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Commentaire Sur Le Poème A Tous Les Enfants

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dédicace deux fois répétée « À tous les enfants », et typographiquement mise en valeur, un de ces monuments aux morts qui dans les villages comprend la liste des disparus dans les guerres.

Le mot « monument » dédié aux enfants renvoie immédiatement à l’idée de guerre et de mort : par conséquent, les enfants sont présentés comme les victimes innocentes des adultes. Dans la première partie du texte, du v. 1 au v.20, le poète répète plusieurs le mot « monument » : ce substantif, en effet, se trouve à la rime des vers 3 et 8, et crée une anaphore aux v.12 et 13. Cette forme d’insistance renvoie à la mort inéluctable des enfants, sans d’ailleurs que le mot fatal soit écrit. Par ailleurs, le seul hommage que le poète puisse rendre aux enfants n’est pas de construire un « vrai » monument en « pierre », « béton » ou « bronze », mais un édifice en forme de mots, un poème. Il préfère en effet, à la dureté du monument, la beauté des mots, seuls capables de leur rendre hommage.

Ainsi, il qualifie son « monument » par des compléments de nom qui forment métaphores, et mettent en œuvre le registre tragique puisqu’il s’agit de leur « souffrance », de « leur terreur ». Dans la même perspective, le verbe « pleurent » au v.6, et le om « chagrin » u v.7 expriment la conscience malheureuse des enfants. Plus loin dans le poème, l’auteur crée une opposition entre le paradis de l’enfance évoqué par les « rires » et les « oiseaux bleus », et l’horreur de la guerre, grâce à deux métaphores violentes « griffé d’un coup de feu » et « hache de sang », qui confirment le caractère tragique des faits.

Tous ces éléments concourent à provoquer un sentiment de deuil chez le lecteur, d’autant plus que dans la seconde partie du poème (v.21 à 34), l’écrivain dénonce avec une grande colère les responsables de ces morts, grâce à la mise en présence d’une antithèse que nous tenterons d’analyser.

En effet, le vers 21 s’ouvre sur la conjonction de coordination à valeur adversative « Mais » qui permet d’opposer aux enfants disparus, les adultes, ceux qui sont resté tranquillement chez eux sans faire un geste, ou pire, ont préparé ou cautionné la guerre. Ainsi, Boris Vian, grâce à la mise en place ‘un champ lexical de la péjoration, caricature les « planqués » de la guerre. Au vers 22, l’expression « les pieds au chaud », au vers 25 les dénominations « les gras », « les cocus », au vers 26 la proposition relative « Qui ventripotent » (il s’agit d’ailleurs d’un néologisme), aux vers 23 et 27 les mots « rendement » et « écus », enfin aux vers 34 les mots « faux plis » et « bajoues », dénoncent de manière à la fois sarcastique et violente, les responsables du massacre qui continuent à jouir des biens de ce monde.

L’opposition joue aussi sur le fait que l’artiste décide de dresser également à ces nantis, un monument de mots : mais cette fois, il s’agit de vengeance et de punition. Le système anaphorique (v.30 à 33) commence les vers par la préposition « Avec » qui enclenche la violence du poète. « La schlague », « le fouet » sont des objets fats pour réprimer : ainsi les métaphores sont-elles terribles Mais l’engagement de l’auteur est plus grand encore quand, utilisant le pronom personnel « je », il veut construire un monument « Avec [ses] pieds avec [ses] poings » c'est-à-dire exprime la volonté de venger lui-même les disparus Cependant, aussi violente est la deuxième partie, on remarquera que « pieds » et « poings » ne sont que des mots C’est que le poète fait confiance à la force de la parole - le dernier vers en est la preuve qui exprime efficacement le lien entre la douleur, la honte et la vie au front – pour dire sa révolte, punir symboliquement les responsables, et ainsi susciter la sympathie du lecteur.

Pour conclure, au-delà de la forme verticale du poème qui rappelle les monuments aux morts et la liste des disparus, et rée par conséquent une harmonie entre la forme et la signification, l’efficacité du texte de Boris Vian est évidente : il utilise des mots et des structures simples, accessibles à tout lecteur ou auditeur. Telle est souvent l’objectif de ce qu’on appelle la littérature engagée, destinée à être lue par le plus grand nombre. C’est d’ailleurs dans un esprit semblable, avec un vocabulaire simple et une colère radicale que Prévert dans son poème « Barbara » exprime sa colère contre la guerre qui rase tout sur son passage, et fait disparaître, peut-être à jamais, l’éclosion d’une rencontre amoureuse.

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