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Eléments Sur La Crise En Algérie

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eu à brouiller les pistes, à détruire les repères et à anesthésier le peuple (i.e l’ensemble des couches sociales qui aspirent au changement). Le discours politique dominant est donc le discours de la rente, dont les bénéficiaires sont aussi bien dans le pouvoir que dans l’«opposition». Le pouvoir et son « opposition» se retrouvent alors sur la même longueur d’onde, i.e ils développent le discours de la rente pour défendre leurs privilèges de prédateurs. Ainsi, plusieurs décennies après l’indépendance de l’Algérie, le discours (nationaliste ?) de la «famille révolutionnaire» 2 continue à structurer, en partie, la logomachie officielle. L ’ennemi est toujours un ennemi externe, qui aurait pour objectif essentiel de déstabiliser l’Etat national. Cet Etat dit national, pouvait, dans un premier temps, raconter des histoires de construction d’un socialisme spécifique tant qu’une partie de la rente pétrolière pouvait être déversée sur les diverses couches sociales. Et cet Etat, dit national, ne pouvait qu’être soutenu par la majorité des couches sociales indigènes qui devenaient de fait des couches clientes d’un patron omniprésent. Dans ce cadre, les couches rentières pouvaient asseoir leur

Notes 1- Il suffit d’écouter les politiques algériens disserter sur les équilibres macroéconomiques alors que la populace est à la recherche de pitance pour survivre ou sur les «constantes» et «valeurs nationales», alors que la seule constante de l’univers dans sa totalité est le mouvement perpétuel et que la seule valeur reconnue et partagée dans l’économie monde dominée par le capitalisme est le rapport argent. 2- Cinquante ans après l’indépendance (et après la mort de la plupart de ceux qui ont cru en la révolution et l’ont pratiquée), l’utilisation de la notion de famille révolutionnaire suggère que la société algérienne n’est pas constituée de citoyens égaux en droits et en devoirs, mais est composée de super citoyens (ceux qui appartiennent à la famille dite révolutionnaire) et de citoyens de seconde zone. Au fait les Algériens auraient-ils un génome spécifique et des gènes révolutionnaires dont la transmission héréditaire n’a pas encore été élucidée par la science ? Les

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pouvoir en occultant leur rôle fondamental dans la régression généralisée vers laquelle ne cesse de se diriger la formation sociale algérienne. Les contradictions internes pouvaient ainsi être voilées tant qu’un saupoudrage approprié de la rente pétrolière retardait l’implosion du système. Les couches rentières engrangeaient des richesses, la populace recevait des miettes de rente et le système rentier pouvait se renouveler sans heurts particuliers. Mais le système basé sur la distribution de la rente se devait de s’ébranler dès que les conditions matérielles ne pouvaient plus soutenir sa logique distributive. Et les couches rentières inventèrent une nouvelle histoire. La construction du socialisme spécifique n’étant plus à l’ordre du jour, la mise en place d’une économie dite de marché devint le mot d’ordre à appliquer. Cependant, l’économie de marché, dans un contexte d’ouverture au marché mondial, ne peut que se réduire à une économie de bazar où l’import-import constitue l’unique activité économiquement et financièrement viable. Car le système productif domestique, qu’il soit étatique ou privé, est par nature (technologie désuète et management archaïque) incapable de répondre à la concurrence des produits étrangers. En outre, le contexte dépressif dans lequel émerge la soi-disant économie de marché nécessite comme structure idéologique un discours apte à juguler la pression des couches marginalisées par la démission de l’Etat-rentier de son rôle de bienfaiteur omnipotent. La gestion idéologique du passage à une soi-disant économie de marché ne pouvait dès lors que requérir l’irruption programmée du discours religieux sur la scène politique. Car seul ce discours pouvait être écouté par une masse désorientée, mais profondément attachée à l’idéologie religieuse. Et l’islamisme, en tant qu’idéologie de remplacement, pouvait étouffer toute tentative, sinon velléité, de révolte en sacralisant tous les espaces, qu’ils soient publics ou privés. Ainsi le noyau de la pratique discursive dominante s’est déplacé du politique (discours antiimpérialiste des années 70) vers l’économique (discours consumériste des années 80) pour être graduellement phagocyté par le religieux (discours sur la défense de l’Islam face à l’Occident, de soi-disant constantes nationales, de soi-disant valeurs spécifiques, etc.) L ’ordre doit donc être appréhendé comme un ordre quasi divin et la misère du quotidien engendrée par la soi-disant économie de marché doit être acceptée comme un mystère (un test de la part du divin ?) qu’il s’agit surtout de ne pas questionner. L ’illusion religieuse permet ainsi aux couches rentières et prédatrices de continuer à s’enrichir au nom d’une soi-disant économie de marché, aux couches marginalisées de mieux supporter leur misère généralisée (l’ordre étant un ordre quasi divin) et au système rentier de se renouveler sans accrocs particuliers 4. Le discours nationaliste teinté d’une forte dose de populisme est alors remplacé par le discours religieux qui permet de voiler les contradictions de classes (les Algériens ne sont-ils pas tous frères en religion ?) et de soustraire les rentiers et les prédateurs du système (surtout quand ils se métamorphosent en «omris» ou «hadjis» aux frais de la princesse, en général) à la vindicte populaire. Au lieu d’être appréhendée en tant que formation sociale composée de couches sociales aux intérêts souvent antagoniques, l’Algérie devient,

pratiques de la «famille révolutionnaire» ne sontelles pas plutôt réactionnaires (grignoter une part de rente sur le dos des vrais révolutionnaires, lesquels se sont, pour la plupart, sacrifiés pour une noble cause) ? 3- S’il ne coule pas, le système rentier arrive néanmoins à faire couler des pans entiers de l’économie domestique. Au fait, pourquoi se priverait-il de les aider à couler puisque les «anabib» pétroliers et gaziers peuvent assurer à eux seuls la reproduction des couches rentières en tant que couches dominantes ? 4- Contrairement aux couches dominant le système rentier algérien, les couches féodales européennes ont activement participé dans une première phase à la reproduction élargie du capital national, en fournissant la main-d’œuvre nécessaire (par l’expulsion d’une partie de la paysannerie) et en alimentant cette maind’œuvre grâce à l’accroissement de la production agricole et à la marchandisation de la rente. 5- N’est-il pas surprenant de constater que la

dès lors, peuplée de musulmans dont une partie est constituée de brebis galeuses (égarées ?). Et cette partie est présentée comme la source de tous les maux qui frappent l’entité appelée Algérie. Les discours nationalistes et religieux ont cependant un point essentiel en commun. La contradiction principale du moment est toujours située à la périphérie de la formation sociale algérienne présentée comme totalité non contradictoire. L ’ennemi principal du moment est toujours un ennemi externe qui aurait pour objectif premier d’agresser l’entité appelée Algérie et/ou de dénaturer l’«Islam authentique». Les idéologues de service occultent ainsi le mouvement historique interne et nient la contradiction, i.e. l’aspect qualitatif, en tant que moteur de l’histoire. La crise en Algérie est essentiellement la crise d’un système qui prend eau de toutes parts, mais qui tarde à couler 3, car les intérêts des couches rentières s’y opposent. Ainsi, contrairement aux couches féodales qui ont accompagné (durant une longue phase historique) la reproduction élargie du mode de production capitaliste parce qu’elle leur permettait de renouveler leur propre vécu en tant que couches féodales 4, les couches rentières en Algérie ne peuvent que périr en tant que telles si le mode de production capitaliste parvient à assurer sa reproduction autonome et à asseoir sa domination. L ’opposition des couches rentières à tout changement qualitatif se retrouve alors dans la pratique de la fuite en avant à laquelle s’adonnent le pouvoir politique actuel et la «classe politique» en général. En effet, les processus de restructuration ne finissent pas d’être restructurés, les processus de privatisation ne cessent d’être privatisés et les idéologues de service continuent à raconter des histoires de forces externes (la mondialisation du capital, entre autres) qui agresseraient l’Algérie. Pourtant le pouvoir politique actuel ne cesse de faire appel aux forces représentant la mondialisation (les multinationales en particulier), pour, semble-t-il, l’aider à sortir de la mélasse dans laquelle la formation sociale algérienne s’enfonce graduellement. Et cette attraction-rejet des forces externes souligne a priori l’incapacité du pouvoir politique actuel de saisir les enjeux du moment. En effet, si la crise algérienne est essentiellement due à des facteurs externes, alors l’appel aux forces externes (l’investissement étranger par exemple) pour résoudre les problèmes internes ne peut relever que du mystère. Et si la mondialisation et l’intégration au marché mondial sont évoquées dans le discours dominant du moment, elles ne sont saisies qu’en termes quantitatifs. Or, la mondialisation est essentiellement la matérialisation de l’extension des rapports de production capitalistes à

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