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Croissance

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dition l'accroissement du revenu est compatible avec l'augmentation des capacités de production. Autrement dit, Domar veut déterminer les conditions qui permettent à l'augmentation de la demande d'être suffisante par rapport à l'augmentation de l'offre que suscite l'investissement.

Du côté de la demande, l'effet de l'investissement est analysé à travers le multiplicateur d'investissement keynesien. On a donc, en notant ΔQd, l'augmentation de la demande :

(1)

Où le multiplicateur d'investissement m vaut :

Avec c qui est la propension à consommer.

Si on note s la propension à épargner, on a, par définition, . Par conséquent, (1) peut s'écrire :

(2)

D'autre part, l'investissement augmente l'offre. En notant cette augmentation de l'offre, ΔQs, on a :

(3)

Où k est le coefficient de capital, qui correspond à l'inverse de la productivité du capital. Domar présuppose, en effet, que la productivité du capital (Y/K) est constante : chaque unité de capital supplémentaire engendre la même croissance supplémentaire.

Pour que la croissance soit équilibrée, il faut que l'augmentation de la demande soit égale à l'augmentation de l'offre, donc que , c'est-à-dire en arrangeant (2) et (3) que :

(4)

On constate en regardant (2) et (3) que l'effet d'offre de l'investissement est proportionnel à cet investissement, alors que l'effet sur la demande est proportionnel à la variation de l'investissement, ce qui laisse supposer que rien ne garantit que la croissance de le demande soit suffisante pour valider la croissance de l'offre. Rien ne garantit donc que la croissance soit équilibrée.

Plus précisément, en postulant, comme le fait Domar, que le coefficient de capital est constant, le taux de croissance de l'investissement est égal au taux de croissance (ΔI / I = g). L'équation (4) signifie donc que pour que la croissance soit équilibrée, il faut qu'elle soit égale au rapport s / k. Or, la propension à épargner, le coefficient de capital et le taux de croissance de la production sont indépendants les uns des autres. Il n'y a donc aucune raison pour que le taux de croissance permettant une croissance équilibrée se réalise.

Autrement dit, en partant d'un niveau d'investissement d'équilibre, correspondant à une situation de plein emploi, si l'investissement croit à un taux inférieur à s / k, alors les capacités de production augmenteront plus que la demande : il en résultera du chômage. C'est cette seconde situation qui paraît la plus probable à Domar, marqué par la crise de 1929. Elle lui semble d'autant plus probable que selon la Théorie générale, la propension à épargner doit croître avec l'accroissement des revenus.

Domar retrouve ainsi, en longue période, les conclusions que Keynes formulait pour la courte période : l'équilibre de sous-emploi est le plus probable dans une économie de marché. L'augmentation de l'investissement ne suffit pas, la plupart du temps, à générer une demande suffisante face aux capacités de production supplémentaires qu'elle induit : le chômage en est la conséquence.

Domar retrouve également Keynes dans les conclusions qu'il en tire : il accorde à l'État un rôle essentiel de régulateur de la demande globale. En effet, l'équation (1) est valable pour toute dépense autonome : l'État peut ainsi stimuler la demande, sans augmenter l'investissement et donc sans accroître les capacités d'offre, restaurant ainsi l'équilibre de plein emploi. De même, l'Etat peut modifier, par sa politique fiscale notamment, la répartition des revenus de manière à accroître les revenus des plus pauvres, qui épargnent également le moins, au détriment des plus riches. Cela pour effet de diminuer la propension à épargner de l'économie, s . Par suite, le ratio s / k baisse : le taux de croissance de l'investissement nécessaire au maintien du plein emploi est donc plus faible.

Ce modèle reste limité au sens où il n'est pas un modèle réellement dynamique. En particulier, il n'incorpore aucune fonction d'investissement. Il ne fait que transposer deux conditions d'équilibre de courte période sur la longue période. Le modèle de Harrod, en incoporant une fonction d'investissement rudimentaire, dépasse en partie cette limitation, même si ses conclusions sont proches.

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Le modèle de Harrod

Le modèle de Harrod s'articule autour de trois notions fondamentales.

a) Le taux de croissance garanti (noté gw). Il correspond au taux de croissance qui permet l'équilibre sur le marché des biens sur la longue période, c'est-à-dire celui où les décisions d'épargne des ménages sont égales aux décisions d'investissement des entreprises ex ante sur le long terme, permettant ainsi aux investissements désirés par les entrepreneurs d'être réalisés.

b) le taux de croissance réalisé, c'est-à-dire le taux de croissance effectif de l'économie.

c) le taux de croissance naturel de la population active, qui est supposé exogène à l'économie.

Deux question essentielles se posent pour Harrod. Premièrement, à quelles conditions le taux de croissance réalisé peut-il être égal au taux de croissance garanti ? Autrement dit, l'économie peut-elle être sur un sentier de croissance stable, permettant un équilibre durable des décisions d'épargne et d'investissement ?

D'autre part, le taux de croissance garanti est-il compatible avec le taux de croissance naturel ? Autrement dit, le taux de croissance d'équilibre de l'économie est-il suffisant pour que l'augmentation de la population active ne débouche pas sur une augmentation du chômage ?

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Le sentier d'équilibre : taux de croissance garanti et taux de croissance réalisé

En partant des formulations de Keynes, Harrod pose que l'épargne (S) est proportionnelle au revenu (Y) :

(1)

Où s est la propension à épargner, comprise entre 0 et 1.

Harrod suppose également que l'investissement (I) est proportionnel aux variations du revenu, selon le principe de l'accélérateur d'investissement :

où k est le coefficient de capital égal à K / Y (rapport entre le capital disponible et la production qu'il permet de mettre en œuvre).

Pour qu'il y ait équilibre sur le marché des biens, on doit avoir I = S.

(3)

Ce qui se simplifie en :

(4)

Ce qui donne en réarrangeant (4) :

(5)

L'équilibre implique donc que le taux de croissance garanti soit égal au rapport s / k. Or, il n'y a pas de raison pour que le taux de croissance réalisé, qui dépend de décisions individuelles, respecte ce ratio, qui dépend des structures de l'économie (de sa propension à épargner et de son coefficient de capital).

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Taux de croissance garanti et croissance de la population active

Harrod note gn le taux de croissance de la population active. Il pose que celui-ci est exogène à l'économie : il ne dépend que de la croissance de la population, qui n'est pas influencée par les phénomènes économiques. Pour que le taux de chômage reste stable, il faut que la population active augmente au même rythme que le taux de croissance garanti : gn = gw. Pour que la croissance soit équilibrée et sans chômage, on doit donc avoir :

(6)

Or, il n'y a aucune raison pour que cette dernière égalité soit réalisée : les trois variables gn, s et k sont toutes indépendantes les unes des autres. Par conséquent, pour Harrod, la croissance est fondamentalement instable et porteuse de chômage.

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