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Pierre et Jean

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ssi dans leur choix d’études qui leur permettent de vivre deux horizons totalement opposés ; ainsi la profession

choisie par Pierre le mène loin de ses proches.

Dès l’annonce de l’héritage, cette différence s’accentue. Là, les rôles attribués à chacun des deux frères s’inversent véritablement.

Pierre, au début du roman apparaît le plus proche de Mme Roland mais il est vite exclu du cercle familial tel un étranger, un orphelin

sans d’autre refuge que sa conscience, comme s’il était réduit au stade de source de mal-être, provocateur des crises de sa mère. Et

c’est Jean qui progressivement prendra sa place auprès de Mme Roland. Il connaîtra une protection filiale inversée. Paradoxalement,

Pierre, le médecin, porte sur lui les marques attribuées aux hommes de lois, ses favoris qu’il « porte comme un magistrat » et le

regard inquisiteur qu’il pose sur sa génitrice sont propres aux caractéristiques des enquêteurs. Il veut connaître la vérité sur les

origines de cet héritage soudain et agit en conséquence. Il devient obsédé à l’idée de connaître la vérité et entreprend une sorte

d’enquête minutieuse dans le but de remonter à la source du problème et d’en connaître la cause exacte. Jean, quant à lui, se montre

paradoxalement à la hauteur d’un médecin rempli d’attention pour sa mère qui adopte, à ses côtés, le rôle de la patiente.

On peut voir dans ces deux figures antithétiques une certaine ambiguïté s’apparentant à un manichéisme implicite. Leurs différences

physiques, morales et psychologiques, dès l’annonce de l’héritage, créent un sentiment de compassion chez le lecteur qui portera

toute son attention sur celui qui lui semble être le meilleur. En effet, même le titre, après lecture du roman, devient l’expression

de la contradiction. Pierre et Jean, deux noms que rien ne semble opposer, deux noms reliés par la conjonction « et » de sorte à

mettre en évidence le lien fraternel qui lie les deux personnages, tels deux jumeaux. Mais le prénom « Jean » inscrit en deuxième

position est celui qui attirera le plus l’attention du lecteur à mesure que la narration progresse et bénéficiera ainsi de toute sa

sympathie.

Pierre et Jean, aussi différents soient-ils, parviennent à créer un sentiment renvoyant à la notion de bien et de mal. Qui est Pierre ?

Qui est Jean ? Qui est le bien et qui est le mal ? Qui est le vrai fils ? Qui est l’imposteur ? L’attitude de Pierre, même si elle est

compréhensible, s’avère être la plus critiquable, et ses agissements à l’égard de sa mère l’inscrivent dans le camp des mauvais. Tandis

que Jean, fruit d’un amour adultère, enfant né du péché, accède peu à peu au rang des bons. Rappelons que Pierre est brun et Jean

blond, et la symbolique des couleurs est ici révélatrice.

Cette notion de bien et de mal, de confusion d’identité et d’ambiguïté quant à la distribution des rôles, est omniprésente dans

l’œuvre de Maupassant. Ce perpétuel duel qui a torturé l’esprit de Maupassant transparaît aussi dans Pierre et Jean.

Etude d’œuvre :

Pierre et Jean de Maupassant (1888)Nº : 91015 FRANÇAIS Toutes séries

Fiche Cours

LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE

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La dualité dans Pierre et Jean

Avant de s’attarder sur thème du double dans Pierre et Jean, il convient de s’intéresser un instant sur une notion qui prend place dans

tout le roman : le chiffre deux ou toutes les occurrences qui concourent à l’évoquer sont assez représentatives de l’omniprésence

d’une certaine dualité dans le roman.

Les marques du double

La présence du chiffre deux apparaît dès le titre de l’œuvre mettant en avant deux éléments reliés par la conjonction « et ». Le

roman est bâti ainsi pareil à un diptyque dont chaque détail est significatif, a presque toujours son équivalent et n’est que très

rarement présenté dans son individualité.

Tout d’abord les personnages principaux du récit sont présentés en couple ; Pierre et Jean ; M. et Mme Roland. Après la nouvelle

de l’héritage Pierre et Jean seront séparés au profit de Mme Rosémilly qui prendra place auprès de Jean. Pierre et Jean, les « deux

frères », « les deux fils », sont présentés en couple sans être nommés et apparaissent dans un premier temps à travers l’expression

« deux fils » pour épouser dans un second temps une identité qui permettra de les distinguer précisément, et ce à la différence des

autres personnages nommés par leur nom dès leur apparition.

A ce premier couple masculin correspond un couple de femmes représenté par Mme Roland et Mme Rosémilly, toutes deux très

souvent désignée ensemble, par le chiffre deux ou par la liaison de leurs deux noms.

Cette notion de double ne va pas seulement servir la présentation des personnages, elle est l’occasion de planter le décor et

d’aider à la progression du récit.

Le roman s’ouvre un mardi, deuxième jour de la semaine pour se refermer deux mois plus tard. Mme Rosémilly est veuve depuis

deux ans et habite un appartement situé au deuxième étage d’un immeuble. La demeure des Roland est sur deux étages et

l’appartement que convoitent les deux frères et que possèdera Jean donne sur deux rues et a deux salons.

Une omniprésence, une répétition, au service de la structure du roman.

Cette notion de double atteint son paroxysme lors de la description du salon de Mme Rosémilly. Cette scène est un exemple de

mise en abyme qui mérite un intérêt particulier.

Rappelons que la mise en abyme est une scène qui raconte de manière différente la même histoire que le récit.

Le salon de Mme Rosémilly fait l’objet d’une description précise à l’occasion de la venue de Mme Roland afin de demander la main

de Mme Rosémilly pour Jean. Cependant, le regard de l’auteur s’arrête avec insistance sur les quatre gravures disposées deux par

deux.

Les quatre gravures correspondent à deux scènes où deux femmes vivent deux situations analogues.

La première scène représente tout d’abord une femme qui regarde s’éloigner la barque avec « son homme » à son bord, pour

ensuite montrer cette même femme désespérée de voir la barque sombrer. La deuxième scène se déroule sur l’eau où une autre

femme est accoudée « sur le bordage d’un grand paquebot », on la retrouve ensuite évanouie après la lecture d’une lettre.

Ces deux femmes, dont les destins basculent dans un décor marin, renvoient directement aux acteurs du récit. Maupassant

observe deux scènes réalistes et rend compte de deux situations similaires pour ensuite diriger son regard vers Mme Roland et

Mme Rosémilly, tandis qu’elles s’assoient, mobiles à la différence des deux autres et transpose ainsi l’histoire des quatre gravures

sur celle de ses personnages.

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