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Crises De Change Dans Les Pays Emergents:Quel Role Pour l'Integration Regionale?

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LOR, A.2002) ont également été explorées. Les différentes réflexions menées sont principalement allées dans les sens de la recherche d’une plus grande stabilité financières des économies.

Or, simultanément au mouvement de mondialisation et aux crises financières qui en ont découlé, il apparaît que les années 1990 ont également été marquées par un regain d’intérêt pour la régionalisation et, a fortiori, pour des formes nouvelles de régionalisation. Si la régionalisation correspond généralement à un approfondissement spontané des interdépendances économiques entre pays voisins par le biais des mécanismes de marché, comme le montre la multiplication des accords commerciaux régionaux, elle est de plus en plus le fait d’initiatives institutionnelles. Les unions économiques régionales revêtent donc des formes bien distinctes qui se différencient par l’ampleur de leur élargissement et la nature de leur approfondissement mais également par le degré, l’intensité et le rythme de leur institutionnalisation. A l’inverse de la mondialisation qui tend à éroder les frontières, la régionalisation se traduit au contraire comme la volonté d’en imposer de nouvelles. Le développement parallèle de nouvelles formes de régionalisation amène alors à se demander dans quelle mesure l’appartenance à un bloc régional garanti la stabilité des pays émergents dans un contexte de vulnérabilités financières.

A l’inverse de l’idée généralement répandue selon laquelle plus les pays sont intégrés, plus il y a effet de contagion, l’idée contre intuitive qui va être défendue est qu’une zone d’intégration permet d’asseoir la stabilité économique, financière et politique de ses états membres. Cela ne signifie pas qu’être intégré permet d’éviter une crise mais que s’il y a crise, la régionalisation permet d’en limiter l’intensité et la durée. Prouver cette assertion nécessite toutefois de disposer d’indicateurs de crises intégrant les deux dimensions d’intensité et de durée. La construction de deux indicateurs de durée et de gravité des crises, prenant en compte un certain nombre de déterminants, permet alors de mettre en relation ces indicateurs avec la survenance de crises dans un certain nombre de pays émergents faisant partie ou non de zones d’intégration régionale. L’objectif est de pouvoir évaluer l’intensité et la durée des crises en perspective avec les divers processus d’intégration régionale existants. La majeure partie des crises financières faisant fréquemment l’expérience d’une réévaluation de leur taux de change, cette démonstration se fera dans le cadre particulier des crises de change.

Dans ce contexte, il conviendra de construire deux indicateurs de crise pertinents tenant compte des dimensions de durée et de gravité. Puis il faudra étudier, par la modélisation et en tenant compte de ces indicateurs, l’impact de l’intégration régionale sur les crises financières afin de savoir si l’appartenance d’un pays émergent à un bloc régional permet effectivement d’atténuer les risques de crises financières et sous quelles conditions. Cela sera notamment testé dans le cadre d’un modèle Probit.

I- Appréciation des crises et intégration régionale

Dans le droit fil de Eichengreen, Rose et Wyplosz (1995) qui voient notamment dans la constitution d’une union monétaire la possibilité d’abolir l’instabilité du taux de change, l’idée est d’analyser dans quelles mesures un processus d’intégration régionale peut avoir des effets bénéfiques pour une économie subissant ou ayant subi une crise de change.

L’analyse considère donc une période correspondant à la fois au renouveau des crises cambiaires et du concept de régionalisation qui s’étale de 1990 à 2005 et s’intéresse à 20 pays émergents (soit 21 épisodes de crise) dont les degrés d’intégration sont variés mais qui ont tous été directement ou indirectement, par effet de contagion, concernés par une crise de change. Parmi les pays retenus, il y a donc le Mexique qui a été le premier pays émergent à entrer en crise durant la décennie 1990. L’Argentine a également été pris en compte car le pays a subi les conséquences des effets de contagion et a connu deux graves crises dans un intervalle de temps relativement court. Les pays d’Asie directement à l’origine de la crise qui a fortement ébranlé les marchés financiers mondiaux en 1997-1998 ont également été retenu : Corée du Sud, Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande ainsi que le pays de la zone Asie qui a le plus souffert des effets de contagion : Singapour. Les pays plus lointains mais ayant connu de graves crises de change dans le sillage de la crise asiatique font également partie de l’étude, il s’agit de la Russie et du Brésil. Enfin, Les pays d’Europe Centrale et Orientale ont été retenu car ils ont souffert de chocs cambiaires négatifs importants tout au long de leur période de transition et parce qu’ils sont devenus membres de la forme la plus intégrée de régionalisme. En ce qui concerne la période de temps retenue, 1990-2005, elle coïncide avec l’avènement des nouvelles formes, institutionnelles, d’intégration régionale et permet donc d’avoir une meilleure représentation du processus global de régionalisation. Ainsi, la grande majorité des pays en crise retenus, se trouvent être également membres d’une zone d’intégration .

A- Déceler les crises

Selon Kaminsky, Lizondo, Reinhart (1998), une crise de change est une situation dans laquelle une attaque spéculative aboutit à une nette dépréciation de cette monnaie, des pertes importantes en réserves de change ou une combinaison des deux, que les attaques spéculatives réussissent ou non et quel que soit le régime de change. Sur la base de cette définition et des travaux de Kaminsky et Reinhart (1996), Sachs, Tornell et Velasco (1996) ou encore Corsetti, Pesenti et Roubini(1998), il s’avère intéressant de pouvoir identifier ex post pour chacun des pays de l’étude l’instant de crise grâce à un indice combinant variations de taux de change et variations de réserves de change. L’indice de crise retenu, noté IND, est celui d’Ahluwalia (2000), il s’agit pour chacun des 21 épisodes de crises recensés d’une moyenne du taux de variation des indices de changes effectifs réels (TCER) et du taux de variation des réserves de change (RES), ces taux sont des variations mensuelles nommées respectivement ∆TCER et ∆RES.

IND =

Cet indice correspond à une moyenne pondérée par les variances du taux de change effectif réel et des réserves de change de manière à lisser les différences de volatilité entre ces séries, quant au signe négatif attribué à la variation mensuelle moyenne des réserves de change, il permet d’obtenir un indice d’autant plus fort que la crise est proche.

Dans les 21 épisodes de crises de l’étude, IND montre une forte variabilité le mois correspondant à l’éclatement de la crise. L’identification des pics de crises pour chacun des épisodes recensés permettra dans un deuxième temps d’évaluer la durée de la crise dans une économie considérée en fonction de son degré d’intégration. Avant toute chose il convient donc désormais de passer du niveau microéconomique de détermination de crise à un niveau macroéconomique afin de pouvoir mettre en parallèle l’intensité et la gravité des crises de change selon le degré de régionalisation de chacun des pays étudiés sur une période de quinze années.

B- Relier crise et intégration régionale

Déterminer des épisodes de crises en termes de durée et d’intensité nécessite de repérer, une fois que la crise s’est déclenchée, combien de temps il faut pour retrouver une situation normale et quelle est l’amplitude de la crise.

Dans ce contexte, il convient préalablement de pouvoir dater avec précision le déclenchement de la crise. Pour ce faire, il convient d’établir un seuil au dessus duquel la valeur de IND lors d’une période est considérée comme un pic de crise. Ce seuil est établit à partir de l’écart type de IND (ETIND). Ainsi, une crise sera détectée dès lors que : IND≥ 1.25*ETIND.

Ce seuil de 1.25 a été déterminé grâce à l’étude conjointe de l’observation graphique des évolutions de IND, des taux de changes effectifs réels ainsi que des réserves officielles de change et de deux solutions alternatives avec des seuils respectivement de 1 et de 1.5.

Il s’avère qu’un seuil de 1 intègre comme chocs négatifs des épisodes en réalité relativement anodins, alors qu’un seuil de 1.5 ignore certains pics de crise pourtant recensés dans la littérature économique, tel que la crise Argentine de 1995.

Une fois la crise détectée par IND= 1.25*ETIND, la détermination de la durée et de la gravité d’une crise de change se fait en deux temps.

Tout d’abord, il faut déterminer le nombre de mois nécessaires à la résorption d’une crise, pour que IND retrouve une valeur inférieure ou égale à ETIND. En se basant sur les travaux de Kaminsky et Reinhart (1996) qui construisent un indicateur composite qui fait la moyenne des pertes de changes et de la dépréciation du taux de change réel en utilisant les variations des réserves sur les 6 mois précédant la crise et la variation du taux de change réel dans les 6 mois suivants

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