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Silence Méthode Iniatique

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e des poètes. Parfois à la veillée, quelque ancien disait les longues batailles qui les avaient opposés aux mots, et tous écoutaient regrettant peut-être cette époque glorieuse. Mais, comme les hommes, les poètes ont parfois le cœur qui vacille. Et une nuit...

C'était un jeune poète. Il avait la garde d'un troupeau de mots. Un petit troupeau sans problème. Il était jeune sans souvenir ni blessure, il se prit à rêver.

Or, chacun sait que les poètes ne rêvent jamais. Ils connaissent trop le poids du monde.

Que dire de celui là. Il n'était là que pour que tout arrive.

Les mots restèrent longtemps sans surveillance, et bientôt les plus hardis d'entre eux s'échappèrent. Ils eurent vite fait de délivrer d'autres mots, et de peur d'être à nouveau repris, ils quittèrent la planète. Longtemps ils ont couru les étoiles à la recherche d'un lieu où poser leur vacarme. Ce fut la terre. La plus terrible de nos guerres n'est rien en comparaison du fracas qu'ils y firent.

Partout où il y avait des hommes, les mots allaient de bouche à oreille, et, de malentendus en mots trop durs pour eux, les hommes tombèrent en leur pouvoir. Au début, ils ne virent là aucun danger. C'était simplement un nouveau langage. Mais, un jour, un homme prononça un mot si terrible qu'il appela tout de suite la réponse d'un mot plus terrible encore. Et tout commença. On oublia très vite l'autre langages et la terre ne fut plus qu'un horrible silence. Un silence peuplé de la fureur et du bruit des mots. Heureusement, sur leur planète, les poètes ne restaient pas inactifs. Après longtemps d'une recherche difficile, ils découvrirent la terre, et le spectacle qu'elle offrait était si désolant, qu'il fut immédiatement décidé d'entreprendre une nouvelle guerre des mots.

Une armée de poètes débarqua donc sur la terre. Mais les mots avaient changé. Aucune des armes anciennes ne furent efficaces. Il n'était pas question de composer avec eux. Alors, les poètes qui ont l'imagination fort belle, inventèrent l'écriture. Au début, les mots trouvèrent cela charmant, et tous voulurent avoir leur portrait dans les livres. Aussitôt, les poètes sortirent de leurs inventions l'orthographe, la grammaire, la concordance des temps, le pluriel, le singulier, l'imparfait du subjonctif, et même l'accord du participe. Bientôt, les règles furent si nombreuses que les mots n'y purent plus rien comprendre. Les poètes trouvèrent alors le masculin et le féminin, la musique, et ainsi des milliers de prisons transparentes et solides pour enfermer les mots.

Sur terre, le vacarme fut moins grand, et avec cette patience qu'ils ont, les poètes apprirent aux hommes à mieux se servir des mots. Ils leur dirent des histoires où les mots étaient si bien apprivoisés que c'était plaisir de les entendre. Puis ils firent venir d'autres mots qu'ils tenaient en réserve. Des mots doux comme des caresses, et légers comme des soupirs d'enfant.

Un jour enfin, après de longs siècles, un homme écrivit une histoire, un autre, une chanson.

Un autre parla si bien de son amour qu'on vit une larme aux yeux d'une femme, et autre même semblât retrouver ce langage d'avant les mots. Les poètes comprirent que leur travail était fini. Ils donnèrent aux hommes l'ultime rempart contre les mots. Ils leur rappelèrent le silence, et ils s'en retournèrent chez eux en laissant sur terre quelques poètes sentinelles. Puis le temps fit ce qu'il sait toujours si bien faire. Il passa, lentement comme à son habitude. Depuis, des poètes vivent sur terre. Et s'ils vous semblent parfois avoir la tête dans les étoiles. Ne riez pas. Il arrive qu'ils pensent à leur planète perdue, et cela nous donne des mots écrits comme en silence.

Cette petite histoire n'est pas là pour rien, vous vous en doutez, mais nous y reviendrons plus tard.

Si vous le voulez bien, nous allons continuer par un paradoxe. Nous allons parler du silence.

Reconnaissez avec moi, qu'il faut bien de l'inconscience pour venir là devant vous parler de ce qui est justement absence de parole. Peutêtre par ce que ce n'est pas un paradoxe, et que le silence est bien pus que cela.

Apprentis, le Rite Écossais Ancien et Accepté nous a imposé le silence, je dirai plutôt que le rite auquel nous avons tous adhéré, nous a fait un instant don du silence. Mais, comme nous ne savions qu'en faire, nous nous sommes contentés de nous taire, croyant en cela respecter la tradition. Aussi ce silence auquel nous étions confrontés n'était bien souvent qu'apparence.

Mais alors, pourquoi imposer une épreuve dont nul ne mesure la portée.

Parce que le silence est une méthode initiatique.

Si je vous l'affirme ainsi, allez vous me croire ? Certes, je fais figure d'ancien et certains par déférence, et d'autre par indifférence feront mine de me croire.

Et pourtant de tous les chemins de l'initiation, le silence est sans doute avec la mort le plus important. Tous deux, fille et fils de l'apparence : nul ne meurt vraiment, et personne jamais n'est silencieux. Je vais donc nous poser une question à laquelle j'ai bien peur de ne pas pouvoir répondre.

Le silence est-il une méthode initiatique.

Trois petits mots, silence méthode et initiatique qui font une question pour le moins dérangeante.

Commençons par interroger ces mots, car ils sont comme les hommes, ils ont des silences où se révèle parfois leur nature secrète.

Écoutons voulez-vous ces mots en leur silence.

Silence.

Origine obscure, ça commence bien. Lieu retiré, à ne pas dévoiler, ce qui se transmet sans parole.

Méthode

Origine grec, sanscrit, voie, direction, s'approcher de, idée de cheminement, de poursuite.

Initier.

Origine indéfinie, latine pour le début peut-être sanscrit. Enfin origine obscure.

Donner ou recevoir les premiers éléments d'une connaissance, admettre à la connaissance des mystères anciens vous remarquerez au passage que déjà pour nos anciens, il existait des mystères anciens Introduire à la connaissance de choses difficiles. Commencer.

Cette question pourrait donc se lire.

Peut-on, dans un lieu retiré, sans parole, aider à approcher des mystères anciens, lancer un homme sur une route dont nul ne connaît la destination.

Vous conviendrez avec moi que cela nous éclaire grandement.

Il est dans la bible, un mot écrit en silence. Quatre consonnes imprononçables, qui pourtant dit la tradition conduisent au centre de l'univers.

Ce mot à jamais silencieux est pour moi, l'expression du silence. Peut-être par ce que justement il est écrit en silence.

Lorsque nous étions enfants, ma Grand Mère nous disait que la marque que nous portons sur la lèvre supérieure est l'empreinte du doigt de Dieu. En naissant nous disait-elle, nous savons tout du monde, mais juste après le doigt de Dieu se pose sur nos lèvres pour nous imposer le silence. Et c'est pourquoi les nouveau-nés pleurent.

J'aime cette histoire, elle nous ressemble. Nous naissons avec la connaissance, nous la perdons, et nous passons morts et renaissances successives pour tenter de retrouver ce que nous avons perdu.

Nous avons été amputés du silence, et si nous en prenons conscience, notre vie se passe à la recherche de cet univers pour lequel nous sommes sourds et muets.

Mais, quel est donc ce silence qui, s'il faut croire nos traditions est la condition sine qua non de la transmission de la connaissance initiatique, tant et si bien que, l'imposant à nos apprentis nous pourrions graver aux frontons de nos temples. FAIS SILENCE ET TU ENTENDRAS L'UNIVERS ET LES DIEUX.

Est à dire qu'immobile, silencieux et muets comme des puces cybernétiques, nous échangerions en des courants bizarres des informations dans un silence de commencement ou de fin du monde.

Nous en serions bien incapables, et pourtant, aucun d'entre nous j'en suis sûr, ne trouve impossible ni grotesque de transmettre en silence.

Il nous faut donc commencer le voyage vers le silence.

Peut-être faut-il quand même commencer par se taire.

Première étape du retour au silence, nous voilà donc muets.

Sommes-nous pour autant silencieux ? Bien au contraire. Délivrés du poids de la parole donc de la réciprocité, voilà qu'un homme, un inconnu s'agite dans notre tête.

Ce bon Victor avait raison ; il y a tempête sous un crâne. Je n'entends plus que moi.

Est-ce donc cela le silence. Une immense concentration. Et somme toute qu'aije à me dire de si important qu'il me faille le faire en silence. Est ce là le silence, un immense égocentrisme.

Si

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