DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Electre, Une Tragédie

Recherche de Documents : Electre, Une Tragédie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 7

ousin, roi de Mycènes et “roi des rois’. Sept ans après la mort de son père, Oreste, fils d’Agamemnon, écarté d’Argos par sa mère y revient pour retrouver sa soeur Electre, qui le pousse à accomplir son inexorable destin. Aidé par Electre, Oreste venge la mort de son père en tuant Egisthe et Clytemnestre, et reprend le trône d’Argos.

La fortune dramatique du mythe d’Electre repose sur les possibilités qu”offre une telle histoire par la dramatisation de ses éléments constitutifs :

personnages hors du commun,

destin tragique,

interrogations sur la liberté et la responsabilité.

Un tel mythe favorise, par la richesse des thèmes qui s’entrecroisent, une large interprétation.

B. Electre et les dramaturges de l’Antiquité

Dès l’Antiquité grecque de nombreux poètes et dramaturges se sont intéressés au personnage d’Electre.

En 458 avant J.-C., Eschyle compose et fait jouer sa trilogie de l’Orestie ( trois pièces traitant le même thème). La première tragédie évoque le meurtre du roi (Agamemnon), la seconde la vengeance (Les Choéphores) et la troisième le châtiment du fils (Les Euménides).Le sens du sacré parcourt l’ensemble de l’oeuvre. C”est un ordre d’Apollon qui conduit le bras meurtrier d’Oreste.

Vers 415 avant J.-C., Sophocle reprend le sujet dans Electre, mais il le conçoit très différemment. C”est lui qui fait de la jeune fille l’âme de la vengeance. Etre de passion et de démesure, elle clame sa haine en accompagnant les cris de l’agonie maternelle de sa propre joie.

A la même époque, Euripide propose une autre version d’Electre, donnant à la pièce des allures de "tragédie bourgeoise". Si l’héroïne se déchaîne toujours contre sa mère, c”est pour des raisons humaines et mesquines. Venge-t-elle un père ou assouvit-elle une haine de femme ? Incohérente, elle succombe brutalement au remords et aux larmes, sitôt le crime commis, comme purgée de sa haine.

C. Electre et la scène moderne

Le mythe d’Electre est ensuite abandonné et il faut attendre les XVIIème et XVIII° siècles pour voir les dramaturges reprendre le mythe.

Crébillon fait représenter en 1708 une Electre qui ne manque ni de puissance, ni de violence.

Voltaire, qui donne un Oreste en 1750, ainsi qu”Alfieri avec ses deux pièces Agamemnon et Oreste (1783), créent un contexte et des personnages moins violents, plus loin de l’univers d’Eschyle.

Proposant une approche plus nouvelle de la tragédie d’Eschyle, Eugen O”Neil compose Le deuil sied à Electre en 1931.

Enfin Sartre, en 1943, propose sa propre démarche avec la représentation de sa première pièce, Les Mouches ,où Oreste et Electre, dans un "théâtre de situations" y deviennent les conquérants pleinement responsables de leur liberté.

III. l’interprétation de Giraudoux

Dans l’interprétation d’Electre, en 1937, mise en scène par Louis Jouvet au théâtre, Giraudoux respecte la tradition antique, l’époussette et la modernise. Le drame giralducien se déroule suivant la règle des trois unités conformément à la tradition grecque :

Unité de lieu : Giraudoux choisit de faire faire à Oreste une visite guidée mythologique du palais. (Lire :”La fenêtre au jasmin”.)

Unité de temps et d’action : l’acte I se déroule depuis la fin de l’après-midi jusqu”au milieu de la nuit, l’entracte occupe une partie de la nuit, et l’acte II commence peu avant le jour pour finir à l’aurore. Giraudoux concentre volontairement sa pièce sur une durée très brève : l’action dure au total une douzaine d’heures. Mais on voit qu”ici Giraudoux a respecté la règle tout en le renversant de manière parodique : l’action commence en fin de journée pour s’achever le lendemain au lever du soleil !

De même que tout en respectant la règle de l’unité de temps, Giraudoux réserve le temps qui sépare les deux actes au sommeil des héros, c”est-à-dire à l’inaction !

Les éléments tragiques d’Electre se retrouvent aussi bien chez les dramaturges de l’Antiquité que chez les auteurs modernes :

la fatalité, le “fatum”, cette force supérieure qui détermine tout par avance est bien présente. Ainsi, Electre doit "se déclarer", mais également Egisthe, Agathe et Clytemnestre. Chaque personnage agit en fonction d’un rôle déterminé par avance. Chaque événement est inéluctable, des révélations au meurtre final.

Le divin est représenté de trois façons différentes :

par les Euménides, déesses de la vengeance,

par le mendiant, dont l’identité est ambiguë : homme ou dieu ?

par l’oiseau qui plane au-dessus de la tête d’Egisthe.

l’état de crise sur lequel s’ouvre la pièce -réactions au mariage d’Electre- détermine les conflits entre familles et au sein des familles. Aux conflits familiaux s’ajoute la crise politique : menace d’invasion d’Argos par les Corinthiens.

De plus, pas de tragédie sans transgression : en évoquant l’abominable festin d’Atrée dans son exposition, en suggérant l’inceste latent, l’amour interdit d’Electre pour Oreste, en créant une Electre implacable de démesure et d’orgueil, Giraudoux respecte les fondements du tragique et demeure fidèle à ses modèles grecs.

Toutefois Giraudoux se démarque de ses prédécesseurs.

Dans son Electre en deux actes et en prose, Giraudoux supprime les choeurs. Le rôle de celui-ci est assuré par le Mendiant et les Euménides : Les Euménides, divinités de la vengeance, petites filles au début de la pièce, sont de la taille d’Electre à la fin. Elles représentent le destin en marche.

Le Mendiant, témoin, détective, accoucheur de vérité, joue le rôle de porte-parole du destin qu”il met en lumière. Il commente les paroles et les actions des personnages. Il est l’interlocuteur des protagonistes Egisthe et Electre qu”il guide et éclaire dans la voie qui les mène à la réalisation de leurs destins réciproques.

Dans l’entracte, le Lamento du Jardinier rompt l’illusion scénique pour rappeler aux spectateurs ce que la pièce ne montre pas, la devise de la vie qui, pour lui, est “Joie et Amour”.

Giraudoux conserve les personnages et la trame du mythe antique mais les vide de leur signification première en substituant à l’émotion sacrée la fantaisie railleuse, l’incongruité des anachronismes et le jeu parodique qui réduit la majesté divine à la trivialité humaine.

Les dieux, cruellement absents ne sont évoqués que par leur indifférence.

Enfin, Giraudoux diffère du ton tragique par le style de son écriture, qui se manifeste par :

La préciosité

Le style dramatique de son écriture est qualifié de précieux par sa recherche du mot précis, par l’importance de la métaphore et de l’antithèse comme moyens stylistique pour suggérer une image digne et poétique de la vie en opposition aussi avec un aspect plus prosaïque de l’humanité.

Exemples :

- Giraudoux aime

...

Télécharger au format  txt (11.4 Kb)   pdf (105.5 Kb)   docx (10.5 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com