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La Croissance Est-Elle Une Condition Suffisante Pour Résorber Le Chômage ? »

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in emploi. On a estimé dans les années 1960-70 que les politiques macroéconomiques de relance étaient de nature à résorber un chômage dont les racines étaient perçues à l’époque comme étant d’ordre purement conjoncturel.

2. La loi d’Okun a formalisé la relation croissance-chômage. Le keynésien A. Okun montre au début des années 60 que le chômage augmente chaque fois que la croissance effective (ou le PIB effectif) tombe au-dessous de la croissance potentielle (ou du PIB potentiel). Le gap d’Okun correspond à l’écart entre les deux (la croissance potentielle est celle qu’il serait possible d’obtenir si les facteurs étaient pleinement employés). La loi d’Okun montre que, pour les Etats-Unis de l’époque, tout accroissement du gap de trois points entre le PIB effectif et le PIB potentiel entraîne une augmentation du taux de chômage de un point au-dessus de son niveau « naturel ». En gros, une croissance de 3 % fait reculer le taux de chômage de 1 point.

B. Historiquement, la corrélation entre la croissance et l’emploi se vérifie globalement, mais son intensité est variable

1. Durant les Trente Glorieuses en France, la croissance moyenne, de l’ordre de 5 %, était associée à un taux de chômage inférieur à 2 %. Un chômage seulement frictionnel et assimilable au plein emploi. La relation croissance-emploi s’est dégradée ensuite. Dans les années 1980-90, une croissance moyenne de 2,5 % s’associe à un taux de chômage moyen d’environ 10 %. La sensibilité de l’emploi à la croissance est restée très forte aux Etats-Unis. Sur les vingt dernières années, il semble qu’une croissance de 2 % suffise à augmenter l’emploi d’un peu plus de 1 % (élasticité supérieure à 0,50), et à maintenir l’économie à un niveau proche du plein emploi.

2. Contredisant les pronostics sur « la fin du travail », la croissance est de nos jours redevenue plus riche en emplois dans tous les pays. La France a créé deux millions d’emplois entre 1996 et 2000, contre 750 000 entre 1986 et 1990, pour un accroissement de la production équivalent. Le seuil de déclenchement de la création d’emploi s’est abaissé. Il est vrai, les politiques d’emploi aidant (RTT, emplois-jeunes, allègement des charges).

II. … mais la croissance ne crée pas toujours des emplois

A. L’élasticité de l’emploi à la croissance dépend du progrès technique et du cycle de productivité

1. La croissance ne crée des emplois que si son rythme de progression est supérieur à celui de la productivité. Les entreprises sont contraintes dans ce cas à embaucher. Du moins si elles ne choisissent pas d’augmenter le temps de travail (heures supplémentaires), ou d’investir dans des équipements automatisés. En France, un taux de croissance de 4 % était nécessaire pour créer des emplois durant les Trente Glorieuses. 2,5 % suffisent à la fin des années 1980, et 1,5 % aujourd’hui. Ces chiffres correspondent aux gains de productivité moyens de chaque période. La croissance est redevenue plus extensive. D’une façon plus générale, le progrès technique à court terme peut détruire des emplois. Certaines innovations, portant la croissance, peuvent créer un « choc de productivité » et un chômage technologique. A. Sauvy a montré que, à long terme, le bilan en emplois du progrès technique était positif. La compensation s’opère à travers un « effet-prix » (les baisses de prix permises par les gains de productivité stimulent la demande et la production) et un « effet-revenu » (le surplus de richesse issu des gains de productivité alimente de même la demande, etc.).

2. La création d’emplois dépend du caractère durable ou non de la croissance. Lorsque celle-ci redémarre, les entreprises n’embauchent pas tout de suite, dans l’attente d’une confirmation de la tendance. La productivité (rapport de la production au coût des facteurs) augmente alors. Les embauches qui interviennent par la suite, en augmentant le coût des facteurs, réduisent la productivité (notion de cycle de productivité).

La vitesse d’ajustement de l’emploi est variable. Une étude de l’OCDE a montré qu’entre 1985 et 1990, le délai moyen d’ajustement de l’emploi à une augmentation de la production était de 13 trimestres en France, et de 1,7 trimestre aux Etats-Unis…

B. La richesse de la croissance en emplois dépend du coût et de la flexibilité du travail, ainsi que de la rentabilité de l’offre

1. Les rigidités sociales appauvrissent le contenu en emploi de la croissance. L’embauche peut être bloquée, même en période de reprise, si le coût du travail est supérieur à sa productivité marginale. Les entreprises substituent alors le capital au travail. L’Europe est souvent opposée à cet égard aux Etats-Unis, comme le résume la formule de P. Krugman : « Europe jobless, America penniless… » (l’Europe avec ses rigidités salariales et son chômage, les Etats-Unis avec leurs salaires chiches et le plein emploi). La « job machine » américaine se nourrit de flexibilité.

2. Les entreprises n’embauchent que si leur activité (leur « offre ») est globalement rentable. Cette rentabilité ne dépend pas seulement des coûts salariaux, mais aussi : des taux d’intérêt (qui déterminent les charges financières) ; des investissements (qui déterminent la capacité productive) et de la compétitivité. Une mauvaise rentabilité n’incite pas les entreprises à développer leurs capacités, ni à embaucher, et un chômage de type « classique » (au sens de Malinvaud) peut coexister avec une reprise de la croissance.

III. … et les créations d’emplois n’entraînent pas toujours un recul du chômage

A. La relation emploi-chômage dépend de l’évolution de la population active

1. Le chômage augmente chaque fois que la population active augmente plus vite que le nombre d’emplois. C’est le cas de la France depuis les années 70, dont les tensions sur le marché du travail résultent pour une part du gonflement de la population active résultant du baby boom. Le nombre d’actifs augmente de cinq millions environ entre 1970 et 2000, deux fois plus que le nombre d’emplois. La diminution de la population active à partir de 2006 permettra en sens inverse de réduire le chômage.

2. Le chômage peut augmenter en période de croissance et de créations d’emplois. Celles-ci peuvent inciter un certain nombre d’inactifs à se mettre en quête d’un emploi. La création d’emplois stimule l’offre de travail (phénomène du « chômeur encouragé »). Le « taux de flexion de l’activité » (nouveaux actifs/nouveaux emplois) est de l’ordre de 30 % en France dans les années 1990, et le « taux de flexion du chômage » (proportion des nouveaux emplois attribués aux chômeurs) de l’ordre de 70 %. On parle aussi de « chômage de croissance ».

B. Un chômage « structurel

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