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Murs, Frontières Et Migrations Internationales

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udierons dans une première partie le dépassement des frontières et l’amplification migratoire qui en résulte, puis en deuxième partie le besoin de limites dans un monde globalisé.

Tout d’abord, il est indéniable de dire que le monde est dans un processus de globalisation constant. Comme Ulrich Beck le dit, « la réalité elle-même est devenue cosmopolitique ».

En effet, dans un monde ouvert aux échanges et où les hommes sont de plus en plus interdépendants, l’importance des frontières semble s’estomper. Internet, la modernisation des transports... sont autant de facteurs qui diminuent la frontière du regard. De plus, les phénomènes sont aujourd’hui transnationaux (humanitaire, risque de pollution, terrorisme…), et les problèmes qui en résultent obligent de ce fait à une réponse globale. L’enfermement à une communauté n’a plus de sens, il faut penser global dans un monde global. Nous sommes ainsi « membres d’une communauté de destin qui abolit les frontières » (Ulrich Beck).

En outre, le capitalisme est indéniablement un des facteurs primordiaux de cette mondialisation croissante. De tout temps, il y a eu des systèmes économiques qui débordaient de l’échelle locale. Cependant, la globalisation est plus récente : le système capitaliste est opérationnel au-delà des Etats, l’économie est sans frontières. Cela s’explique par le succès des idées libérales, notamment à partir de l’effondrement communiste qui entraîne le triomphe du libéralisme. Le commerce international est largement déterminé par les firmes transnationales puisque, selon l'Organisation des Nations Unies (ONU), 2/3 des échanges internationaux sont le fait des firmes transnationales. Le commerce intra-firme (entre la maison mère et ses filiales) représente un tiers des échanges internationaux. Seul un tiers du commerce international échappe aux firmes transnationales. Ce constat est le résultat de politiques qui mettent l’accent sur la libre circulation de l’argent, des capitaux… Le marché est desinstitutionnalisé, et le processus économique accélère donc la dilution des frontières.

Enfin, il convient d’évoquer la mondialisation culturelle. Marshall MacLuhan parle ainsi de « village planétaire », « où l'on vivrait dans un même temps, au même rythme et donc dans un même espace ». En effet, dans nos sociétés de communication, l’information circule sans frontières. On peut parler de décompression de l’espace-temps, il n’y a plus de limites à la circulation des réseaux, des flux. Ce processus de mondialisation culturelle crée un imaginaire global, entraînant l’apparition d’un art de masse, d’une culture transnationale.

Roland Robertson utilise le terme de « glocalisation » pour définir cette mondialisation culturelle, qui selon lui s’échelonne aux niveaux local et global. Il écrit ainsi « Nous n’appartenons plus qu’à un seul monde. Nous expérimentons des versions locales du monde et, en le faisant, nous devons nous localiser dans le contexte le plus large du global. »

Après avoir démontré les différents phénomènes de mondialisation (économique, culturelle…), il s’agit maintenant de voir en quoi cela a amplifié les migrations.

Les migrations internationales s’inscrivent dans le vaste mouvement général de la mondialisation. Ce phénomène implique un nombre de plus en plus élevé de pays d’origine, de transit et de destination. Il est très vraisemblable que les migrations vont se poursuivre et même augmenter dans les prochaines décennies, car elles sont facilitées par l’amélioration et la baisse des coûts des transports et des communications. Il est difficile d’évaluer avec une grande précision le stock actuel, ainsi que les flux annuels, de migrants dans le monde. D’après les calculs récents, on considère qu’ils représentent 3% de la population mondiale, soit 191 millions de personnes. Cependant, ce chiffre prend en compte les effets du démembrement de l’ex-Union soviétique et de l’ex-Yougoslavie, soit 27.5 millions de personnes qui se sont retrouvées étrangères dans un nouveau pays sans avoir pour autant traversé de frontières nationales. Par ailleurs, on sous-estime probablement les mouvements importants de population de l’Asie centrale vers la Russie. On enregistre une croissance asymétrique par groupes de pays classés selon le PNB. Au cours des quinze dernières années, le nombre des migrants habitant dans les pays développés est passé de 57 millions à 91 millions ; dans le groupe des pays en développement à niveau de PNB élevé il est passé de 14 à 21 millions.

Ces migrations sont désormais multi directionnelles. Les migrants en effet changent de plus en plus souvent de pays d’accueil, et l’humanité est de plus en plus nomade. On peut d’ailleurs citer L’Homme nomade de Jacques Attali pour illustrer ce propos. Constitués de différentes catégories de personnes, ces phénomènes migratoires sont divers. En effet, suite à l’urbanisation des pays en développement, on assiste à des mouvements de fuite de cette misère urbaine vers des pays plus riches (ce point sera détaillé dans une prochaine partie). Mais il ne faut pas négliger l’importance du « brain drain », qui a augmenté considérablement depuis les années 1970 et s’est encore accéléré au cours des dernières années. Entre 1990 et 2000, le nombre d’émigrants hautement qualifiés (HQ) originaires des pays en développement qui se sont installés dans les pays développés a plus que doublé. Ils représentent actuellement près de 20 millions de travailleurs. Près de 56% de migrants hautement qualifiées dans l’ensemble de l’0CDE proviennent des pays en développement. Les proportions sont extrêmement variables selon les pays. Ainsi, le pourcentage d’expatriés hautement qualifiés par rapport au total des expatriés en provenance des pays hors-OCDE se situe à moins de 2% de HQ pour le Brésil, la Thaïlande et l’Indonésie, mais s’élève à plus de 70% pour la Guyane et la Jamaïque. Les causes sont multiples, mais la taille et la structure du marché du travail des pays de départ constituent les facteurs les plus importants. Des effectifs peu nombreux de HQ provenant de petits pays, ou de pays incapables d’absorber les promotions de diplômés qu’ils forment, représentent une part élevée des flux d’émigration, alors que pour des pays plus vastes caractérisés par des départs massifs de main-d’œuvre non qualifiée, un grand nombre de migrants HQ ne représente, en réalité, qu’une infime partie des émigrants (Dumont et Lemaître, 2007).

Cette première partie a donc expliqué le phénomène de dépassement des frontières, et le transnationalisme des migrants qui incarnent le brouillage de celles-ci. Mais cette cosmopolitisation correspond-elle bien à la réalité ? N’assiste-t-on pas parallèlement à une volonté de protection face à la mondialisation, et face à l’Autre ?

Premièrement, il est nécessaire de constater que la mondialisation n’est bénéfique que pour certaines régions du monde, et de ce fait entraîne des inégalités criantes entre les populations. On peut ainsi citer la frontière numérique qui se forme entre les pays qui ont accès aux moyens de communication et les autres. Les premiers démultiplient leurs possibilités d’accroître leur richesse, et excluent de cette façon les autres qui ne peuvent s’intégrer sur le marché mondial. Cela augmente les attentes et les espoirs des populations défavorisées quant à un possible Eldorado, matérialisé par les pays du Nord, occidentaux, développés. La frontière devient ainsi le symbole d’un face à face entre richesse et pauvreté, et le lieu de passage de milliers de personnes qui fuient leurs conditions de vie déplorables.

De plus, l’effacement continuel des frontières entraîne paradoxalement un accroissement de la volonté de sentiment national. En effet on constate, par exemple en Europe –où la tendance a été durant ces dernières années à créer un espace Schengen caractérisé par la libre circulation des capitaux, des marchandises et des personnes- un regain d’intérêt pour les mouvements d’extrême droite et xénophobes, qui prônent un retour aux « véritables valeurs nationales ». Ce phénomène, caractérisé de « Backlash » par Hugues Lagrange, correspond à une réaction négative à la mondialisation. Face à la peur d’un monde ouvert, on assiste à des crispations identitaires, et surtout pour ce qui nous intéresse à un retour de la méfiance au regard de l’Etranger. Avec le Backlash politique, les immigrants deviennent les boucs-émissaires pour des populations fragilisées face au chômage et la précarité. On assiste alors une mutation des politiques migratoires qui deviennent très restrictives, et un retour du populisme.

Les frontières sont donc relégitimées, et Michel Foucher s’interroge sur la raison de ce retour de la problématique des frontières dans l’actualité, et sur ce qu’elles représentent aujourd’hui pour une partie de la planète. On a ainsi vu récemment George W. Bush décider la construction d’un mur sur un tiers de la longueur de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, destiné à endiguer le flot des migrants latino-américains. Le problème est aussi de notre côté de l’Atlantique, à l’heure où l’Union Européenne inscrit sa construction politique sur son territoire : les frontières intérieures perdent leur importance dans le cadre de l’espace Schengen, au profit de limites extérieures à l’espace communautaire. Le mur ou la frontière renaissent

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