un élève est en échec répété, il va être en proie à la démotivation. L’enseignant peut décider de faciliter l’exercice dans le but d’emmener l’élève vers la réussite et dans un climat motivationnel positif.

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